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Les ministres des Finances des 16 pays de la zone euro, qui organisaient ce dimanche une vidéo-conférence sur les modalités de l'aide à la Grèce, se sont dits prêts à mettre à sa disposition jusqu'à 30 milliards d'euros pour la première année, sous forme de prêts bilatéraux.

Cette aide devra être cofinancée par le Fonds monétaire international (FMI), a précisé le président de l'Eurogroupe, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker. "Tous les Etats-membres participeront", a-t-il ajouté. Selon le commissaire européen aux affaires économiques Olli Rehn, le FMI devrait y apporter une "contribution substantielle", probablement autour de dix milliards.

Selon Olli Rehn, le taux d'intérêt applicable à ces prêts bilatéraux sera "proche de 5%", soit inférieur aux taux commerciaux du marché, mais supérieur aux taux pratiqués par le FMI dans le cadre de ce type de plan de sauvetage.

"Ce n'est certainement pas une subvention", a-t-il ajouté. Manière de rassurer notamment l'Allemagne, qui a résisté des semaines pour empêcher que soit accordé un taux préférentiel à la Grèce, avant de lâcher du lest. Une ligne dure allemande qui est partagée par Jean-Claude Trichet, le patron de la Banque centrale européenne (BCE).

La réunion technique de dimanche visait à finaliser les détails de l'accord de prêt, et notamment le taux pratiqué, afin qu'il puisse être activé à tout moment.

Cet engagement "montre que la zone euro est sérieuse et fait ce qu'il faut pour garantir la stabilité financière", a estimé le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Selon un responsable proche des négociations, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, l'espoir était d'avoir une annonce forte avant l'ouverture des marchés lundi, histoire de tenter de les calmer: la Grèce, qui bataille pour rester à flot, se voyait réclamer des taux supérieurs à 7% par les investisseurs.

L'UE et les responsables du FMI se rencontreront lundi pour travailler aux derniers détails communs du mécanisme.

Ces fonds seront disponibles si Athènes fait officiellement une demande d'assistance financière, ce qui n'est pour l'instant pas le cas. Le ministre grec des Finances Georges Papaconstantinou a rappelé dimanche qu'Athènes n'avait pas demandé l'activation du plan de soutien mis au point fin mars par l'Union européenne et le FMI.

Il a réaffirmé, à l'issue de la téléconférence de l'Eurogroupe, que l'objectif d'Athènes était de "continuer à emprunter normalement sur les marchés". Pour lui, apporter des précisions sur le mécanisme dont le principe avait été décidé le 25 mars est en revanche "la reconnaissance des efforts" faits par le gouvernement grec pour réduire ses déficits.

La Grèce va lancer mardi une nouvelle émission de bons du Trésor d'une valeur de 1,2 milliard d'euros, et envisage un nouvel emprunt en dollars.

La Grèce est confrontée à une dette publique colossale, et les marchés craignent qu'elle ne soit pas en mesure de rembourser et qu'un plan de sauvetage devienne vite nécessaire.

Vendredi, l'agence de notation Fitch, l'une des trois plus importantes, avait décidé d'abaisser la note de la Grèce à BBB-. Cette note représente le seuil "investment grade", qui marque le point en dessous duquel les investissements sont déconseillés.

Le déficit budgétaire de la Grèce a atteint 12,9% du PIB en 2009, et la crise grecque a mis à mal la monnaie commune européenne et entamé la confiance des marchés. Athènes, qui compte ramener son déficit à 8,7% cette année, a lancé un programme d'austérité prévoyant 4,8 milliards d'économies.