Du chocolat sans arrière-goût

Publié le 13/02/2014 à 08:46

Du chocolat sans arrière-goût

Publié le 13/02/2014 à 08:46

Par François Normand

Les traditionnels chocolats de la Saint-Valentin ont un arrière-goût amer quand on sait qu’ils pourraient bien être le fruit du travail forcé d’enfants dans des plantations de cacao. Les entreprises de l’industrie chocolatière du Québec ont conscience du problème, mais éradiquer l’exploitation d’enfants de leur chaîne d’approvisionnement est un défi colossal.

(La version intégrale de ce long reportage est publiée dans Les Affaires, en kiosque le 13 février, ou en ligne pour les abonnés)

Geneviève Grandbois parle avec assurance lorsqu’il est question de son entreprise. Par contre, son ton est moins assuré lorsqu’elle parle de la chaîne d’approvisionnement en cacao des Chocolats Geneviève Grandbois et de la possibilité qu’il y ait des fournisseurs qui forcent des enfants à travailler. « Leurs réponses sont politiquement correctes ; nous n’avons toutefois rien qui nous garantit ou qui nous prouve quoi que ce soit... »

L’entrepreneure n’est pas la seule à douter de l’intégrité de sa chaîne d’approvisionnement. On se pose aussi des questions chez Euro-Excellence, un distributeur de chocolats européens au Canada. Ce qui explique les doutes des chocolatiers, c’est que leurs fournisseurs de cacao s’approvisionnent en matières premières dans des pays où des enfants travaillent dans les plantations.

Le problème est particulièrement criant en Côte d’Ivoire, le plus important pays producteur de fèves de cacao.

Assainir la chaîne d’approvisionnement

Les entreprises chocolatières commencent à faire des efforts pour réduire le travail forcé des enfants dans leur chaîne d’approvisionnement.

Chez La Siembra, une coopérative d’Ottawa qui commercialise les chocolats équitables Camino, exploiter une chaîne d’approvisionnement propre est sa raison d’être. Car sa mission n’est pas seulement de faire des profits, mais de faire le bien, insiste Mélanie Broguet, responsable du marketing et des communications.

Aussi, elle comprend qu’une entreprise uniquement motivée par les profits puisse trouver difficile d’exploiter une chaîne d’approvisionnement totalement équitable, car cela a un coût.

Sans l’éradiquer, il existe des entreprises qui ont réussi à grandement éliminer le travail forcé des enfants dans leur chaîne d’approvisionnement, comme Valrhona, un fabricant français de chocolat qui distribue ses produits au Canada.

De 2008 à 2012, les importations de cacao de la Côte d’Ivoire ont doublé, à 105,3 millions de dollars. Selon des sources de l’industrie, la société suisse Barry Callebaut, qui a une usine à Saint-Hyacinthe, est le principal importateur dans la province.

Le porte-parole Jens Rupp affirme dans un courriel que Barry Callebaut essaie « de combattre ce problème » par ses propres moyens, tout en participant à des programmes, dont l’International Cocoa Initiative, qui vise à réduire le travail des enfants.

Nestlé Canada, un autre gros importateur de cacao au pays, dit aussi faire des efforts pour réduire le travail des enfants. En 2012, la multinationale a, par exemple, demandé à la Fair Labor Association (FLA), un regroupement américain, d’évaluer sa chaîne d’approvisionnement en Afrique occidentale.

Isabelle St-Germain, directrice générale adjointe chez Équiterre, se demande pourquoi les grandes multinationales n’en font pas plus pour abolir cette pratique.

La complexité de l’industrie en Afrique

Le système de production de cacao est très complexe, souligne Jordan Lebel, professeur à l’Université Concordia. Cela peut expliquer pourquoi les grands producteurs ont de la difficulté à réduire de manière significative le travail forcé des enfants.

Les Barry Callebaut et Nestlé de ce monde s’approvisionnement souvent auprès des coopératives de producteurs de cacao, ce qui leur permet de centraliser leurs achats. C’est alors un défi de s’assurer que la matière première provient uniquement de plantations ne forçant pas des enfants à travailler.

Difficile dans ce contexte de garantir des approvisionnements équitables. Les cas de La Siembra et de Valrhona montrent toutefois que des entreprises peuvent malgré tout réduire de manière importante – voire éliminer de leur chaîne d’approvisionnement – le travail forcé des enfants.

 

105,3 millions

Les importations de cacao (fèves et brisures de fèves) du Québec en provenance de la Côte d’Ivoire, le plus important producteurs de fèves de cacao du monde, se sont élevées à 105,3 M$ CA en 2012, soit le double par rapport à 2008.

Source: Institut de la statistique du Québec

 

10 000

enfants sont victimes d’esclave ou de trafic humain en Côte d’Ivoire. Et toujours en Côte d’Ivoire, 600 000 enfants sont impliqués dans la production de cacao, dont 98% d’entre eux travaillent dans des plantations familiales.

Sources: Unicef, U.S. State of Department

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