Crise de l'euro: un accord sans le Royaume-Uni

Publié le 09/12/2011 à 07:15, mis à jour le 16/10/2013 à 20:19

Crise de l'euro: un accord sans le Royaume-Uni

Publié le 09/12/2011 à 07:15, mis à jour le 16/10/2013 à 20:19

Par AFP

Photo : Bloomberg

Les Européens se sont mis d'accord vendredi pour renforcer la discipline budgétaire de la zone euro, mais ont échoué à le faire à 27, pour cause de désaccord avec le Royaume-Uni, qui se retrouve isolé.

Les dirigeants réunis à Bruxelles espèrent que leur décision de durcir la gestion des comptes publics pour l'Union monétaire, avec "règles d'or" dans tous les pays et sanctions quasi-automatiques, sera suffisante pour convaincre la Banque centrale européenne de faire davantage pour les aider à circonscrire l'interminable crise de la dette.

Mais ces engagements n'ont pas, sur le coup, rassuré les bourses vendredi matin qui ont ouvert en baisse et restaient sous tension, également affectées par la dégradation par Moody's des grandes banques françaises.

Cependant, vers 7h10 à Montréal (12h10 à Londres, 13h10 à Paris), Londres avance de 0,95 %, Paris bondit de 1,9 % et Francfort prend 1,85 %.

Du côté de Wall Street, les contrats à terme (futures) des indices de la Bourse de New York montent également. Le S&P 500 ajoute 0,95 %, le Dow Jones s'apprécie de 0,85 % et le Nasdaq ajoute 0,8 %.

Après plus de neuf heures d'intenses négociations, les chefs d'Etat et de gouvernement réunis dans le cadre de ce nouveau sommet crucial à Bruxelles n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un changement du traité de l'Union européenne pour réformer la zone euro, celui-ci nécessitant l'approbation des 27 pays membres.

À l'origine de cet épilogue relativement prévisible: les exigences demandées par la Grande-Bretagne, en échange de son feu vert, qui ont créé des tensions et donné lieu à des "moments virils" dans les négociations, selon un diplomate.

Soucieux de composer avec la frange eurosceptique de son parti, le Premier ministre britannique David Cameron (conservateur) a menacé d'opposer son veto. Il a réclamé que la City de Londres puisse être soustraite si nécessaire à la surveillance européenne du secteur financier.

"Nous aurions préféré un accord à 27, cela n'a pas été possible compte tenu de la position de nos amis britanniques" qui ont posé des demandes "inacceptables" par "tous" les autres pays, a regretté le président français Nicolas Sarkozy.

Les Britanniques "n'étaient déjà pas dans l'euro, et donc nous avons l'habitude de cette situation", a commenté vendredi matin la chancelière allemande Angela Merkel, se disant malgré tout "très satisfaite du résultat" "car il n'était pas question de faire des compromis insuffisants et nous y sommes parvenus". "Le monde entier va pouvoir constater que nous avons appris de nos erreurs passées", a-t-elle ajouté.

M. Cameron s'est dit lui satisfait. "Il s'agit d'une décision difficile mais bonne", a-t-il affirmé, en jugeant que son pays n'avait pu obtenir des "garde-fous" nécessaires.

Conséquence de cet écueil, la zone euro s'oriente vers un traité restreint aux dix-sept pays membres, rejoints par six au moins des dix autres États de l'Union européenne.

Outre le Royaume-Uni, la Hongrie a décliné l'offre. La Suède et la République tchèque ont dit avoir besoin de temps avant de trancher.

Un accord intergouvernemental sera donc bientôt signé par les pays de l'Union monétaire et leurs alliés.

Mais l'affrontement avec les Britanniques à Bruxelles risque de laisser des traces en Europe, en ancrant l'idée d'un continent fonctionnant à plusieurs vitesses.

Ce scénario inquiétait depuis le départ le président de l'UE, Herman Van Rompuy, et surtout celui de la Commission européenne, José Manuel Barroso, dont les services auront dans le cadre de l'accord de la seule zone euro un rôle moindre que si cela avait concerné toute l'UE.

"Ce n'est pas l'Europe qui est divisée mais les Britanniques qui sont en-dehors du processus de décision. L'Europe est unie", a insisté vendredi matin la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite à son arrivée pour la deuxième journée de ce sommet marathon.

L'objectif du nouveau traité est le renforcement de la discipline budgétaire de la zone euro, un point jugé capital par l'Allemagne face à la crise de la dette.

Outre les sanctions presque automatiques et les règles d'or imposant le retour à un quasi-équilibre budgétaire, il est prévu un droit d'intrusion européen accru dans la préparation des budgets nationaux. Des pays bénéficiant d'une aide extérieure, comme la Grèce ou l'Irlande aujourd'hui, pourront en outre être placés sous tutelle européenne.

Le président de la BCE, l'Italien Mario Draghi, a qualifié de "résultat très bon pour la zone euro" les décisions prises lors du sommet de Bruxelles en matière de discipline budgétaire.

"C'est le signal qu'on attendait", commente un diplomate européen, qui espère que l'institut monétaire acceptera désormais d'acheter plus massivement de la dette publique de pays fragile sur les marchés afin de faire redescendre leurs taux d'intérêt obligataires, montés à des niveaux insoutenables.

La zone euro pour le reste a accouché de résultats d'ampleur limité sur le renforcement de son propre pare-feu contre la crise de la dette, sujet sur lequel les discussions devaient se poursuivre vendredi.

Plusieurs solutions ont buté sur l'inflexibilité de l'Allemagne, qui a rejeté une proposition visant à augmenter les moyens du futur fonds de sauvetage permanent de la zone euro (MES), ou de lui permettre à terme de s'alimenter au guichet de la Banque centrale européenne (BCE).

Berlin s'est aussi opposé à ce que les euro-obligations soient évoquées comme possibilité à long terme dans une déclaration finale du sommet.

En revanche, "le FMI va participer" aux "efforts" de la zone euro, a promis sa directrice générale Christine Lagarde. Les États de la zone euro, et d'autres non membres de l'Union monétaire, envisagent dans un premier temps de renflouer eux-même le Fonds monétaire international à hauteur de 200 milliards d'euros sous forme de prêts.

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