Dans le milieu de la philanthropie, ils font des jaloux tellement ils sont efficaces pour amasser des fonds. Dans le milieu des affaires, ils font chanter Christiane Germain, du Groupe Germain, et Pierre Boivin, du Canadien. Ils font aussi danser des Laurent Beaudoin, Louis Vachon et Sophie Brochu en se livrant à leur passion pour la musique.

Depuis trois ans, un groupe de pdg musiciens se réunit autour de Jean R. Fabi, de FlexGroup, et de Gilles Fortin, de Tristan, pour se faire plaisir et en redonner. Le temps d'une soirée au Chalet du Mont-Royal, ils disent adieu aux cravates, enfilent vestons jaunes, costumes à rivets brillants ou chemises à volants multicolores inspirées du calypso pour chanter comme des stars au profit de la Société pour les enfants handicapés du Québec.

«La première année, on a un peu tordu des bras afin de remplir des tables à 10 000 $ pour une soirée où on allait entendre chanter des amateurs. Mais ça n'a pas duré ! En une semaine cette année, on a vendu nos 500 places», raconte M. Fortin.

«L'organisation se fait en claquant des doigts. On a un réseau de partenaires d'affaires (dont la Banque Nationale) qui nous aident beaucoup. Et si on pouvait inciter tout le monde à faire sa part à sa façon, ce serait merveilleux», dit M. Fabi.

C'est lui qui, après une petite chorale de gens d'affaires (notamment Robert Chevrier, de Rona, et Serge Gouin, de Québecor), a offert le premier chant solo, armé de sa guitare et accompagné de 14 musiciens. De sa voix grave, il a entonné Blue Suede Shoes d'Elvis, suivi du guitariste et chanteur Barry F. Lorenzetti, de l'assureur BFL Canada, qui a séduit les danseurs avec ses airs des Beatles. Audacieux, Tom Quinn, de Quinn Sport Management Group, y est allé de ses propres compositions. L'avocat Mario Charpentier, de BCF, s'est amusé au piano une bonne partie de la soirée, et la bête de scène Gilles Fortin a surpris tout le monde avec des chansons de Gilbert Bécaud et de Fernand Gignac. Il était entouré de superbes danseuses, recrutées parmi ses employés. Énergique comme à 20 ans, on l'a même aperçu presque debout sur le piano, chanter de toute son âme avant de jouer du saxophone.

Un exutoire pour rester performants

«On adore donner, mais on veut avoir du fun, pas juste signer un chèque. Les gens ont du plaisir pendant cette soirée, mais jamais comme nous !» s'exclame le président de Tristan, qui, comme d'autres de ses partenaires de scène, aurait choisi une carrière musicale s'il avait eu un petit supplément de talent.

«Les gens trouvent ça drôle parce que bien du monde aurait voulu être des rockers et nous, on le fait et on n'est pas gênés», renchérit Jean R. Fabi.

Cette passion pour la musique, que chacun vit presque tous les jours, est un exutoire qui aide les pdg à rester performants.

«Ça aide à l'équilibre de vie, ça enlève le stress des affaires, ça donne du plaisir et l'occasion d'être soi-même», considère Barry F. Lorenzetti, recrue de cette année.

«Beaucoup de gens d'affaires jouent de la musique, mais beaucoup ont peur de venir sur scène, de peur de perdre leur crédibilité. Ils sont parfois difficiles à convaincre», remarque M. Fortin. Quand c'est fait, ils y prennent goût.

Tout cela permet à la Société pour les enfants handicapés du Québec de tenir son activité-bénéfice la plus profitable. Un chèque de 537 620 $ lui a été remis cette année, ce qui est plus que le prix des billets vendus !

«Jean Fabi y met beaucoup de temps. C'est un cadeau du ciel pour nous. Ça nous permet d'avoir les moyens de nos ambitions. C'est ce dont rêve n'importe quel président d'organisme», se réjouit le président de la société, Jean Duchesneau.

L'argent amassé cette année servira à exploiter un centre de stimulation pour la garderie des enfants handicapés.