Le designer finlandais Marimekko, qui n'emploie presque que des femmes, joue l'audace avec une expansion débridée, 50 ans après avoir atteint la célébrité grâce à Jackie Kennedy.
Sur de grands draps en coton épais, tendus sur les murs du hall d'entrée de l'usine d'Helsinki s'affichent les clefs du succès de la marque: couleurs vives et motifs simples.
La saga de ce concepteur de vêtements, tissus, vaisselle et objets de décoration est une histoire de femmes. Elles représentent 90% des 500 salariés, peut-être un record du monde pour une société cotée.
Une autre femme a beaucoup fait pour sa renommée mondiale. A l'été 1960, lors de la campagne présidentielle américaine, "Jackie Kennedy s'est affichée aux côtés de son mari en portant une robe de notre marque. Elle en avait acheté huit", raconte Sanna-Kaisa Niikko, responsable de la communication.
Comme on lui reprochait trop de shopping à Paris, elle avait choisi une marque qui n'avait même pas 10 ans d'existence.
Marimekko prenait le contre-pied des tenues corsetées, sobres et discrètes de l'après-guerre, pour s'ériger en symbole de l'émancipation féminine, avec des coupes larges et des tons francs.
"C'était vraiment une démarche inédite", estime Pekka Korvenmaa, professeur de design de l'université d'Aalto, à Helsinki.
"L'Unikko", coquelicot aux lignes simples dessiné par la designer Maija Isola et devenu emblématique, gagne alors les boutiques branchées de New York.
Le succès durera 20 ans. Après la mort de sa fondatrice Armi Ratia en 1979, l'entreprise périclite. Mal gérée, perdue artistiquement, elle est au bord de la faillite quand Kirsti Paakkanen, publicitaire finlandaise à la retraite, la rachète en 1991.
"Paakkanen connaissait le milieu du design et comprenait comment il fonctionne. Ce type de personne avait manqué à Marimekko", décrit Pekka Korvenmaa.