Fondateur de Guess Jeans: scandale financier dans le Vieux-Montréal

Publié le 23/09/2011 à 08:00, mis à jour le 23/09/2011 à 13:14

Fondateur de Guess Jeans: scandale financier dans le Vieux-Montréal

Publié le 23/09/2011 à 08:00, mis à jour le 23/09/2011 à 13:14

Photo : Rachel Côté

Mystérieuse fiducie de 43 millions de dollars chez son avocat, immeubles montréalais transférés dans une autre fiducie opaque, plus d'une cinquantaine de comptes de banques au Québec, et d'autres à l'étranger... Georges Marciano, le fondateur de Guess Jeans, est au coeur d’un véritable scandale financier qui se déroule à Montréal, a appris LesAffaires.com.

En 2009, Georges Marciano a « fui » dans la métropole et multiplié les stratagèmes pour cacher le gros de ses actifs au Canada. Il veut ainsi échapper à la faillite forcée aux États-Unis, selon les avocats d'anciens employés qui l'ont poursuivi.

La Cour californienne a condamné l'ancien magnat du jean délavé à payer 260 millions US à d'anciens employés qu'il a accusés de vol à tort. Mais il refuse de payer. Il a même rapatrié pour 50 millions en tableaux, voitures de luxe et bijoux de Beverly Hills, incluant un diamant de 16 millions. Une riche collection saisie par le syndic PricewaterhouseCoopers les 16 et 23 septembre, dans deux immeubles de Georges Marciano: l'hôtel LH, rue Saint-Jacques, et le 507, Place d'Armes.

Pour mettre la main sur l'argent, la Cour supérieure du Québec autorise les avocats canadiens à saisir pas moins de 54 comptes de banque et à interroger quatre autres personnes.

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Parmi elles, l'un des avocats canadiens de Georges Marciano. « Au 20 août 2009, plus de 43 millions de dollars étaient détenus dans le compte en fidéicommis de Me Marc Rubin de la firme De Grandpré Chait, mentionne un document de la Cour supérieure du Québec. Jusqu'à maintenant, Me Rubin a refusé de fournir quelque information que ce soit sur l'usage qui a été fait de cet argent [...] »

Joint à son bureau, Marc Rubin n'a pas voulu répondre à nos questions. « Aucun commentaire : la cause est devant les tribunaux », a-t-il dit avant de raccrocher. En 2009, l'avocat avait fait parvenir une mise en demeure à Les Affaires pour empêcher l'hebdomadaire de publier un article révélant les déboires et les investissements immobiliers de Georges Marciano à Montréal. Sans succès.

L'avocat de la poursuite américaine, Bernard Boucher, pourra aussi interroger le gestionnaire d'immeubles Yannick Desbiens et Michel Bensmihen. Ce dernier, courtier de Cushman & Wakefield Lepage, a déniché les 18 immeubles que Georges Marciano a acquis dans le Vieux-Montréal entre 2006 et 2009. Prix total : plus de 80 millions de dollars. Saisis.

Ces deux partenaires de l'homme d'affaires n'ont pas rappelé Les Affaires. Ils sont administrateurs de CKSM, la fiducie dans laquelle Georges Marciano a transféré tous ses immeubles, selon les documents déposés en cour.

54 comptes de banque

En outre, la Cour supérieure autorise la saisie de 54 comptes de banque. Les établissements concernés sont la Banque Nationale et la Financière Banque Nationale, la Banque Laurentienne, la Banque Royale et RBC Gestion de patrimoine, la Banque de Montréal ainsi que la CIBC.

En 2009, la Banque Royale a d'ailleurs pris deux garanties totalisant 11,5 millions de dollars sur des immeubles de Georges Marciano. Impossible de savoir s'il avait remboursé le prêt correspondant : l'institution n'a pas rappelé Les Affaires.

Le syndic PricewaterhouseCoopers a déjà saisi 12 comptes et a obtenu l'autorisation d'en saisir 42 autres. Les 15 et 16 septembre, il a pris possession des 18 immeubles du collectionneur dans le Vieux-Montréal et a mis la main sur une collection d'œuvres d'art, de bijoux et de voitures d'une valeur de 50 millions. « Des bagnoles, il y en avait 11 ! » dit Christian Bourque, associé chez PWC. L'opération a eu lieu à l'hôtel LH, rue Saint-Jacques, un immeuble du 19e siècle où réside Georges Marciano et sa femme, Sascha Romer, également visée par les documents judiciaires.

Trois actifs immobiliers restent à saisir. Il s'agit de trois terrains et une maison à Sainte-Cécile-de-Milton et Granby, en Montérégie, d'une valeur totale de 1,97 million.

En 1993, Georges Marciano a vendu à ses frères sa part de 40 % dans Guess Jeans, pour 240 millions.

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