Quand j'ai lu Good to Great, cet impressionnant livre à succès de Jim Collins, j'y ai tout de suite vu plusieurs similarités entre les caractéristiques des grands leaders relevées par l'auteur et des traits marquants du fondateur de Transcontinental, Rémi Marcoux, que j'ai côtoyé pendant quelque 30 ans.
Fort d'une recherche menée auprès de 1 435 sociétés qui ont figuré dans le Fortune 500 de 1965 à 1995, Collins a développé une typologie de cinq niveaux de leadership.
Des 126 sociétés retenues pour la sélection finale, Collins en a gardé 11. Il a ensuite cherché à comprendre ce qui distinguait vraiment leur premier dirigeant.
En plus de posséder les qualités essentielles des bons leaders (vision claire, compétences, éthique du travail, capacité de travailler en équipe, d'organiser le travail et de tirer le meilleur des personnes et des ressources qui leur sont confiées, etc.), les leaders de niveau 5, les meilleurs, offrent un mélange paradoxal d'humilité et de grande détermination professionnelle.
Réussite et pérennité
Axés sur les résultats et la pérennité de leur société, les grands leaders réussissent, peu importe leur secteur d'activité. Rémi s'est lancé en affaires dans l'imprimerie, un secteur traditionnel dominé par des géants, et a diversifié sa société dans les médias. C'est grâce à son sens de l'innovation et de sa poursuite de l'efficacité que TC Transcontinental est devenue le premier imprimeur du Canada, qu'elle est le principal éditeur de magazines du pays et qu'elle est au premier rang des médias communautaires du Québec et de trois provinces de l'Atlantique. L'entreprise évolue maintenant vers une société d'activation marketing, tout en maintenant sa rentabilité et en améliorant sa solidité financière.
Entrepreneur dans l'âme, Rémi ne s'est jamais laissé distraire de son grand objectif : bâtir une entreprise qui allait lui survivre. Sa relève est en place, d'où sa décision de lui laisser la direction de TC Transcontinental. «Ils comprennent mieux que moi les technologies qui vont permettre d'assurer le succès et la pérennité de la société», dit-il.
Autre caractéristique des grands leaders, dont Rémi : s'entourer de bonnes ressources et leur laisser une grande autonomie. Ainsi, pour relancer Les Affaires, il a recruté un éditeur expérimenté, Claude Beauchamp, à qui il a donné carte blanche. Pendant toutes les années où j'ai dirigé le contenu des Affaires, Rémi m'a fait une seule suggestion relative à une prise de position éditoriale. Le lendemain, il a retiré sa suggestion.
Modeste, Rémi n'a jamais couru les tribunes pour se mettre en valeur et distribuer des conseils. Au lieu de s'approprier les succès de l'entreprise, il les a utilisés pour valoriser ses équipes. De plus, je ne l'ai jamais entendu blâmer un tiers pour une stratégie qui a mal tourné.
Persévérant, tenace et courageux, Rémi n'a jamais reculé devant les difficultés (c'est aux États-Unis qu'il a trouvé le financement de sa première imprimerie), les défis (il a fait ses études universitaires à HEC Montréal par des cours du soir) et les décisions difficiles (comme délaisser des marchés après avoir constaté que ceux-ci ne cadrent plus avec les objectifs stratégiques de la société).
Comme les leaders de niveau 5 de Collins, Rémi a toujours su allier détermination et humilité. Son authenticité et son intégrité ont aussi été une grande source d'inspiration dans tout ce que j'ai fait pour essayer de donner à nos lecteurs et annonceurs ainsi qu'à la communauté québécoise un produit répondant bien à leurs besoins.
