Le gouvernement américain abandonne le charbon "propre"

Publié le 01/02/2008 à 12:10

Le gouvernement américain abandonne le charbon "propre"

Publié le 01/02/2008 à 12:10

Par lesaffaires.com
Le plus grand projet de centrale électrique au charbon "propre" au monde vient de perdre son plus important bailleur de fonds, le gouvernement fédéral américain. Le Département de l'Énergie justifie sa décision en indiquant que les coûts du projet FutureGen ont doublé en cinq ans. La douzaine d'entreprises partenaires du projet, qui inclus Rio Tinto Alca, se retrouvent ainsi le bec à l'eau. Celles-ci affirment toutefois vouloir aller de l'avant malgré le retrait subit du Département de l'Énergie. Le fédéral devait investir 1,1 milliard de dollars, ou 60 % de la facture totale, qui pourrait encore augmenter. Le Secrétaire à l'énergie, Samuel Bodman, a annoncé hier que le gouvernement préférait plutôt investir dans quatre projets de capture et de séquestration du carbone (CSC), qui restent à déterminer. Propre, vraiment ? Le concept même de charbon "propre" demeure controversé aux Etats-Unis, où la moitié de l'électricité est produite avec cette énergie fossile. En effet, plusieurs groupes écologistes dénonçaient le mégaprojet"FutureGen" comme un mirage qui servait à détourner l'attention de la pollution actuelle en promettant des"innovations technologiques révolutionnaires", pour utiliser les mots du Département de l'énergie lors de l'annonce initiale du projet en 2003. Pourquoi chercher à réduire progressivement les émissions de gaz à effet de serre (GES) à grands frais maintenant alors qu'on pourra bientôt régler la question de manière définitive ?, résonnait le gouvernement fédéral et l'industrie. Or le projet de charbon"propre" était particulièrement ambitieux. Il s'appuie sur une technologie appelée Integrated Gasification Combined Cycle (IGCC), qui"purifie" le charbon de ses impuretés en le transformant en gaz synthétique. Cette gazéification réduit de manière importante les émissions de dioxyde de souffre. Le gaz synthétique permet également d'extraire le maximum d'énergie du charbon et facilite la capture et la séquestration du dioxyde de carbone (CO2). Ce gaz synthétique (syngas en anglais) est ensuite brûlé afin de faire tourner une turbine, produisant de l'électricité, et la chaleur produite par cette combustion est ensuite récupérée pour faire tourner une seconde turbine, qui elle aussi produit de l'électricité. Certaines installations d'IGCC existent actuellement, mais la technologie est peu répandue à cause de ses coûts importants. Ceux-ci seraient de 20 % plus importants qu'une centrale au charbon conventionnelle selon l'Energy Information Administration. Le projet FutureGen incluait de plus un volet qui visait à produire de l'hydrogène et un autre qui visait à capturer et enfouir les émissions de GES sous terre. Un autre mirage ? L'abandon de FutureGen par le Département de l'Énergie rappelle son retrait d'un programme similaire en 2001, qui visait lui à construire la"supervoiture" de demain. Après avoir investi 1,5 milliard de dollars dans le projet"Partnership for a New Generation of Vehicles", l'administration Bush a laissé tomber ce partenariat qui rassemblait les constructeurs automobiles américains. Le Département de l'Énergie a depuis recentré le tir sur le développement de la voiture à hydrogène. Alors que l'une des entreprises pionnières dans ce secteur, Ballard, annonce cette semaine qu'elle abandonne cette filière, plusieurs questionnent le bien-fondé de cette stratégie… Ceci dit, le fait de favoriser la capture et la séquestration du carbone pourrait s'avérer la meilleure décision. C'est en tout cas la conclusion d'une étude récente du Massachussetts Institute of Technology (MIT),"The Future of Coal", qui recommandait explicitement au gouvernement américain de convertir le projet FutureGen en projet de CSC. Pour aller plus loin : http://www.energy.gov/news/5912.htm Communiqué du Département de l'Énergie http://www.greenbiz.com/news/news_third.cfm?NewsID=36616 GreenBiz

À la une

Le Québec pâtira-t-il de la guerre commerciale verte avec la Chine?

17/05/2024 | François Normand

ANALYSE. Les producteurs d’acier craignent que la Chine inonde le marché canadien, étant bloquée aux États-Unis.

Bourse: Wall Street finit en ordre dispersé, le Dow Jones clôture au-dessus des 40 000 points

Mis à jour le 17/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé.

À surveiller: AtkinsRéalis, Boralex et Lightspeed

17/05/2024 | Charles Poulin

Que faire avec les titres AtkinsRéalis, Boralex et Lightspeed? Voici des recommandations d’analystes.