Fermeture d’un Couche-Tard : la CSN crie à l’intimidation

Publié le 07/04/2011 à 12:25, mis à jour le 07/04/2011 à 17:29

Fermeture d’un Couche-Tard : la CSN crie à l’intimidation

Publié le 07/04/2011 à 12:25, mis à jour le 07/04/2011 à 17:29

Par Stéphane Rolland

[Photo : Benjamin Nantel]

La CSN accuse Couche-Tard de vouloir intimider ses employés en ayant fermé un magasin en voie de syndicalisation. Le syndicat prévoit déposer une plainte devant la Commission des relations de Travail (CRT) d’ici quelques jours.

«C’est une entrave au droit de se syndiquer, affirme Jean Lortie, le président de la Fédération du commerce de la CSN. C’est grossier de la part de Couche-Tard, et la CSN va défendre vigoureusement le droit de ses membres.»

EN VIDÉO : "Il faut que Couche-Tard cesse d'avoir peur d'avoir un syndicat", dit la CSN

La CSN accuse Couche-Tard de vouloir intimider ses employés en ayant fermé un magasin en voie de syndicalisation. La CRT était sur le point de juger si la requête des employés du magasin était acceptée. Le syndicat prévoit déposer une plainte devant la CRT d’ici quelques jours.

Le magasin situé à l’angle des rues Beaubien et Saint-Denis a été fermé dans la nuit de mercredi à jeudi. L’établissement est placardé et serait déjà sur le marché, selon une pancarte affichée sur ses murs.

Robin Maranda, une employée de la succursale, était présente lors de la fermeture. Vers 23 heures, sa gérante lui aurait demandé de rentrer chez elle en raison de la fermeture du magasin, affirme-t-elle. «Je lui ai demandé pourquoi, et elle m’a dit que le magasin n’était pas rentable», raconte-t-elle.

Couche-Tard a réitéré l’argument de non-rentabilité en fin d’après-midi. Dans un communiqué, le détaillant affirme que l’établissement en question n’était pas rentable. «Signalons que d’autres dépanneurs sont fermés régulièrement par Couche-Tard parce qu’ils n’affichaient pas le rendement souhaité, peut-on lire. L’entreprise ouvre et ferme ainsi plus d’une dizaine de succursales chaque année.»

M. Lortie ne croit pas l’argument de l’employeur, d’autant plus que le magasin est situé dans un secteur très achalandé, selon lui. Il rappelle que d’importants investissements ont été réalisés dans ce magasin.

Il y a deux ans, le magasin a été agrandi et rénové afin d’annexer l’espace occupé par un Dunkin’ Donut. Il y a quelques mois de mois, une section pâtisserie aurait été ajoutée. «Pourquoi Couche-Tard investirait-elle autant d’argent dans un magasin qui n’est pas rentable», se demande M. Lortie.

Négociations

Couche-Tard a, quant à elle, accusé la CSN de faire des déclarations «mensongères » en affirmant que les employés de l’établissement d'Iberville et Jean-Talon étaient en processus de négociation d’une convention collective. L’entreprise a invité le syndicat à négocier le 31 mars, mais celui-ci a demandé environ deux semaines en vue de finaliser sa proposition. «Aucune négociation n’a donc été entreprise à ce jour en raison du défilement de la CSN», écrit-on dans le communiqué.

Pour la CSN, la sortie de Couche-Tard s’apparente à une guerre de mots. La CSN affirme que le processus de négociations commence par la préparation d’une proposition, ce à quoi les employés travaillent actuellement. «C’est un document qui fait trente pages, et il faut que les employés trouvent un consensus, répond M. Lortie. La proposition devrait être présentée sous peu.»

Couche-Tard a décliné notre invitation à commenter le contenu de son communiqué.

Deuxième fermeture

C’est la deuxième fois qu’un établissement Couche-Tard ferme ses portes dans des circonstances similaires. En 2009, un Couche-Tard de Beloeil avait fermé alors que des employés avaient tenté de se syndiquer. Le même établissement avait ouvert ses portes un an plus tard.

Le milieu syndical avait perçu cette fermeture comme une tentative d’étouffer le syndicat. Du côté de Couche-Tard, on affirmait que le magasin n’était pas rentable et qu’une renégociation du bail avait permis de relancer le dépanneur.

Rappelons que la CSN a déposé une autre plainte contre Couche-Tard devant la CRT pour la diffusion d’une vidéo, révélée par LesAffaires.com. Dans la vidéo, Alain Bouchard, le pdg de l’entreprise, évoque la fermeture de magasins si les employés qui y travaillent s’y syndiquent.

Plusieurs experts en relations industrielles et en droit du travail ont indiqué qu’un passage de la vidéo pourrait être sujet à un débat juridique. Ce passage pourrait être interprété par certains comme une menace de l’employeur, ce qui est interdit dans le Code du travail. Si les experts ne s’entendent pas sur le parti que pourrait prendre le CRT, ceux-ci s’entendent pour dire que l’extrait toucherait une zone grise.

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