Éliminer la notion de déchet pour prospérer

Publié le 19/08/2006 à 10:43

Éliminer la notion de déchet pour prospérer

Publié le 19/08/2006 à 10:43

Par lesaffaires.com
Pendant que l'industrie du textile québécoise agonise, Victor Innovatex, de Saint-Georges, en Beauce, prospère. Elle prévoit même embaucher 20 employés de plus cette année. Qu'est-ce que son président, Alain Duval, a compris et qui échappe aux autres ? Visionnaire, M. Duval a épousé le modèle de gestion de la durabilité. Ce qui signifie qu'il fait les choses de façon très différente. Par exemple, il vise non pas à réduire les déchets produits par ses activités, mais à éliminer complètement la notion de "jeter". Même après usage, ses tissus spécialisés pour le mobilier ne deviendront jamais des déchets ! Au Québec, il se produit en moyenne quelque 20 tonnes de déchets chaque minute. Ils sont la source de conflits sociaux contraires aux conditions du développement durable, et un non-sens économique. Un déchet, c'est une utilisation incomplète de la ressource, et cela coûte extrêmement cher. Boucler la boucle Actuellement, les industriels fonctionnent en boucle ouverte, c'est-à-dire que les ressources ne servent qu'une seule fois. La nature, elle, fonctionne en boucle fermée. Par exemple, le carbone, l'oxygène et l'azote accumulés dans un arbre nourrissent les sols et les insectes quand il meurt. Les ressources sont continuellement recyclées."Pour que les humains prospèrent réellement, nous devons apprendre à imiter le système en boucle fermée extraordinairement efficace de la nature", affirment William McDonough et Michael Braungart, deux instigateurs du concept. Comment ? Il suffit d'éliminer la notion de déchet dès le début, à l'étape de conception. C'est là le deuxième principe du développement durable. Pour fermer la boucle, il faut concevoir les produits, les emballages et toutes les activités, en tenant compte du concept des flux de nutriments et des métabolismes. Alain Duval s'est inspiré de cette approche pour mettre au point le tissu Eco-Intelligent. Non seulement peut-il être recyclé indéfiniment, en boucle fermée, mais il est sécuritaire, car il ne contient aucune substance toxique. La transformation a commencé quand, à la demande d'un client, Victor Innovatex s'est joint à un groupe d'experts, formé entre autres de M. McDonough, pour créer"la prochaine génération de tissus". Rien que pour la teinture, ils ont recensé plus de 10 000 produits chimiques couramment utilisés par l'industrie du textile. À peine une vingtaine satisfont aux exigences de non-toxicité pour l'environnement et l'humain. Résultat : l'effluent qui sort de l'usine est plus propre que l'eau qui entre ! Donc, en éliminant les déchets toxiques de toutes les étapes du cycle de vie dès la conception, les ingénieurs ont aussi éliminé les coûteux contrôles environnementaux, et ils ont gagné un nouveau marché. L'an dernier, la croissance de l'entreprise était de 24 %, dans une industrie qui souffre pourtant de la concurrence chinoise. Cela dit, tout n'avait pas été prévu quand M. Duval s'est embarqué dans le projet. Il n'avait pas prévu tout l'impact positif que cette approche de développement durable aurait sur ses affaires. C'est le cas en matière de gestion du personnel. Les employés ne sont pas exposés à des substances potentiellement cancérigènes. Ainsi, la culture d'entreprise aide à attirer les meilleurs candidats de l'industrie. Et ceux qui y sont restent. Victor Innovatex a un très bas taux de roulement, autour de 1 %. C'est payant, quand on considère qu'il en coûte entre 50 000 et 120 000 $ pour remplacer un employé. Désassemblage des produits En fin de vie, les matériaux doivent être récupérés pour réintégrer le cycle d'approvisionnement. C'est pourquoi, dans plusieurs entreprises, les ingénieurs misent sur le design pour favoriser le désassemblage des produits. Les chaises de Steelcase, un client de Victor Innovatex, ne sont pas vendues avec un manuel d'assemblage, mais plutôt avec un guide de désassemblage. Il faut compter à peine cinq minutes pour séparer plastiques, métaux et tissus. Parce qu'ils ont été conçus pour être recyclés, ces matériaux intègrent un nouveau cycle de vie à faible coût. Ce principe est encore au stade embryonnaire du point de vue industriel, mais les possibilités pour réduire les coûts sont énormes. C'est pourquoi certains fabricants d'automobiles élaborent des chaînes de désassemblage. Des architectes dessinent des bâtiments"réutilisables", comme des Lego. Et des chercheurs conçoivent les emballages de l'avenir, biodégradables, qui serviront à nourrir les sols. Quatre principes à suivre 1 Produire mieux avec moins 2 Éliminer la notion de déchet 3 Développer une économie de services 4 Réinvestir dans la diversité"

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