À Berlin, les tunnels pour passer à l'Ouest sont devenus une attraction

Publié le 09/11/2009 à 08:31

À Berlin, les tunnels pour passer à l'Ouest sont devenus une attraction

Publié le 09/11/2009 à 08:31

Par La Presse Canadienne

Vingt ans après la chute du Mur de Berlin, le système de tunnels qui a permis à plusieurs centaines d'Allemands de l'Est de passer à l'Ouest existe toujours, et représente même une véritable attraction touristique, avec plus de 150 000 visiteurs recensés l'an dernier. Les tunnels creusés sous le Mur ont constitué un des moyens utilisés par les Allemands de l'Est pour passer à l'Ouest, et sont aujourd'hui une des attractions les plus populaires de Berlin, tant auprès des locaux que des touristes.

En 2008, plus de 150.000 personnes ont exploré les sous-sols de la capitale allemande, visitant ses bunkers et les tunnels. Dans les années 60 et 70, Hasso Herschel a aidé des dizaines d'Est-Allemands à passer à l'Ouest via les tunnels clandestins, dont certains ont été creusés par lui-même.

«Cela a été la meilleure chose que j'aie faite de toute ma vie», estime ce retraité de 74 ans. M. Herschel accompagne régulièrement des groupes de visiteurs dans les sous-sols de la ville, donnant des explications sur ce système d'évasion souterrain. Il avait gagné l'Allemagne de l'Ouest avec un faux passeport en 1961 avant de creuser des tunnels clandestins sous le Mur, le premier en septembre 1962.

Son entrée était cachée dans une maison de Berlin-Est, juste en face du Mur sur la «Bernauer Strasse», se souvient la soeur de M. Herschel, Anita Moller, qui a utilisé ce tunnel pour passer à l'Ouest avec son enfant et son mari. «Nous sommes entrés dans la maison, descendus au sous-sol, puis nous avons dû pénétrer dans un trou», raconte-t-elle.

«J'ai d'abord été angoissée car je suis claustrophobe. Mais une fois dans le tunnel, l'heure n'était plus à ces peurs.»

Au total, 29 personnes ont gagné l'Ouest par cette galerie. Certains tunnels mesuraient moins de 30 mètres de long et d'autres jusqu'à 170 mètres. Certains ressemblaient à de petits tubes où l'on devait ramper, alors que d'autres étaient assez grands pour permettre de se tenir debout. Il fallait entre trois jours et six mois pour creuser ces galeries, qui ont vu le jour entre octobre 1961 et avril 1982.

En tout, environ 300 personnes ont réussi à s'enfuir par ces tunnels. Passer à l'Ouest n'était pas sans risque. Les gardes-frontières est-allemands avaient ordre de tirer sur le champ sur toute personne tentant de gagner la République fédérale allemande (RFA).

Les chercheurs estiment que 136 personnes sont mortes en tentant de franchir le Mur et qu'entre 700 et 800 ont péri le long de la frontière de 1378 kilomètres entre l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest. On ignore combien de personnes ont été tuées en essayant de fuir par des tunnels. Le mois dernier, la ville a honoré Siegfried Noffke et Dieter Hotger, qui ont été pris par les autorités est-allemandes le 12 juin 1962, en train de creuser un tunnel. Noffke a été tué et Hotger a survécu mais a été grièvement blessé.

Les tunnels étaient souvent découverts par les gardes-frontières ou la Stasi, la police secrète est-allemande, avant de pouvoir être utilisés. D'autres se sont effondrés accidentellement ou ont été inondés par de l'eau souterraine.

«Au total, nous avons compté 71 projets de tunnel, dont 20% ont connu la réussite», précise Dietmar Arnold, à la tête de l'association «Berliner Unterwelten», qui propose des visites guidées et veut ouvrir davantage de structures souterraines au public.

«La plupart des tunnels ont été creusés de l'Ouest vers l'Est, souvent par des hommes qui étaient déjà passés à l'Ouest et qui essayaient de faire sortir le reste de leur famille d'Allemagne de l'Est», explique-t-il lors d'une récente visite guidée.

Durant les premiers mois après la construction du Mur le 13 août 1961, quelque 600 personnes sont passées à l'Ouest par les canaux et le réseau du métro de la ville, mais à la fin de 1961, ces accès étaient complètement verrouillés par les gardes-frontières est-allemands. C'est alors que des tunnels ont commencé à être creusés.

«Nous avons rampé à quatre pattes dans la boue», se souvient Anita Moller. «Il m'a fallu un moment avant de comprendre que j'étais libre», et éprouver alors un «sentiment de bonheur intérieur total.»

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