Au-delà de sa rhétorique sur le climat, l'Europe choisit le charbon

Publié le 23/04/2008 à 12:37

Au-delà de sa rhétorique sur le climat, l'Europe choisit le charbon

Publié le 23/04/2008 à 12:37

Par lesaffaires.com
L'Union européenne, réputée pour son engagement dans la lutte contre les changements climatiques, semble souffrir d'un dédoublement de personnalité. Alors qu'elle répète sur toutes les tribunes sa ferme intention de réduire ses émissions de GES, l'Europe est aux prises avec une toute autre réalité sur le terrain. De l'Italie à la Grande-Bretagne en passant par l'Allemagne, plusieurs pays se tournent vers des centrales électriques au charbon, malgré le coût croissant des quotas d'émission de gaz à effet de serre (GES) et les inquiétudes face aux changements climatiques. Seulement en Allemagne, le cœur économique de l'Europe et son pays le plus populeux, 26 nouvelles centrales sont sur les tables à dessin. Plusieurs d'entre elles sont déjà en construction, rapporte le site web allemand Deutsche Welle, mais aucune ne prévoit capturer et enfouir ses émissions de GES. Si certaines de ces installations remplaceront de vieilles centrales au charbon moins efficaces, plusieurs autres serviront à répondre à une demande croissante pour l'électricité. Réputée pour son industrie éolienne, et de plus en plus sa production de panneaux solaires, l'Allemagne pourrait enchâsser ses émissions de GES dans une trajectoire qui sera très difficile à changer une fois les centrales au charbon construites. Ces installations ont une durée de vie qui peut parfois atteindre 50 ans, et il est extrêmement dispendieux de convertir une centrale afin de capturer et séquestrer ses émissions de dioxyde de carbone après sa construction. L'Environmental Protection Agency américaine a récemment qualifié les coûts d'une telle transformation de "phénoménaux". Le cas italien Le New York Times s'attarde au cas de l'Italie, qui prévoit augmenter la proportion de son électricité provenant du charbon de 14 à 33 % d'ici cinq ans. Le producteur d'électricité Enel souligne qu'il s'agit en fait d'une transition du mazout, qui n'est pas un combustible au demeurant très propre, au charbon. Ce dernier émet toutefois davantage de dioxyde de carbone, même si l'entreprise affirme avoir réduit de manière importante l'émission d'autres polluants atmosphériques comme les oxydes nitreux, et récupérer la chaleur de la centrale. La capture et le stockage du carbone n'est pas envisagée pour les usines d'Enel, même si des"essais" auront lieu à partir de 2015. C'est justement cette situation que le système d'échange de quotas devait servir à éviter. Même si la cuvée de décembre 2008 d'une tonne de carbone se détaille actuellement 25 euros selon Point Carbon, un sommet depuis environ deux ans, le prix du carbone est insuffisant pour convaincre les entreprises de délaisser le charbon. Même en prévoyant des quotas de carbone encore plus dispendieux, l'entreprise italienne Enel explique que la transition du mazout au charbon est rentable. Le prix du baril de pétrole, qui s'approche de 120 $, est simplement trop élevé pour continuer à utiliser le mazout comme combustible. Le gaz naturel est également cher, et son instabilité fait peur aux producteurs d'électricité. L'approvisionnement en gaz naturel est aussi plus problématique en Europe que dans le cas du charbon. L'Europe, le bon élève de la lutte contre les changements climatiques, semble réaliser de plus en plus à quel point il sera difficile de réduire drastiquement ses émissions de GES. Pour aller plus loin : http://www.dw3d.de/dw/article/0,2144,2396828,00.html Deutsche Welle http://www.nytimes.com/2008/04/23/world/europe/23coal.html New York Times

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

26/04/2024 | François Normand

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.