Au-delà de la marque du Canadien elle-même, des commerces et des restaurants "sportifs" voisins du Centre Bell, est-ce que l'économie de la métropole profite des succès du club ?

Pas si sûr, selon les économistes, pour qui l'impact de la participation du Canadien aux séries éliminatoires reste à démontrer.

"Sur le plan de la visibilité, les retombés sont importantes. L'impact psychologique sur la ville est également non négligeable, admet Sylvain Lefebvre, directeur du Groupe de recherches sur les espaces festifs à l'UQAM. Mais son apport économique, c'est une autre histoire."

À son avis, on assiste au déplacement des dépenses de divertissement des consommateurs montréalais (du ski vers le hockey, par exemple) plutôt qu'à un apport d'argent neuf.

Ce scepticisme est partagé par plusieurs, dont Marc Lavoie, économiste du sport à l'Université d'Ottawa et vice-président de l'Association internationale des économistes du sport.

À l'évidence, reconnaît-il, les commerces avoisinants profitent d'une prolongation de la saison. Théoriquement, cette saison qui s'étire sert aussi l'industrie touristique.

Sans pouvoir quantifier l'impact de la participation du Canadien aux séries sur le taux d'occupation des hôtels montréalais, Pierre Bellerose, vice-président de Tourisme Mont- réal, assure qu'"à partir de la deuxième ronde, cet impact devient significatif."

Marc Lavoie est loin d'en être convaincu. "Pour qu'il y ait un réel impact, il faut de l'argent d'ailleurs. Or, si des fans américains viennent jusqu'ici pour suivre leur équipe préférée, au moins autant de Montréalais vont aux États-Unis pour encourager le Canadien. Au mieux, l'effet est donc nul."

Tellement qu'après avoir tenté pendant des années de mesurer l'impact d'une équipe professionnnelle sur l'économie d'une ville, M. Lavoie en est venu à la conclusion suivante : "Ou bien il n'y a aucun impact, ou bien l'impact est si négligeable qu'il est à peu près impossible de le mesurer à l'aide de modèles économétriques reconnus."