Connaissez-vous un service pour lequel les clients sont libres de commander toutes sortes de soins sans en connaître les coûts ni avoir à les payer ?
Cette façon de faire aberrante, c'est celle de notre système de santé. On connaît tous des personnes qui fréquentent les urgences d'hôpitaux et des cliniques sans nécessité ou qui obtiennent parfois des ordonnances pour des examens et des tests inutiles. Ceux-ci sont exécutés sans pénalité par des personnes et des établissements, même s'ils sont conscients qu'il s'agit d'un gaspillage.
S'il en est ainsi, c'est un peu parce que la rémunération à l'acte de nos médecins entrepreneurs incite à la surconsommation. Face à une demande de soins qui est presque illimitée, parce que gratuite, pas besoin d'être un génie pour comprendre que notre système est mal conçu à la base.
D'ailleurs, à en juger par les 498 pages du Manuel de facturation des omnipraticiens (auquel s'ajoute une convention collective de 730 pages) et les 834 pages du Manuel de facturation des spécialistes, il n'est pas étonnant que même les médecins ne s'y retrouvent pas. Le chroniqueur Francis Vailles, de La Presse, démontrait récemment par plusieurs exemples de tarifs tarabiscotés, l'aberration de ce système conçu par des bureaucrates et complexifié à l'extrême au fil des négociations des fédérations de médecins, qui ont toujours une main sur une calculette et une autre sur un terminal de paiement.