Marc-André Mailhot, pharmacien, diplômé en gestion et président fondateur de Maillon Vert. Source: Jérome Lavallée
Le document «Pharmacie écoresponsable, guide des meilleures pratiques en développement durable» ne réinvente pas la roue. Pourtant, le document lancé lors du congrès de l'Association des pharmaciens propriétaires du Québec, fin novembre, suscite un vif intérêt. À la clé, des pharmacies plus vertes, plus engagées et, surtout, beaucoup plus rentables.
Une pharmacie qui adopterait les mesures évoquées dans ce guide, qui a été produit en collaboration avec la Société de développement environnemental de Rosemont (SODER), pourrait économiser de 30 000 $ à 130 000 $ par année. Des «estimations modérées», selon Marc-André Mailhot, pharmacien, diplômé en gestion et président fondateur de Maillon Vert.
Attention, le développement durable ne se résume pas au recyclage. D'ailleurs, c'est le premier avertissement qu'il a lancé lors de sa conférence intitulée «L'ABC de la pharmacie verte», lors du Congrès. «Ne vous inquiétez pas, je ne vous parlerai pas de tofu et de trucs granos du genre», a déclaré M. Mailhot à la foule qui a éclaté de rire.
«Le DD [développement durable], c'est un mélange de performance économique, sociale et environnementale. Si la rentabilité n'est pas au rendez-vous, ça ne fonctionne pas.» Maillon Vert, la PME de services-conseils qu'il a fondée, propose d'intégrer l'écologie à ce qu'il qualifie des «trois pôles de profit des pharmacies». Soit les ressources humaines, les dépenses et les ventes.
Dans un contexte de pénurie d'assistants techniques en pharmacie, son discours a de quoi résonner. «Remplacer un employé qui gagne 15 $ l'heure, ça coûte 35 000 $», dit-il.
Selon son document, une démarche en DD augmente la productivité des employés de 16 %, attire les meilleurs candidats et, surtout, permet d'améliorer le taux de fidélisation des employés.
Pour limiter les dépenses, il propose entre autres de livrer les ordonnances à bord d'un véhicule hybride ou tout électrique, ou encore d'inscrire le livreur à une formation à l'écoconduite. «Cette formation permet d'abaisser les coûts de 10 %. Le livreur trouvera peut-être ça un peu bizarre, mais si vous lui proposez de partager les économies de 10 % avec lui, son regard va changer pas mal vite !»
L'entreprise s'appuie sur un sondage effectué auprès de 343 clients en 2012, qui révèle que 25 % des gens sont prêts à changer contre une pharmacie plus verte. Et si la proximité demeure le facteur le plus important dans le choix de ce type de commerce, 12,5 % des gens accepteraient de se rendre plus loin pour soutenir une pharmacie qui adopte des mesures écoresponsables.
Afin de mettre en place tout un train de mesures en DD, Maillon Vert se propose d'accompagner les pharmacies dans leur démarche. «Les PME ont besoin de soutien, croit Marc-André Mailhot. Les pharmaciens propriétaires ont peu de temps à consacrer à la gestion.»
Maillon Vert offre d'effectuer le diagnostic de la pharmacie, c'est-à-dire d'évaluer ce qui pourrait être amélioré, pour un coût d'environ 2 000 $. Ensuite, de mettre sur pied un comité vert, au sein du commerce, afin d'implanter les mesures souhaitées et de faire participer les employés. Enfin, de visiter les lieux selon un calendrier établi.
À part M. Mailhot, qui continue d'ailleurs à effectuer des remplacements en pharmacie quelques jours par mois, l'équipe compte trois employés à temps partiel. Cette année, le chiffre d'affaires projeté est d'environ 50 000 $.
Des revenus bien minces comparés à ce que l'entrepreneur pourrait espérer gagner. En 2011, le salaire annuel moyen d'un pharmacien était de 114 000 $, selon Emploi-Québec. Nul doute, avec le gouffre qui sépare le chiffre d'affaires projeté et le salaire moyen de cette profession, Marc-André Mailhot est convaincu de la pertinence d'intégrer le DD au sein des pharmacies. Il lui reste maintenant à convaincre ses collègues.
