L'économie canadienne menacée par la crise européenne, selon Sabia

Publié le 05/10/2011 à 16:53, mis à jour le 06/10/2011 à 10:07

L'économie canadienne menacée par la crise européenne, selon Sabia

Publié le 05/10/2011 à 16:53, mis à jour le 06/10/2011 à 10:07

[Photo : LesAffaires.com]

Si les dirigeants politiques européens tardent à réagir pour contrer les effets de la crise financière qui balaie leur continent, l’économie québécoise et canadienne pourrait souffrir d’un effet domino, estime le président de la Caisse de dépôt Michael Sabia.

M. Sabia était l’invité de la Chambre de commerce de d’industrie de Québec mercredi midi, où il a présenté la stratégie de la Caisse de dépôt face à un monde en pleine turbulence.

«La situation financière en Europe est sérieuse; il y a crise du système financier et crise du financement des banques, a observé M. Sabia. Les effets sur le Québec dépendent des réactions des gouvernements européens. S’ils prennent les décisions nécessaires, c’est possible d’éviter les impacts majeurs sur notre économie, mais si ça demande des mois et des mois, c’est moins certain», a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité d’actions rapides.

Parmi ces actions, il lui a semblé évident qu’il fallait renforcer le système financier européen, recapitaliser quelques banques et établir un mur entre la Grèce et le reste de l’Europe.

«C’est une question de la création des obligations d’Europe ou une augmentation importante de la taille du Fonds européen de stabilité financière, récemment créé. Ça demande le courage des leaders politiques en Europe. Le défi fondamental est politique», a estimé M. Sabia, ne manquant pas de souligner l’échec du leadership européen, mis en doute à Berlin.

Il a noté que les Etats-Unis, qui vivent des problèmes similaires à l’Europe, devront aussi s’attaquer aux mêmes enjeux. Mais comme il n’entrevoit pas de réelles actions avant les élections de 2012, il anticipe des conséquences négatives sur l’économie canadienne d’ici là.

Toutefois, le président de la Caisse de dépôt estime que le Canada est assez bien positionné malgré tout, grâce à un système bancaire solide et à l’abondance de ses ressources naturelles, convoitées par les pays émergents.

Des occasions d'investir

Michael Sabia voit dans les turbulences actuelles l’équivalent d’un déplacement des plaques tectoniques à l’échelle continentale. Deux sphères se dessinent : les pays développés à faible croissance et les pays émergents à forte croissance. La combinaison des deux phénomènes crée l’instabilité et la volatilité, analyse le président de la Caisse de dépôt, pour qui tout n’est pas noir pour autant.

«La volatilité crée des occasions d’investir. Pour qui? Pour les investisseurs à long terme, comme la Caisse.»

M. Sabia a précisé que personne n’est immunisé contre l’instabilité extrême des marchés, mais il juge que la Caisse est mieux positionnée que jamais pour faire face à la musique. Ses fondations ont été renforcées au cours des derniers mois et elle a gagné en flexibilité, a-t-il expliqué.

Le Québec est le premier pilier de la stratégie de la Caisse pour gagner en stabilité. «Je le dis aux entrepreneurs, la Caisse est plus que jamais prête à faire des affaires.»

L’institution va accroître ses investissements dans les moyennes entreprises prometteuses qui développent des créneaux spécifiques. Elle veut aussi servir de pont entre le Québec et le monde et continuer d’appuyer les initiatives permettant de développer l’entrepreneurship.

En termes d’investissements boursiers, la Caisse de dépôt qui est actionnaire dans 500 sociétés, va réduire la variété de ses titres.

«Ce n’est pas une révolution, mais une évolution. C’est la connaissance en profondeur de chacun de nos investissements qui est la meilleure façon de gérer nos risques et de livrer un rendement plus stable. Le mot stable dans un monde volatil est une idée importante», a affirmé le président de la Caisse, observant que la connaissance en profondeur d’autant de sociétés était hors de la portée de l’institution.

Dans le secteur privé, la Caisse de dépôt fera plus d’affaires dans l’immobilier et les infrastructures, qui offrent des rendements plus stables. L’OCDE évalue à 40 000 milliards de dollars les investissements qui seront faits dans les infrastructures au cours des 20 prochaines années dans le monde; ce qui ouvre beaucoup de possibilités.

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