Zéro COVID et ralentissement mondial font souffrir l'économie chinoise

Publié le 09/11/2022 à 07:59

Zéro COVID et ralentissement mondial font souffrir l'économie chinoise

Publié le 09/11/2022 à 07:59

Par AFP

Un élément propre à la Chine fait également souffrir son économie: l'obstination de Pékin dans sa politique zéro COVID, qui implique des confinements à répétition et des restrictions sur les transports dès que les cas augmentent. (Photo: 123RF)

Pékin — Les mauvais chiffres se succèdent pour l'activité économique chinoise, qui souffre à la fois du ralentissement mondial et de la stricte politique zéro COVID, selon les analystes, une stratégie que la Chine ne semble pas près d'abandonner.

Ces derniers jours, les statistiques concernant les exportations, les prix à la production et l'activité manufacturière dans la deuxième économie mondiale ont toutes été dans le rouge.

Même les milliardaires chinois en pâtissent: leur nombre a connu sa plus forte baisse en 24 ans, selon le classement établi par le cabinet Hurun.

Pour de nombreux analystes, c'est la morosité économique mondiale qui a fait baisser les exportations, longtemps l'un des principaux moteurs de la croissance chinoise.

«Les conditions monétaires se compliquent rapidement dans les autres pays, tandis que l'inflation reste forte dans un contexte de coûts énergétiques élevés», souligne Erin Xin, économiste spécialiste de la Chine pour HSBC, dans une note.

«Avec le ralentissement de la demande mondiale», notamment dans l'habillement et l'électronique, «l'économie nationale devra prendre le relais», estime-t-elle.

Cette mauvaise santé des exportations affectera l'activité manufacturière et l'emploi, redoute Iris Pang, cheffe économiste responsable de la Chine pour ING.

À l'horizon, prédit-elle, le risque d'une déflation, baisse générale et durable des prix à la consommation.

 

Restrictions

Outre ces facteurs externes, un élément propre à la Chine fait également souffrir son économie: l'obstination de Pékin dans sa politique zéro COVID, qui implique des confinements à répétition et des restrictions sur les transports dès que les cas augmentent.

De quoi miner la confiance des consommateurs et des entreprises.

Actuellement, une zone représentant plus de 12% du PIB de la Chine est affectée par divers degrés de restrictions sanitaires, selon les calculs effectués lundi par les économistes de la banque japonaise Nomura.

Pourtant, aucun changement ne semble se profiler à l'horizon.

Ce week-end, les autorités sanitaires ont martelé que la politique zéro COVID continuerait à être appliquée «indéfectiblement».

Et l'homme qui a supervisé le long confinement de Shanghai au printemps, Li Qiang, vient d'être récompensé en étant promu numéro deux au Parti communiste, derrière le président Xi Jinping.

«Compte tenu du capital politique investi par les dirigeants dans la grande campagne du zéro COVID, il est peu probable qu'ils en déclarent brusquement la fin dans un avenir proche», indiquent Larry Hu et Yuxiao Zhang, économistes chez Macquarie.

«L'économie chinoise affronte deux obstacles cette année: le zéro COVID et l'immobilier», notent-ils.

La construction et l'immobilier représentent environ un quart du PIB chinois, mais de nombreux promoteurs croulent désormais sous les dettes. Certains acheteurs, furieux de voir les chantiers à l'arrêt, ont décidé d'arrêter de rembourser.

 

Crise de l'immobilier

Pékin vise une croissance autour de 5,5% cette année, mais de nombreux économistes n'y croient plus, même si les chiffres du PIB au troisième trimestre ont agréablement surpris (+3,9%).

Certains observateurs espèrent toutefois que les choses vont s'améliorer.

Les économistes de HSBC disent ainsi «rester constructifs en ce qui concerne la Chine», prévoyant une croissance de plus de 5% l'an prochain.

Ce chiffre sera le résultat de la comparaison avec cette année, plus faible, mais aussi d'«un affinement et assouplissement progressif de certaines restrictions anti-COVID par la Chine en 2023, d'une stabilisation du marché du logement et du maintien de politiques de soutien».

D'autres ne partagent pas cet optimisme. Les analystes de Macquarie indiquent à l'AFP qu'«en raison du ralentissement de l'économie mondiale», les exportations chinoises vont chuter de 5% en 2023.

«En Chine actuellement, il y a un plus gros risque de déflation que d'inflation», estiment-ils, s'attendant à «davantage de mesures d'assouplissement à l'avenir», notamment une réduction du taux de liquidités imposé aux banques chinoises.

 

Sur le même sujet

Invasion de l'Ukraine: nouvelle vague de sanctions américaines

Mis à jour à 13:38 | AFP

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises.

BYD: croissance ralentie au 1er trimestre

29/04/2024 | AFP

BYD avait dépassé Tesla au T4 de 2023 pour devenir le premier vendeur mondial de véhicules électriques.

À la une

Les bénéfices de Gildan en baisse de près de 20% au 1T

L’entreprise est dans une querelle avec certains de ses principaux actionnaires pour savoir qui devrait diriger Gildan.

L’ancien patron de Gildan a obtenu 10M$US au cours des trois dernières années

Le CA de Gildan l’accuse d’avoir «considérablement réduit» son implication quotidienne dans la gestion de la société.

Gildan: le PDG, Vince Tyra, dévoile sa stratégie de croissance

Il a fait le point lundi pour les investisseurs trois mois après avoir pris les rênes de l'entreprise.