«Wall Street 2» : un film réaliste, selon Roubini

Publié le 23/09/2010 à 07:32, mis à jour le 23/09/2010 à 08:23

«Wall Street 2» : un film réaliste, selon Roubini

Publié le 23/09/2010 à 07:32, mis à jour le 23/09/2010 à 08:23

Par Olivier Schmouker

Les courtiers sont sans cesse sous l'effet de l'adrénaline. Photo : DR.

Nouriel Roubini est professeur d’économie à la Stern Scholl of Business de l’Université de New York. Il interprète un petit rôle dans le film «Wall Street 2 – L’argent ne dort jamais»…

Le mot-clé du nouveau film d’Oliver Stone est «cupidité», selon M. Roubini. «Les courtiers et autres banquiers de la saga des subprimes – ces prêts immobiliers à risque qui ont déclenché la pire crise financière depuis les années 1930 – sont-ils plus cupides, arrogants et immoraux que les Gekko des années 1980?», s’interroge-t-il sur son blogue. Réponse : «Pas vraiment, car l’appât du gain et l’immoralisme sont présents depuis toujours sur le marchés financiers»…

Ainsi, rien ne servirait de prêcher la vertu aux financiers, car c’est un travers purement humain que de chercher sans cesse à gruger les autres pour son profit personnel, selon le professeur de la Stern. «Enseigner l’éthique et les bonnes valeurs dans les écoles de commerce ne changera jamais de tels comportements», soutient-il.

Alors, que faire? Brider les possibilités de gains à court terme, qui conduisent courtiers et banquiers à prendre des risques excessifs. Différentes pistes peuvent être envisagées :

- Modifier radicalement le système de rémunération, car les banques ne le feront jamais d’elles-mêmes, ayant trop peur de voir leurs meilleurs éléments rejoindre la concurrence. «Les primes notamment ne doivent plus dépendre des résultats à court terme, mais des résultats à moyen terme», suggère-t-il.

- Abroger la loi Glass-Steagl, qui dissocie les activités des banques commerciales et des banques d’investissement.

- Dénouer le nœud de conflits d’intérêts que représentent les institutions financières et les marchés financiers. «Il faut résoudre le problème crucial du mandat, car les donneurs d’ordre (les actionnaires) ne peuvent pas contrôler correctement ce que font leurs mandataires (courtiers, conseillers bancaires, etc.) qui cherchent en priorité leur propre intérêt», affirme-t-il.

- Ne plus voler au secours des institutions financières en difficulté, car «seule la crainte de perdre vraiment de l’argent freinera les excès commis par les banques», selon M. Roubini.

«Si nous ne faisons pas ces réformes radicales, de nouveaux Gekko et Ponzi apparaîtront. Pour chaque nouveau Gekko sanctionné, des centaines d’autres surgiront», avertit le professeur new-yorkais. Une opinion que rejoint le réalisateur Oliver Stone, qui croyait – naïvement - en 1987, à la sortie de «Wall Street», qu’il venait d’asséner un coup fatal aux opérations frauduleuses commises en Bourse et qui a vite dû déchanter quand, quelques années plus tard, de jeunes courtiers l’ont remercié pour son film, qui leur avait donné l’envie de se lancer dans ce métier très lucratif et très excitant…

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