[Photo : Lassonde]
La hausse généralisée du prix des denrées a fait mal aux acteurs du domaine agroalimentaire. Jean Gattuso, président et chef de la direction de Lassonde, explique pourquoi il a augmenté ses prix.
«J'ai eu à faire face à l'augmentation du prix de plusieurs denrées, cette année, ce qui a réduit les bénéfices de Lassonde, malgré la hausse de nos ventes.
Dans le passé, le coût de certaines de nos denrées augmentait tandis que celui d'autres baissait. Cependant, comme on avait une large palette de produits, on pouvait gérer ça sans avoir à majorer les prix de façon trop importante.
Cette année, la hausse est généralisée. C'est une situation mondiale. Par exemple, le jus Oasis, qui se détaillait souvent à 99 cents le contenant, se vend maintenant en groupe de quatre pour cinq dollars, ou 1,25 $ chacun. Il a fallu procéder à des augmentations de prix pour refléter l'accroissement des coûts.
Mais pour nous, le premier objectif envers le consommateur, c'est de lui offrir le meilleur prix possible.
Il faut donc arriver à modérer les hausses de prix. Ça passe par des ententes avec des fournisseurs clés, des contrats à terme sur le concentré, etc.
Pour l'instant, je n'ai pas l'intention d'abandonner des produits à cause de la hausse du coût des matières premières. Quand je le fais, c'est parce que les consommateurs n'en veulent plus. Mon travail à cet égard est constant. Il faut que je revois mon portefeuille, que j'innove, que je me différencie...
Je viens justement de mettre sur le marché un nouveau produit : CholesPrevent. Je m'adresse aux gens qui se soucient de leur santé. La beauté de ce produit, c'est que, si vous en prenez deux verres par semaine, votre taux de cholestérol baissera de 10 %.
C'est un jus de fruits auquel nous avons réussi à ajouter des stérols végétaux. Il permet d'agir sur les mauvais gras, simplement en le buvant, sans avoir à manger des kilos de brocoli par jour ! C'est un mélange d'orange, de mangue, de verjus [du jus de raisin blanc pas mûr] et de stérols végétaux. Comme une bonne partie de la population a des problèmes de cholestérol, ça tombe dans le mille.
C'est un des mandats qu'on a. L'innovation et la différenciation par de nouveaux produits font partie de notre vie, et heureusement qu'on fait ça. C'est comme quand vous constituez un portefeuille d'investissement équilibré.
Ce qu'on cherche, c'est aussi de présenter un portefeuille de produits et de matières premières équilibré. Le consommateur a une certaine tolérance au prix qu'il faut respecter. La variété des produits nous permet de ne pas dépasser cette limite quand une matière première augmente. Pour un autre produit, le prix de la matière première peut avoir diminué, ce qui permet d'absorber le choc.
C'est d'autant plus important que l'évolution du prix des matières premières est presque impossible à prévoir. Moi, ça fait bientôt 25 ans que je suis dans le domaine des jus, et ça varie vraiment d'une récolte à l'autre. Le coût du pétrole a un impact, sans parler de l'évolution du dollar américain...
Pendant que les récoltes d'un fruit chutent dans un pays, d'autres produits peuvent être en surabondance ailleurs sur la Terre. On doit vraiment suivre le marché. Je n'ai pas de boule de cristal !
Je poursuis ce que Lassonde fait depuis bientôt 100 ans. Pour vendre et fabriquer des produits alimentaires, on doit apprendre à s'ajuster aux récoltes.
