La pression pourrait entraîner d’autres baisses de tarifs dans les hôtels canadiens. Photo : Bloomberg

«Ça ne nous aide pas, vraiment pas. Mais que voulez-vous qu’on y fasse? On ne peut rien y faire?»

C’est en ces termes que William Brown, le vice-président exécutif de l’Association des hôtels du grand Montréal, a accueilli  les plus récents mouvements du dollar canadien. Depuis 8 h30 ce matin, le dollar canadien a atteint la parité avec le dollar américain, chose qui ne s’était pas produite depuis juillet 2008.

«Le Canada n’est plus l’aubaine qu’il a déjà été pour les Américains», dit-il, se remémorant cette époque pas si lointaine où le huard pataugeait aux alentours de 0,76$US.

À l’époque, l’industrie touristique n’hésitait pas à vanter le Québec aux États-Unis comme une destination à bon marché, un lieu où il était possible de faire beaucoup plus qu’ailleurs, aux États-Unis ou en Europe, avec un même dollar US.

Heureusement, les temps ont changé et Montréal fait peu ou plus référence à la faiblesse de la devise canadienne pour attirer les Américains de ce côté-ci de la frontière. Mais l’industrie touristique craint quand même que les Américains, qui vivent comme on le sait, l’une des pires récessions de leur histoire, soient sensibles à de telles variations de leur devise.

L'Europe aussi...

Bernard Chênevert, le directeur général de l’Hôtel Intercontinental de Montréal, estime que le marché du loisir pourrait être le premier affecté par une telle hausse. Le tourisme américain autant qu’européen d’ailleurs, qui n’est pas immunisé contre la baisse de l’Euro, pourrait tomber, croit-il. «Tous ceux qui ont misé sur l'Europe en raison de la durée des séjours qui est généralement plus longue, pourraient malheureusement pâtir», analyse-t-il.

On espère quand même qu’une variation de quelques points de pourcentage seulement par rapport à sa valeur d’il y a quelques semaines ne transforme pas du tout au tout les intentions de voyages des touristes américains. Mais ce n’est pas impossible, explique M. Brown.

«Les touristes surtout intéressés par le shopping pourraient y réfléchir à deux fois avant de traverser la frontière», craint M. Brown. D’autres, dit-il, pourraient décider de réduire la catégorie d’hôtels (passer d’un 5 à 4 étoiles) dans lequel logeront durant leur séjour. Leurs dépenses dans les restaurants et la durée des séjours pourraient aussi diminuer, ce qui risque d’élargir considérablement les effets négatifs potentiels de cette remontée du huard sur le dollar US.

Un prix plancher?

La pression pourrait entraîner d’autres baisses de tarifs dans les hôtels canadiens. Mais à quelque 135$ la nuit en moyenne, les hôteliers de Montréal s’offrent déjà à prix d’aubaine, estime William Brown. «Les prix des hôteliers montréalais se comparent avantageusement à ceux que l’on trouve ailleurs, tant à New York, Boston ou San Francisco.»

Selon les dernières données recueillies par l'Association des hôtels du grand Montréal (AHGM), le taux d'occupation des hôtels du grand Montréal a atteint 51,54% en février 2010, comparativement à 55,66% un an plus tôt. Il s'agissait d'une baisse de 4,12 points de pourcentage, ou de 7,40% par rapport à février 2009.

Pour les deux premiers mois de l'année 2010, le taux d'occupation dans les hôtels de Montréal affichait 47,64% en 2010 alors qu'il était de 50,43% pour la même période de l'année 2009. Cela représentait une baisse de 5,5% par rapport aux deux premiers mois de 2009.

Montréal attire une moyenne de 7 millions de touristes par année. Est considérée comme touriste toute personne séjournant une nuitée ou plus à Montréal. Cette activité engrange annuellement des revenus de l'ordre de 2,1 milliards de dollars par année.