Libre échange:Jean Charest a embarqué le Québec dans une "grande galère"

Publié le 07/12/2011 à 15:19, mis à jour le 18/10/2013 à 07:37

Libre échange:Jean Charest a embarqué le Québec dans une "grande galère"

Publié le 07/12/2011 à 15:19, mis à jour le 18/10/2013 à 07:37

Par La Presse Canadienne

Le premier ministre Jean Charest a embarqué le Québec dans une "grande galère" sans avoir de "gouvernail", concernant les négociations du Canada en vue d'un accord de libre-échange avec l'Union européenne.

C'est ce qu'a dénoncé l'opposition péquiste mercredi, à la veille de la comparution du négociateur du Québec, l'ancien premier ministre Pierre Marc Johnson, en commission parlementaire. Les libéraux soutiennent pour leur part qu'il n'y a pas matière à s'inquiéter.

Le Parti québécois déplore le rapport de forces "trop faible" du gouvernement Charest avec le gouvernement Harper qui mène les négociations. Selon le porte-parole péquiste en matière de Finances, Nicolas Marceau, l'histoire récente prouve que le fédéral n'est pas sensible aux arguments du Québec et qu'il pourrait très bien favoriser une autre province, par exemple l'Alberta.

M. Marceau a cité l'exemple de l'ancien premier ministre Brian Mulroney, qui au contraire avait besoin du Québec pour faire accepter son Accord de libre-échange avec les États-Unis en 1988. Mais cette époque est révolue, selon lui.

"M. Charest (...) nous a embarqués, là, dans une grande galère, mais on n'a plus de gouvernail, on ne contrôle plus ce qui se passe et les gens qui contrôlent, eux, ne sont pas nécessairement prêts à faire les compromis à notre avantage", a déclaré M. Marceau en conférence de presse.

Selon son collègue, le porte-parole en Relations internationales, Alexandre Cloutier, le Québec doit, avant de "se mettre à nu", exiger des garanties, notamment pour protéger sa culture et aussi protéger l'attribution des contrats gouvernementaux, qui servent de "levier" au développement économique du Québec.

"On sait ce que les Européens veulent. Qu'est-ce qu'ils veulent, les Européens? C'est essentiellement d'avoir accès à nos marchés publics. Alors, pourquoi ils veulent avoir accès à nos marchés publics? C'est parce que ce sont des milliards (de dollars) en jeu."

Il a évoqué ce que pourrait vouloir signifier l'ouverture des marchés publics. Hydro-Québec pourrait par exemple devoir renoncer à exiger des retombées locales à ses fournisseurs qui assemblent des éoliennes. Un hôpital ne pourrait plus favoriser un fournisseur alimentaire local grâce à un critère de développement durable ou par souci de réinsertion sociale.

"Alors, oui à la diversification des marchés, oui à réduire le déficit de la balance commerciale du Québec, mais pas à n'importe quel prix", a dit M. Cloutier.

Enfin, en matière de culture, il a rappelé que le Québec réclame une exemption, tandis que l'Union européenne favorise une "exception", ce qui est moins "englobant".

Les deux députés affirment qu'ils font confiance à M. Johnson, mais qu'ils veulent de la transparence et non de l'"opacité".

Pour sa part, le ministre du Développement économique, Sam Hamad, affirme que le PQ "revient en arrière" en s'affichant maintenant contre le libre-échange et s'aligne ainsi sur Québec solidaire.

"De dire qu'on va refermer le Québec et qu'on est en train de tout vendre, c'est vraiment de l'exagération", a-t-il déclaré dans une entrevue.

"Faut aller là (en Europe)! Il y a des études qui démontrent que le Québec et le Canada y gagnent. C'est simple. On aura accès à un marché de 500 millions de personnes."

Il a souligné que le Québec a déjà ouvert ses marchés publics, notamment avec l'entente sur le commerce interprovincial ainsi que l'accord portant sur le Buy American Act.

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