Le courtier Marc Dalpé rêvait d'atteindre le milliard de dollars sous gestion
Le congédiement de Marc Dalpé et de huit autres courtiers par Valeurs mobilières Desjardins a causé une véritable commotion dans l'industrie financière. Véritable vedette du milieu financier, il gérait avec son associé Jean-Marc Milette, également congédié, un actif de près d'un milliard de dollars. Aujourd'hui, il se défend des allégations de son ancien employeur, qui l'accuse d'avoir réalisé des transactions dans un compte du Crédit agricole suisse aux Bahamas sans l'autorisation de ses supérieurs.
«Je suis très, très surpris qu'on lui reproche quelque chose, dit Jean-Luc Landry, président de la firme de gestion de portefeuilles Landry Morin. Je n'ai jamais pensé qu'il aurait pu faire ça.» Le gestionnaire de fonds a bien connu Marc Dalpé dans les années 1980, au début de sa carrière, chez Lévesque, Beaubien Geoffrion, devenue la Financière Banque Nationale.
«Nous avons travaillé ensemble quand il était dans le financement corporatif. Ensuite, il est allé dans la gestion au détail, dit Jean-Luc Landry. C'est un excellent gestionnaire de portefeuille, dévoué à son travail. Il est très studieux: il étudie en profondeur les marchés fondamentaux avant de prendre une décision.»
Dans le milieu financier, Marc Dalpé a la réputation d'un travailleur acharné, doté d'une grande ambition. En 2003, il quittait la Financière Banque Nationale avec son partenaire, Jean-Marc Millette, pour entrer chez Desjardins. Du même coup, le mouvement coopératif mettait la main sur tous ses clients, selon un article d'Yvon Laprade. Actif sous gestion: environ 300 millions!
Depuis, l'actif sous gestion du duo a plus que doublé, malgré la crise financière de 2008. «Il a fait beaucoup mieux que moi, dit Jean-Luc Landry. Parce que depuis une dizaine d'années, ça a été beaucoup plus difficile qu'avant.
Son plus proche collègue chez Valeurs mobilières Desjardins gérait deux fois moins d'argent que lui. Le firme de courtage n'a donc pas pris à la légère la décision de le congédier.
«Personne ne mérite de se faire traiter comme ça, à moins d'avoir fait quelque chose de très grave», dit Jean-Luc Landry. Il souligne qu'un portefeuille de clients comme celui de Marc Dalpé vaut au bas mot «dix millions».
Assoiffé de croissance
Marc Dalpé est réputé déborder d'ambition. Pour lui, les plus belles années de croissance étaient à venir. Des entrepreneurs baby-boomers vont bientôt prendre leur retraite en masse et vouloir placer leur argent. Et Marc Dalpé était convaincu d'avoir la bonne recette pour les convaincre de le leur confier: de bons rendements et un service à la clientèle hors pair.
Parmi ses clients, le gestionnaire se targuait de compter des vedettes comme la chanteuse Ginette Reno, le chroniqueur Réjean Tremblay et la sextuple médaillée olympique Clara Hughes. Certains hauts dirigeants de Desjardins lui avaient aussi confié des fonds.
Selon nos informations, il caresse depuis longtemps l'objectif d'atteindre la barre du milliard en actifs sous gestion. Un but qu'il était sur le point d'atteindre. Il se hisserait ainsi parmi les plus importants gestionnaires de portefeuilles au pays. Mais la décision de Desjardins, le 3 novembre, l'éloigne considérablement de ce rêve.
Le gestionnaire n'a pas rappelé LesAffaires.com. Le 4 novembre, Marc Dalpé et Jean-Marc Milette ont émis un communiqué dans lequel ils se disent « surpris d'apprendre hier que VMD a mis un terme immédiat à leur relation d'affaires». Ils assurent « qu'il n'y a aucun motif justifiant cette décision» et disent vouloir «protéger tous leurs droits et surtout, leur bonne réputation».
Le communiqué ajoute que les associés explorent «certaines opportunités d'affaire [sic] avec des institutions financières réputées».
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