Où s'en va la Chine?

Publié le 06/06/2014 à 16:10

Où s'en va la Chine?

Publié le 06/06/2014 à 16:10

Par François Normand

ANALYSE - Le contrôle exercé par les autorités chinoises autour de la commémoration du 25e anniversaire des manifestations de la place Tiananmen, le 4 juin 1989, montre à quel point le régime marche encore sur des oeufs. Car, derrière le succès économique de la Chine, se cache un pays où des citoyens réclament de plus en plus de droits socio-économiques et politiques, sans parler de celui de vivre dans un environnement sain.

Aussi, contrairement à une croyance répandue, la politique chinoise est loin d'être un long fleuve tranquille. Les spécialistes de la Chine se posent d'ailleurs tous ou presque la même question: à quoi ressemblera la Chine de demain, disons vers 2020, 2030, voire 2050? Le parti communiste chinois (PCC) dirigera-t-il encore le pays? Un «printemps chinois» est-il possible, comme le «printemps arabe», au cours duquel des régimes bien établis se sont effrondrés, comme en Égypte ou en Tunisie?

La dernière fois que je suis allé en Chine, en mai 2011, alors que le printemps arabe battait encore son plein, les autorités chinoises empêchaient d'ailleurs systématiquement les attroupements de personnes - surtout les jeunes - dans les parcs ou sur les places publiques. Le déclenchement d'un «printemps chinois» était alors le cauchemar du gouvernement chinois.

Du reste, les manifestations sont déjà très nombreuses en Chine. Selon un rapport publié en 2011 par Human Rights Watch, entre 250 et 500 manifestations sont organisées chaque jour, réunissant de plusieurs dizaines à plusieurs milliers de participants, d'après les statistiques officielles et celles issues de travaux de recherche. Vous avez bien lu: entre 250 et 500 par jour. Ce qui fait entre 91 250 à 182 500 manifestations par année.

Fonctionnaires corrompus, montée des inégalités, expropriations injustifiées, destruction de l'environnement, pollution extrême, aspiration à une plus grande liberté d'expression... Comment la Chine arrivera-t-elle à gérer ce mécontentement et les aspirations de millions de Chinois, qui souhaitent une vie meilleure pour eux et leurs enfants? C'est la grande question qui est sur toutes les lèvres de ceux et celles qui s'intéressent à l'avenir de la Chine.

Et il y a plus possibilités, disent les spécialistes.

La Chine peut d'abord réussir à maintenir le statu quo. Bref, la croissance économique et l'élargissement de la classe moyenne permettront de préserver une certaine cohésion sociale, car ceux qui profiteront des retombées économiques continueront à soutenir le parti communiste chinois.

Les manifestations se poursuivront, mais Beijing pourra apaiser en partie le mécontentement populaire en faisant des réformes, notamment à s'attaquant - comme à l'heure actuelle - à la pollution atmosphérique qui est devenu un enjeu hautement politique en Chine.

La Chine peut aussi vivre un véritable «printemps chinois». Bien que peu probable à court terme en raison du contrôle exercé par les autorités sur la population, cela demeure néanmoins une possibilité, disent les analystes. L'Histoire est jalonnée de régimes non élus qui se sont effondrés rapidement quand une partie importante de la population - souvent appuyée par des éléments de l'armée - les a renversés. La chute du communisme en Europe est en un bel exemple.

Un tel scénario pourrait déboucher sur la mise en place d'un régime démocratique, mais aussi provoquer une guerre civile, dans un pays qui en a connue une très longue, de 1927 et 1949. Cette guerre avait opposé les nationalistes du Kuomintang dirigés par Tchang Kaï-Chek au parti communiste chinois dirigé par Mao Zedong. Ce sont les communistes qui ont gagné la guerre civile et qui dirigent depuis le pays.

Enfin, au fil des décennies, le régime chinois peut évoluer et accorder graduellement de plus en plus de libertés politiques et économiques à ses citoyens. On peut imaginer le maintien du parti communiste au pouvoir, mais qui s'ouvrirait davantage et permettrait un renouvellement de garde plus fréquent - actuellement, c'est au 10 ans. Bref, ce serait un régime autoritaire, mais qui reposerait sur un plus grand appui populaire.

Cette plus grande ouverture pourrait aussi déboucher sur la création d'un véritable régime démocratique, comme en Inde, pensent d'autres analystes. On entend souvent dire que la Chine abrite trop d'habitants (1,3 milliard) pour tenir des élections et maintenir une cohésion sociale. Son voisin indien, qui en compte pourtant 1,2 milliard, réussit pourtant à le faire, malgré des problèmes socio-économiques graves et des tensions - souvent violentes - entre certaines communautés religieuses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À la une

Bourse: Wall Street ouvre en hausse, rassurée sur l'inflation et la tech

Mis à jour il y a 5 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto ouvre en hausse.

Vous pensez aller vivre en région éloignée? Le Fisc’ vous tend la main

Il y a 25 minutes | Les étudiants en sciences comptables de l'UQO

Les citoyens qui habitent ces régions sont susceptibles d’avoir accès à plusieurs déductions et crédits.

Les nouvelles du marché du vendredi 26 avril

Mis à jour il y a 41 minutes | Refinitiv

Les États-Unis enquêtent sur le rappel de 2 millions de véhicules par Tesla concernant l’Autopilot.