Des écoles fermées. L'armée appelée en renfort. Des émanations toxiques. Des épisodes sporadiques de violence. Non, il ne s'agit pas d'une scène se déroulant dans un bidonville, mais plutôt à Naples. La ville italienne d'environ un million de personnes est aux prises avec des milliers de tonnes de déchets qui s'accumulent dans les rues depuis l'été dernier. La situation a atteint un seuil critique en décembre, lorsque l'un des rares sites d'enfouissement fonctionnels de la région a été fermé, pour cause de saturation. La Commission européenne en a assez, et vient de lancer un ultimatum au gouvernement italien, qui a un mois pour mettre en place des mesures qui permettront de régler la situation, à court et à long termes. Bruxelles avait déjà signalé en juin dernier son inquiétude face à la crise des déchets à Naples, mais la situation s'est depuis empirée. Dans un communiqué de presse, la Commission européenne souligne que des écoles ont été fermées pour des raisons de sécurité publique, et que des citoyens excédés mettent feu aux déchets qui s'accumulent dans les rues, ce qui se traduit par des émanations toxiques. La situation est telle que le gouvernement italien a réquisitionné l'armée afin d'aider à dégager la Campanie des centaines de milliers de tonnes de déchets qui polluent cette région du sud de l'Italie. Une crise prévisible Le Commissaire à l'environnement de l'Union européenne, Stavros Dimas, souligne que l'Italie aurait du prévenir cette crise, qui était en gestation depuis près de quinze ans. Chaque jour depuis sept ans, la région de Campanie envoie 2000 tonnes de déchets chaque jour en Allemagne, afin qu'ils soient incinérés. De plus, l'Italie s'est vue condamnée à plusieurs reprises par la Cour de justice européenne pour non-respect des lois européennes encadrant la gestion des déchets résiduels. Or les autorités italiennes se disent impuissantes devant l'influence de la Camorra, l'organisation criminelle qui contrôle l'industrie de la collecte des déchets dans la région de Campanie. Selon la presse italienne, la Camorra repousse la construction de sites d'enfouissement sanitaires depuis des années pour des raisons financières. Plusieurs sites ont été fermés par la justice pour des raisons sanitaires, tandis que les autres qui fonctionnent encore sont saturés. Fait aggravant, le taux de récupération dans la région est de seulement 10 %, et il n'existe pas d'incinérateur dans la région. Le Monde rapporte qu'on envisage la réouverture de sites condamnées, mais que les populations à proximité s'y opposent, affrontements qui deviennent parfois violents. Devant l'urgence de la situation, le gouvernement a décidé de passer outre cette opposition et vient de donner le feu vert à la remise en fonction de quatre sites d'enfouissement. La construction de trois nouveaux incinérateurs a également été annoncée au début du mois de janvier, tout comme l'élaboration d'un système de récupération par les communes d'ici deux mois. Ces efforts ne satisfont toutefois pas Bruxelles, qui réclame un plan exhaustif afin que la région règle cette question de manière définitive. Pour aller plus loin : http://www.euractiv.com/en/environment/eu-threatens-italy-fines-waste-crisis/article-169658 Euractiv http://www.latribune.fr/info/L-UE-ordonne-a-l-Italie-de-nettoyer-Naples-rapidement--sous-peine-de-faire-face-a-une-action-en-justice-474-~-AP-UE-ITALIE-NAPLES-DETRITUS-$Db=News/News.nsf-$Channel=Monde Associated Press