Efficacité énergétique : la clé se trouve dans les procédés

Offert par Les Affaires


Édition du 13 Janvier 2018

Efficacité énergétique : la clé se trouve dans les procédés

Offert par Les Affaires


Édition du 13 Janvier 2018

[Photo : 123RF]

Quelle est la forme d'énergie la moins coûteuse ? Celle qu'on n'utilise pas. Pour réduire vos coûts, ne vous limitez pas à remplacer vos luminaires. Les changements les plus avantageux se cachent sans doute dans vos façons de faire.

«Quand on veut améliorer la productivité énergétique, le réflexe est de penser à changer des équipements. C'est toutefois l'amélioration de procédés qui permettrait de faire des gains réellement importants», explique Johanne Whitmore, chercheuse principale à la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal. Elle est aussi vice-présidente de la Table des parties prenantes de Transition énergétique Québec et sera conférencière le 23 janvier à l'événement Sommet sur l'énergie, organisé par le Groupe Les Affaires.

Elle mentionne l'exemple de Pratt & Whitney, qui a réalisé depuis quelques années des améliorations qui se basent sur l'idée de l'économie circulaire, soit de récupérer les pertes - d'énergie ou de ressources - pour les mettre en valeur autrement. L'entreprise a par exemple revu son modèle d'exploitation, de sorte à pouvoir recouvrer ses moteurs pour en récupérer les métaux, ce qui revient moins cher que d'acheter des métaux neufs. Elle récupère aussi la chaleur émise par certaines machines, de façon à réutiliser cette énergie.

Les améliorations de procédés, ou améliorations systémiques, peuvent prendre différentes formes. Il peut s'agir, comme Pratt & Whitney, d'utiliser ou de récupérer la chaleur dans une usine de production qui génère des pertes de chaleur. L'isolation d'un entrepôt ou d'une usine peut également permettre de réduire les coûts de chauffage. Les améliorations peuvent cibler d'autres sources d'inefficacité : produits rejetés, pertes de matières premières, surproduction, inventaires excessifs, équipements qui fonctionnent lorsque la production est à l'arrêt. Avec les mégadonnées et l'Internet des objets, il est plus facile que jamais de déterminer les sources d'amélioration.

«Quand vous améliorez votre productivité énergétique, vous améliorez aussi généralement votre productivité en ressources en réduisant vos pertes, explique Mme Whitmore. Cela réduit vos besoins en intrants et vos coûts.»

Un soutien nouveau

Pour soutenir les entreprises dans leur transition énergétique, les différents ordres gouvernementaux auraient toutefois avantage à revoir l'appui qu'ils offrent déjà.

Actuellement, remarque Mme Whitmore, les programmes d'aide ciblent principalement le remplacement de technologies spécifiques, comme des luminaires, des chaudières et des compresseurs d'air, par des appareils plus efficaces. En revanche, selon elle, il y aurait intérêt à mettre en place des programmes qui soutiennent l'amélioration de procédés, de la gestion des opérations ou du cycle de production. Elle n'est pas seule à être de cet avis.

Le rapport d'évaluation du programme Appui aux initiatives - Systèmes industriels d'Hydro-Québec, soulignait déjà en 2010 que «les délégués et ingénieurs sont d'avis que le principal potentiel pour l'avenir du programme réside dans les procédés».

Avec l'Internet des objets et les mégadonnées, qui sont d'une grande aide dans le cadre de projets d'amélioration de procédés, une telle avenue est plus envisageable que jamais.

Bénéfices pour les PME

Pierre-Francis Parent, surintendant à l'efficacité énergétique chez Fortress Cellulose Spécialisée, estime que les PME ont beaucoup à gagner à améliorer leur productivité énergétique, notamment en matière d'image. «C'est vendeur d'être vert, dit-il. Beaucoup d'entreprises font donc de l'écoblanchiment, c'est-à-dire qu'elles prétendent être vertes même si elles ne le sont pas. Dans un tel contexte, si vous faites de vrais efforts et que vous pouvez le démontrer, vous en sortirez gagnant.»

M. Parent remarque également que les fonds d'investissement verts font parler d'eux plus que jamais. Selon lui, les investisseurs sont de plus en plus prêts à sacrifier un peu de rendement pour s'assurer que leur argent sert à soutenir des entreprises écoresponsables. «Si vous améliorez votre productivité énergétique, vous ouvrez donc la porte à une nouvelle enveloppe d'investissements.»

Les grandes entreprises telles que des cimenteries ou alumineries ont aussi beaucoup à gagner. Elles n'ont toutefois pas les mêmes moyens, remarque M. Parent. Si elles n'ont pas d'experts en énergie, elles ne remarquent donc peut-être pas les problèmes ou sont incapables d'en chiffrer l'ampleur. Même lorsqu'elles en sont conscientes, elles n'ont pas toujours le temps de s'en occuper.

Pour aider les PME, Mme Whitmore aimerait donc voir le gouvernement financer des initiatives qui permettraient de leur donner un coup de main. Quel genre d'initiatives ? «Une petite PME qui emploie dix personnes n'aura jamais de responsable de l'énergie ou du développement durable, dit-elle. On pourrait donc regrouper des PME du même secteur, ou qui ont des besoins semblables, et leur offrir de l'expertise partagée. Il y a là de belles économies d'échelle à réaliser.»

CONFÉRENCE : Sommet sur l'énergie

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