Keystone XL: la pression monte pour qu'Obama tranche

Publié le 09/01/2015 à 15:09

Keystone XL: la pression monte pour qu'Obama tranche

Publié le 09/01/2015 à 15:09

Par AFP

(Photo: Bloomberg)

La pression s'accentue aux États-Unis pour que Barack Obama annonce s'il autorisera ou non le projet canadien d'oléoduc Keystone XL, après une décision judiciaire favorable et un nouveau vote au Congrès vendredi.

Pour ses adversaires républicains, le président démocrate est désormais «à court d'excuses» pour trancher sur le sort de ce projet transfrontalier contesté par les écologistes, et dont l'administration américaine évalue depuis plus de six ans s'il est dans l'«intérêt national».

«Il n'y a plus d'excuses, scientifiques ou autres, pour que le président continue à bloquer l'oléoduc», a déclaré le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner. «Une immense majorité d'Américains soutient ce projet énergétique créateur d'emplois, et le président Obama doit respecter leur volonté et cesser son obstruction».

Les partisans canadiens et américains de Keystone XL, devenu l'objet d'une féroce querelle partisane, se sont réjouis de la décision de la Cour suprême du Nebraska, État du centre du pays où doit aboutir le futur oléoduc de l'opérateur TransCanada.

Les juges ont de fait validé le tracé de l'oléoduc dans cet État, déboutant les plaignants. De l'aveu de Barack Obama, leur arrêt était l'ultime obstacle à ce qu'il tranche sur le bien fondé du projet.

«Très heureux», le PDG de TransCanada Russ Girling a dit espérer que le processus aboutisse d'ici environ deux mois.

«J'estime que tous les aspects du projet ont été approuvés», a-t-il déclaré lors d'une conférence téléphonique. «Nous espérons une approbation finale très, très rapidement».

La Maison Blanche a expliqué que le département d'État, l'administration qui fait autorité dans le dossier, «intégrait cette décision judiciaire dans son examen pour déterminer si le projet Keystone XL servait l'intérêt national». 

La porte-parole du département d'État, Jennifer Psaki, a précisé que huit agences fédérales devaient maintenant remettre leurs conclusions sur l'intérêt national du projet.

Mais les républicains ont décidé que le projet ne pouvait plus attendre.

La Chambre des représentants a adopté à une forte majorité, avec le concours de 15% des démocrates, une proposition de loi qui couperait court à la procédure administrative et autoriserait le démarrage du chantier.

Barack Obama a prévenu qu'il opposerait son veto à toute loi qui interfèrerait dans le processus normal d'autorisation, mais ses menaces n'ont pas dissuadé les parlementaires. 

Le Sénat commencera à débattre de la question la semaine prochaine. 

«Très bien pour le Canada»

L'opérateur TransCanada a déposé, en 2008 puis en 2012, une demande de construction de Keystone XL pour transporter du pétrole brut extrait des sables bitumineux de l'Alberta, au Canada, jusqu'au Nebraska, d'où il pourra rejoindre les raffineries du golfe du Mexique via un réseau existant d'oléoducs.

Le Canada est, de loin, le premier fournisseur de pétrole brut des États-Unis, et les gisements de sables bitumineux de l'Alberta représentent la troisième réserve de brut du monde. 

Mais les écologistes s'inquiètent des risques de fuite, et dénoncent l'exploitation des sables bitumineux, dont le pétrole émet lors de son cycle de vie, de l'extraction à la consommation, 17% de gaz à effet de serre de plus que les bruts conventionnels, selon le rapport d'impact environnemental du département d'État.

En outre, l'exploitation à ciel ouvert défigure de vastes terrains et les Amérindiens vivant dans les régions concernées, soutenus par des organisations écologistes, ont dénoncé l'apparition de substances toxiques dans le sol et les eaux.

Mais les républicains soulignent que le transport de pétrole par oléoduc est plus sûr que par chemin de fer, et que Keystone XL permettra de renforcer la sécurité énergétique américaine. 

L'oléoduc servira en fait de raccourci à l'oléoduc Keystone opéré depuis 2010, et permettra d'augmenter la capacité de transport à 830 000 barils par jour, contre 590 000 actuellement.

Le chantier créera, selon le département d'État, quelque 42 000 emplois directs et indirects aux États-Unis pendant les deux années de chantier.

Sur le fond, Barack Obama veut empêcher le Congrès de décider à sa place. Il n'a pas encore pris de décision, mais fait valoir depuis des mois ses doutes sur l'intérêt stratégique du projet.

«C'est très bien pour les entreprises pétrolières canadiennes et c'est bien pour l'industrie pétrolière canadienne mais cela ne n'apportera pas de bienfaits majeurs aux consommateurs américains», a-t-il dit en décembre.

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