La chimie verte est loin de colorer l'industrie

Publié le 18/09/2008 à 10:43

La chimie verte est loin de colorer l'industrie

Publié le 18/09/2008 à 10:43

Par lesaffaires.com
Dopée par une réglementation environnementale toujours plus contraignante, la chimie verte a le vent en poupe. Cependant, il faudra encore être patient pour la voir colorer toute l'industrie chimique, car plusieurs obstacles se dressent sur sa route. Une maturité à acquérir Une barrière technologique, tout d'abord. Peu de procédés verts ont atteint une maturité suffisante pour être appliqués à l'échelle industrielle. Jérôme Claverie, professeur au Département de chimie de l'Université du Québec à Montréal, se passionne pour la recherche d'un catalyseur pour la synthèse du polyéthylène dans l'eau qui soit suffisamment efficace pour être utilisé à grande échelle. De la recherche fondamentale qui pourrait servir à la production de peintures anticorrosives sans composés organiques volatils. L'entreprise américaine Rohm and Haas, un acteur important du secteur, s'est d'ailleurs associée au projet... avant de s'en retirer. " Le développement n'allait pas assez vite à son goût ", déplore Jérôme Claverie. La barrière financière Un autre écueil de taille : les coûts d'implantation. Quand un procédé est moins toxique, qu'il consomme moins d'énergie et qu'il cause moins d'accidents, il est moins cher." Mais quand on a construit une usine pour 30 ans et qu'elle est parfaitement adaptée à un procédé de chimie classique, on y pense à deux fois avant de refaire l'ingénierie", dit Audrey Moores, une jeune professeure de chimie verte à l'Université McGill. Plusieurs industriels hésitent à sauter le pas, à moins d'y être obligés par des contraintes réglementaires. La propriété intellectuelle peut aussi gonfler la facture des industriels. Par exemple, dans les usines de Cascades, poids lourd de l'industrie papetière, les cires qui proviennent d'hydrocarbures ont été en partie remplacées par des cires végétales; c'est plus propre, techniquement avantageux et moins cher. En partie seulement, parce qu'au-delà d'un certain pourcentage d'utilisation de cires végétales, Cascades devrait payer des redevances à l'inventeur du procédé, ce qui diminuerait son bénéfice. Une image verte très profitable Malgré son surcoût, la chimie verte est rentable à long terme. En 1991, Cascades a implanté le blanchiment sans chlore dans ses usines de pâte à papier." Jusqu'en 2000, le procédé nous coûtait 64 % plus cher que le blanchiment au chlore, admet Roger Gaudreault, directeur général de la R-D de Cascades. Avec les années, nous avons réussi à ramener le surcoût à 25 %. Le procédé est tout de même rentable, car nous pouvons utiliser une matière première moins chère, et l'image plus verte de l'entreprise s'est révélée très profitable." Ainsi, malgré ces obstacles, la chimie verte demeure promise à un bel avenir industriel. Roger Gaudreault attend de pied ferme de nouvelles applications :" Un de mes rôles est de donner des orientations à nos fournisseurs de produits chimiques. J'aimerais trouver des adhésifs naturels, des anti-mousses à base d'huiles végétales, des surfactants plus propres... Et même des adjuvants optiques plus écologiques, bien que pour ces derniers, je ne vois pas quelle molécule naturelle pourrait faire le travail à des coûts raisonnables avant 5 à 10 ans." Le défi est lancé. Chimistes, à vos éprouvettes ! ( repères ) Années 1920 : Découverte d'un des premiers procédés de chimie respectueux de l'environnement, la fabrication par des bactéries de plastiques biodégradables, les fameux bioplastiques : Années 1980 : Débuts de la production industrielle de bioplastiques, par Cargill, entre autres. 1991 : Les Américains Paul Anastas et John Warner inventent l'expression green chemestry. 1996 : L'Agence américaine de protection de l'environnement crée les Presidential Green Chemistry Challenge Awards pour récompenser l'innovation en chimie verte. 12 Nombre des principes à respecter pour qualifier de vert un procédé chimique, parmi lesquels l'efficacité énergétique, le recours à la catalyse et la réduction de la quantité de sous-produits. 4,19 Impact scientifique de la revue britannique Green Chemistry en 2006, en hausse de 29 % par rapport à 2005. L'impact scientifique est le nombre de fois qu'un article de la revue a été cité dans une étude scientifique divisé par le nombre total d'études publiées. Cet article est tiré du journal Les Affaires du 20 au 26 septembre 2008."

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