Quand on lui demande comment il s'y est pris pour convaincre les gens de sa communauté de donner 200 millions de dollars à l'Hôpital général juif de Montréal, Morty Brownstein, président du conseil de la chaîne de magasins de chaussures Browns, sourit.

" Avec des blagues, toujours avec des blagues, répond-il. J'ai dans mon répertoire une centaine de blagues. L'idée est de détendre mon interlocuteur, lui ôter de l'esprit l'idée que je vais lui coûter cher ", dit M. Brownstein, qui a été nommé " Philanthrope exceptionnel de l'année ", le 12 novembre, par l'Association des professionnels en philanthropie, section Québec.

" Mais, précise-t-il, avant de rencontrer quelqu'un pour le convaincre de faire un don important, je m'assure d'avoir certaines informations : quels dons a-t-il faits précédemment, de quel ordre étaient-ils, a-t-il déjà été soigné à l'Hôpital juif ? Et je lui fais comprendre qu'il est plus utile de s'engager de son vivant envers des causes qui dureront que d'attendre que les enfants s'achètent de belles autos avec l'héritage. "

Âgé de 81 ans et en pleine forme, M. Brownstein verse, chaque année, 10 % du bénéfice avant impôt de Browns à des organismes de bienfaisance. " Grâce à lui, l'urgence de l'Hôpital juif de Montréal est celle où l'on attend le moins longtemps " souligne Claude Krynski, présidente de l'Association des professionnels en philanthropie.

Moins de dons en 2009

Le secteur de la philanthropie vit une année difficile en raison de la récession.

Au Québec, un sondage Léger Marketing publié en octobre révélait que les dons des particuliers diminueraient de 5 à 10 % en 2009, et ceux des entreprises, de 25 %.

Claude Krynski remet ces données en question : " Les gens prennent plus de temps à se décider, mais ils finissent par donner. N'oublions pas que jusqu'à 40 % des dons sont faits en décembre. "

Lors de la remise des prix, nous avons interrogé deux responsables des dons d'entreprise : chez Telus, le budget de dons a baissé de 5 %, tandis qu'il est resté semblable chez Manuvie.