Face au prix croissant de l'essence, John McCain et Hillary Clinton proposent de "donner congé" aux consommateurs américains en annulant la taxe d'assise fédérale sur l'essence, qui équivaut à moins de 0,05 $ le litre. Barack Obama s'oppose à une telle initiative, signalant qu'elle ne sauvera que peu d'argent aux automobilistes. Le New York Times souligne par contre qu'elle se traduirait par un manque à gagner de 9 milliards de dollars pour le gouvernement fédéral. Plusieurs gouvernements d'États, où les taxes d'assises sont plus importantes qu'au fédéral, ont malgré tout emboîté le pas, promettant à leur tour d'"aider les automobilistes américains"."Je suis supposé de répondre aux gens et de tenter de les rendre heureux", explique le gouverneur républicain de la Floride, Charlie Grist. C'est le même raisonnement cité par des États comme New York, le Missouri et le Texas, qui cherchent tous à avoir l'air de donner un coup de main à la classe moyenne américaine, actuellement aux prises avec un ralentissement économique dont la portée est encore inconnue. L'American Road and Transportation Builders Association, qui profite indirectement des revenus des taxes sur l'essence, souvent consacrés aux travaux routiers et d'infrastructure, souligne toutefois qu'une telle approche est inefficace. Les États de l'Indiana et de l'Illinois ont retranché 7 cents/gallon de leur taxe d'assise durant l'été 2000, mais le prix avait alors seulement reculé de 4 cents/gallon (environ 1 cent/litre). Les automobilistes avaient alors économisé 2,50 $ par mois, tandis que les États avaient perdu des dizaines de millions de dollars en revenus. Dans un éditorial publié aujourd'hui, le New York Times affirme même que la suspension des taxes d'assise sur l'essence pourrait se traduire par une hausse du prix de l'or noir. En effet, les raffineries américaines fonctionnent actuellement à capacité, et une hausse supplémentaire de la demande, propulsée par une baisse temporaire des prix, pourrait faire grimper les prix à la pompe, selon le quotidien new-yorkais. Il faudrait plutôt augmenter ces taxes, pour diminuer la soif de pétrole des États-Unis, peut-on lire. Enfin, il est pertinent de noter que tout ce brouhaha politique est attribuable à un prix de l'essence qui est actuellement beaucoup moins cher aux États-Unis qu'au Canada. Et on ne parle pas du prix de l'essence en Europe ou au Japon… Le prix à la pompe est de 0,95 $/litre aux États-Unis, alors qu'il se détaille plutôt autour de 1,30 $ au Québec. Cela équivaut à presque 5,00 $ le gallon, un seuil psychologique très important aux États-Unis, où l'on craint plutôt un gallon à 4,00 $... Pour aller plus loin : http://www.nytimes.com/2008/05/08/opinion/08thu2.html?scp=2&sq=damien+cave&st=nyt Editorial http://www.artba.org/economics_research/current_issues/state_fed_gas_taxes.htm American Road and Transportation Builders Association http://www.nytimes.com/2008/05/06/us/06gas.html?scp=3&sq=damien+cave&st=nyt States Get In on Calls for a Gas Tax Holiday