Le centre commercial Vaughan Mills, au nord de Toronto, propose notamment une salle de quille, des pistes de Go-Kart et une arcade à ses clients, pour les retenir le plus longtemps possible.
Les centres commerciaux du Québec misent sur les médias sociaux et les activités ludiques pour attirer les consommateurs et les retenir le plus longtemps possible. La baisse du revenu disponible des ménages – attribuable à l’endettement et au bond du prix du pétrole, entre autres – n’est pas sans conséquence sur l’achalandage et les ventes, depuis le début de l’année.
Selon Claude Sirois, directeur provincial de l’ICSC Québec (International Council of Shopping Centers) et vice-président investissements d’Ivanhoé Cambridge, l’achalandage au cours des derniers mois est « demeuré à des niveaux respectables ». Quant aux ventes, il y a généralement un repli, a-t-il mentionné à LesAffaires.com au cours d’un entretien, refusant toutefois de divulguer des chiffres précis.
On sait qu’au premier trimestre, les ventes au détail ont diminué au Québec de 1,0 % en janvier et de 0,8 % en février (par rapport au mois précédent) avant d’afficher une légère hausse de 0,5 % en mars. Les données pour avril seront connues la semaine prochaine.
Pour la prochaine année, l’économiste Robert Hogue, de RBC Marchés des capitaux, prévoit une « croissance modérée de la consommation », a-t-il indiqué au cours de la Conférence annuelle de l’ICSC Québec, qui se tient à Montréal mercredi et jeudi.
Médias sociaux, activités et aires de repas
« On ne peut rien prendre pour acquis. S’il y a une fragilisation de la confiance des consommateurs, il faut s’ajuster. Il faut trouver des moyens d’attirer des gens », confie Claude Sirois. Ainsi, les propriétaires de centres commerciaux se tournent ver les applications pour téléphones intelligents, Facebook, Twitter et diverses stratégies marketing push et pull, a-t-il détaillé. En outre, ils tentent de rendre les visites dans les centres commerciaux plus amusantes et diversifiées en proposant des aires de repas attrayantes et une série d’activités.
Tout cela encourage les gens à rester plus longtemps et au final, à dépenser davantage.
Le centre Vaughan Mills (propriété d’Ivanhoé Cambridge), au nord de Toronto, par exemple, propose des pistes de Go-Karts, une salle de quilles et une arcade comptant 70 jeux. Au Carrefour Laval (une propriété de Cadillac Fairview), un investissement de 54 M$ a notamment permis de réaménager complètement l’aire de repas pour la rendre plus moderne, confortable et « gourmet » (inauguration en novembre 2009). Ailleurs au pays, d’autres rénovations majeures ont eu lieu l’an dernier.
E-commerce et m-commerce menaçants
Les propriétaires de centres commerciaux doivent aussi s’adapter au mode de vie des jeunes, qui passent beaucoup de temps sur le web et sur leurs téléphones. « Nous prenons tout cela à cœur », admet Claude Sirois. Car la popularité croissance des achats en ligne et par téléphone cellulaire représentent une menace de plus en plus sérieuse.
« Ça fait 10 ans qu’il y a du commerce électronique aux États-Unis et ça représente seulement 5 % des ventes… Mais le m-commerce (achats par téléphone mobile intelligent) va-t-il exploser ? » a demandé le vice-président à la foule venue entendre sa conférence portant sur l’état de l’immobilier commercial dans le monde.
« C’est un rouleau compresseur, croit pour sa part Jean-François Grenier, associé senior chez Altus. On ne se rendra pas à 35 % des ventes, mais certainement à 10 %. Regardez les habitudes des jeunes…»
« Il ne faut pas sous-estimer la force du web. Il faut bien utiliser sa force », conclut Claude Sirois.
* Quelque 1000 personnes de l’industrie sont réunies aujourd’hui et demain à Montréal pour la Conférence annuelle de l’ICSC Québec. Il s’agit d’une augmentation de quelque 25 % par rapport à l’an dernier.
