Est-ce possible d'être trop vert, trop tôt ? Il semble que oui, si l'on se fie au cas de Cascades. La papetière de Kingsey Falls pourrait en effet se trouver fortement pénalisée par la règlementation fédérale des gaz à effet de serre, dont la version finale sera bientôt dévoilée. Léon Marineau, vice-président Environnement chez Cascades, explique que le choix de l'année 2006 comme année de référence par le gouvernement conservateur pénalisera Cascades. "Nous avons réduit l'intensité de nos émissions de GES de 34 % entre 1990 et 2007. Ce sera donc beaucoup plus difficile pour nous de réduire de nouveau l'intensité de nos émissions de 18 % entre 2006 et 2010", affirme-t-il dans le cadre du Salon des TEQ à Québec. Notons que le gouvernement fédéral a imposé un plafond de 5 millions de tonnes aux réductions de GES antérieures à 2006 qui pourront être réclamées par les grands émetteurs finaux au Canada. Cascades a mis en œuvre plusieurs mesures pour arriver à des réductions qui dépassent largement celles requises par le Protocole de Kyoto. Cela s'est fait en remplaçant le mazout par le gaz naturel, et dans plusieurs cas en utilisant différentes formes de biomasse au lieu du gaz naturel. L'entreprise a également forgé un partenariat avec des incinérateurs municipaux afin de leur acheter de la vapeur. L'usine Rolland de Saint-Jérôme évite ainsi 65 000 tonnes de GES par année de cette manière. D'autres usines ont également mis en place des systèmes de cogénération thermique et électrique. Bref, Cascades a fait ses devoirs."En tant que secteur, l'industrie du papier a réalisé des efforts importants. Et maintenant, nous sommes pénalisés parce que le gouvernement fédéral nous demande les mêmes réductions que les autres secteurs", déplore M. Marineau. Il ajoute que l'accès limité à la biomasse limite les possibilités de réductions additionnelles en misant sur cette filière."La biomasse disponible sur le marché est déjà très convoitée, surtout pour les réductions de GES que cette option permet", ajoute-t-il. Les usines de Cascades présentent un potentiel de réduction des GES limité, même si des avenues sont actuellement étudiées par l'entreprise. Cascades commencera notamment cet été des projets pilotes afin de transformer des déchets en énergie, notamment les boues mixtes. Cette option ne pourrait toutefois fournir que 5 % des besoins énergétiques de chaque usine, ce qui pousse M. Marineau à croire que Cascades pourrait bien devoir s'approvisionner à l'externe. Même si les prochaines réductions seront plus ardues, et coûteuses, l'entreprise se dit confiante de pouvoir atteindre l'objectif de 18 % en 2010. Et les gains de 2 % qui devront être réalisés chaque année par après ?"Ce ne sera certainement pas facile", concède M. Marineau,"…mais on y travaille !"