Israël dit avoir repris le contrôle de sa frontière avec Gaza

Publié le 10/10/2023 à 17:40

Israël dit avoir repris le contrôle de sa frontière avec Gaza

Publié le 10/10/2023 à 17:40

Par AFP

Au total, la guerre a déjà fait plus de 3 000 morts de part et d’autre, civils, soldats israéliens et combattants palestiniens. (Photo: Getty Images)

Gaza — Israël a annoncé mardi avoir repris en partie le contrôle de sa frontière avec la bande de Gaza, en état de siège et pilonnée par les raids israéliens, après quatre jours d’une guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a déjà fait des milliers de morts.

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Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifié l’offensive massive lancée samedi par le Hamas contre Israël de «sauvagerie jamais vue depuis la Shoah», promettant que son pays allait «vaincre [le groupe palestinien] avec de la force, énormément de force».

L’offensive a suscité de multiples condamnations internationales ainsi que des inquiétudes face à l’éventualité d’un assaut terrestre sur Gaza.

Les États-Unis ont dit être prêts à déployer des «ressources supplémentaires» pour soutenir leur allié, et le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, doit se rendre jeudi en Israël.

L’État israélien, qui a annoncé l’évacuation des zones frontalières, a imposé un «siège total» à Gaza et suspendu l’approvisionnement en eau, en électricité et en nourriture de l’enclave palestinienne.

Le Hamas, qui contrôle depuis 2007 ce petit territoire, menace de son côté d’exécuter des otages enlevés en Israël, environ 150 personnes, dont des enfants, des femmes, des personnes âgées ainsi que des jeunes capturés pendant un festival de musique. 

 

Cent morts dans un kibboutz

Les combattants qui ont fait irruption samedi dans ce festival y ont massacré 250 personnes, et ont tué aussi «plus de 100 personnes» dans le seul kibboutz de Beeri, selon l’ONG Zaka, qui a participé à la collecte des corps.

«Ils tiraient sur tout le monde», «ils ont assassiné de sang-froid des enfants, des bébés, des gens âgés, tout le monde», a témoigné Moti Bukjin, le porte-parole de l’ONG.

Samedi à l’aube, après avoir franchi la barrière frontalière qu’Israël considérait infranchissable, des centaines de combattants du Hamas s’étaient engouffrés dans des localités du sud du pays, allant de maison en maison, abattant des citoyens ou les enlevant.

Lors de cette offensive terrestre, aérienne et maritime d’une ampleur sans précédent depuis la naissance de l’État d’Israël en 1948, menée en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot, le Hamas a tiré des milliers de roquettes.

L’attaque a provoqué la sidération en Israël où elle est comparée aux attentats du 11 septembre 2001.

Depuis, l’armée israélienne pilonne Gaza, une bande de terre pauvre et exiguë, enclavée le long de la Méditerranée, où s’entassent 2,3 millions d’habitants et où des rues entières sont désormais transformées en champs de ruines.

Israël a mobilisé 300 000 réservistes et déployé des dizaines de milliers de soldats autour de Gaza, ainsi qu’à sa frontière nord avec le Liban.

Mardi, des salves de roquettes, revendiquées par le Hamas, ont de nouveau été tirées depuis le sud du Liban vers Israël, provoquant une riposte de l’État israélien qui dit avoir visé des positions du Hezbollah pro-iranien, allié du mouvement palestinien.

Sur un autre front, l’armée israélienne a dit avoir tiré des obus mardi soir sur la Syrie voisine à partir du plateau du Golan en riposte à des «tirs» de projectiles sur ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

 

Une «scène terrifiante»

Au total, la guerre a déjà fait plus de 3 000 morts de part et d’autre, civils, soldats israéliens et combattants palestiniens.

En Israël, plus de 900 personnes ont été tuées, selon les autorités. L’armée a annoncé en outre mardi avoir récupéré les corps de 1 500 combattants du Hamas dans les zones voisines de Gaza.

L’armée israélienne a «plus ou moins repris le contrôle de la clôture à la frontière» avec Gaza, «mais des infiltrations peuvent encore arriver», a déclaré son porte-parole, le lieutenant-colonel Richard Hecht.

Mardi soir, elle a annoncé en outre avoir tué «trois terroristes palestiniens» lors d’un échange de tirs avec des soldats à Ashkelon, ville du sud d’Israël située à une quinzaine de kilomètres de Gaza.

Endossant sans réserve le rôle de premier soutien d’Israël, Joe Biden a martelé mardi dans un discours vigoureux qu’il aiderait l’État israélien à se défendre face au «mal à l’état pur».

Le Hamas a dénoncé des propos «incendiaires», jugeant que le président américain tentait de «dissimuler les crimes d’Israël».

Joe Biden a confirmé par ailleurs que des Américains étaient retenus en otage par le Hamas et qu’au moins 14 de ses compatriotes avaient été tués. Parmi les étrangers tués figurent aussi huit Français.

Du côté palestinien, 830 personnes sont mortes, selon les autorités locales. Le Hamas a annoncé que deux de ses hauts responsables avaient été tués par des frappes israéliennes. Huit journalistes palestiniens ont également été tués.

Un habitant de l’enclave âgé de 70 ans, Muhammad Najib, a raconté qu’il avait fui sa maison lundi. De retour mardi dans son quartier d’Al-Rimal, pilonné par des centaines de raids pendant la nuit, il a découvert une «scène terrifiante».

«Le secteur entier était dévasté, de nombreuses maisons ont été complètement détruites», a-t-il témoigné. «Était-ce la faute des enfants et des femmes?»

À Gaza, une ville très densément peuplée, des images aériennes tournées par l’AFP montrent l’étendue des destructions, avec des immeubles entiers réduits à l’état de ruines.

Dans les hôpitaux, la situation est «catastrophique». L’hôpital al-Chifa de Gaza déborde de blessés. «Certains meurent bien avant» d’avoir pu être soignés, raconte un médecin.

À Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, un homme désemparé portait mardi le corps drapé de blanc d’un enfant, tandis que des dépouilles étaient entassées à l’arrière d’un pick-up.

L’ONU a affirmé que le siège total de la bande de Gaza, où 187 500 personnes ont déjà été déplacées par la guerre, était «interdit» par le droit international humanitaire.

Face à l’offensive, dans un pays marqué par de profondes fractures, Benjamin Netanyahu a appelé lundi «les dirigeants de l’opposition à former immédiatement un gouvernement d’union nationale».

 

«Ville fantôme»

Dans les grandes villes israéliennes, la vie semble à l’arrêt. Tables et chaises restent vides dans plusieurs restaurants d’un marché de Tel-Aviv. Jérusalem «est une ville fantôme», résume Mary Bahba, une quadragénaire palestinienne.

L’offensive du Hamas a été lancée 50 ans et un jour après la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël par surprise et fait 2 600 morts côté israélien en trois semaines.

Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché cette offensive majeure pour «mettre fin aux crimes de l’occupation», en référence à l’occupation israélienne des territoires palestiniens.

Israël avait retiré ses troupes et évacué les colons de la bande de Gaza en 2005 après avoir occupé ce territoire depuis 1967.

Mais il a gardé le contrôle de l’espace aérien et des eaux territoriales et imposé un blocus depuis 2007, contrôlant strictement le passage des biens et des personnes entre Israël et l’enclave.

L’Union européenne (UE) s’est dite mardi opposée au blocus total de Gaza et a annoncé soutenir majoritairement la poursuite de l’aide à l’Autorité palestinienne. Le respect du droit international signifie un «non au blocus de l’eau, de la nourriture ou de l’électricité», a déclaré le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell, après une réunion extraordinaire des chefs de la diplomatie.

 

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