Europe : rien de réglé sur le fond

Publié le 11/05/2010 à 12:18

Europe : rien de réglé sur le fond

Publié le 11/05/2010 à 12:18

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Qu’ont fait les pays européens pour contrer la menace qui persiste sur la zone euro ? Emprunter sur leur propre crédit pour reprêter aux plus mal pris.

But ultime : sauver la zone euro (16 pays) sur les 27 membres de l’Union européenne.

Mais en sauvant la zone euro, l’Union européenne sauvaient avant tout les grandes banques françaises, allemandes et britanniques et autres, qui détiennent beaucoup de dettes des PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne). De plus, ces banques viennent de sortir d’une crise financière majeure et certaines sont restées amochées.

La crise de l’euro a été déclenchée par la Grèce qui ne pouvait plus réemprunter à moyen et à long terme pour rembourser ses dettes à court terme. Le Portugal est le prochain sur la liste. Tous deux ont adopté des plans d’austérité fiscale, car c’est le seul outil qui leur reste.

Politique monétaire sacrifiée

En adhérant à la zone euro, les pays membres ont renoncé à leur propre devise et à une politique monétaire.

Or, pour les pays les plus endettés et les moins productifs, la politique monétaire européenne, qui est décidée par la Banque centrale européenne sous l’influence principale des pays les plus forts (notamment l’Allemagne et la France), n’aide en rien. S’ils avaient conservé leur politique monétaire (comme le Royaume-Uni), ces pays auraient pu laisser se dévaluer leur propre monnaie, ce qui aurait aider à relancer leurs exportations et leur économie.

L’euro se dévalue

Le presque mille milliards de dollars US qui a été injecté dans le plan de sauvetage de la zone euro avait aussi pour but d’envoyer un signal fort aux marchés financiers, qui ont bien réagi dans l’immédiat.

Mais rien n’est réglé sur le plan fondamental, car les problèmes de déficit et d’endettement des PIIGS et d’autres pays d’Europe sont toujours là.

L’hypothèse la plus probable est que l’euro continue d’être sous forte pression, notamment à cause des fonds spéculatifs qui, tels des shylocks qui exigent des taux exorbitants aux pauvres, s’acharnent sur les pays les plus faibles en vendant à découvert leurs obligations pour faire baisser leur prix et, ainsi, faire les taux de rendement exigés sur ces mêmes titres.

Jusqu’où ira l’euro. Se pourrait-il qu’il atteigne la parité avec le dollar US, comme le laissait entendre un cambiste hier sur les ondes de Radio-Canada ?

Si l’euro descend encore beaucoup, ce qui est possible (mais sans nécessairement atteindre les bas-fonds), les produits européens deviendront vraiment bon marché pour les acheteurs étrangers, ce qui stimulera grandement les exportations.

Il en sera de même pour le tourisme européen, qui sera grandement avantagé. Au lieu de coûter 1,60 $ comme cela a déjà été le cas, un euro coûte aujourd’hui près de 1,30 $CA et ce prix pourrait descendre encore. Autrement-dit, ceux et celles qui songent à visiter l’Europe ne devraient pas hésiter.

Problème fondamental

L’euro est fondamentalement problématique dans sa forme actuelle, car, avec une politique monétaire unique, les pays les plus productifs, telle l’Allemagne, gagnent sans cesse du terrain dans le marché européen et à l’étranger, contrairement aux pays les moins productifs (comme la Grèce et le Portugal), qui en perdent constamment.

Cela mène à un déséquilibre qui ne peut que s’accentuer dans le temps. La solution réside dans la politique fiscale, mais l’histoire récente nous montre que les pays les plus faibles ne peuvent pas utiliser cet outil efficacement.

Or, l'Union européenne n'a pas de mécanisme pour compenser les déséquilibres qui se créent. Il faudrait une discipline fiscale de fer chez les membres. Or, celle-ci n'a pas tenu le coup, plusieurs ayant dépassé les deux critères principaux d'adminission à la zone euro : plafond de 3 % du PIB pour le déficit budgétaire annuel du gouvernement et plafond de 60 % du PIB pour la dette publique.

Plusieurs pays ont dépassé ces plafonds, principalement à cause de la crise économique et d'un manque de discipline budgétaire.

Comparaison canadienne

À titre de comparaison, les provinces canadiennes s’accommodent bien d’une politique monétaire commune (celle de la Banque du Canada) et d’une monnaie unique.

Or, le Canada dispose d’un outil que l’Europe n’a pas, soit un gouvernement central qui contribue au financement des provinces et qui utilise la péréquation pour soutenir les provinces les moins nanties.

C’est le morceau principal qui manque au puzzle européen, qui, pour cette raison devra subir une réingénierie.

Donc, beaucoup de travail à l’horizon, ce qui pourrait aller jusqu’à un ménage parmi les 16 membres de la zone.

 

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