Le Buy America force des fournisseurs québécois à s'implanter aux États-Unis

Publié le 27/06/2014 à 06:03

Le Buy America force des fournisseurs québécois à s'implanter aux États-Unis

Publié le 27/06/2014 à 06:03

Par François Normand

Photo: Bloomberg

Cinq fournisseurs québécois de pièces de systèmes pour le transport en commun devraient ouvrir cette année une usine d'assemblage dans l'État de New York. Objectif? Préserver leur accès au marché américain, tandis que les exigences de contenu local sont de plus en plus strictes aux États-Unis.

Un nouveau projet de loi présenté au Congrès le 25 juin - le Grow America Act - propose d'ailleurs de porter de 60 à 100% d'ici 2019 les exigences de contenu local pour tous les projets de transports en commun aux États-Unis, et ce, des autobus aux trains en passant par les métros.

Ce relèvement du seuil réduit la marge de manoeuvre de nos entreprises de cette industrie qui exportent aux États-Unis ou qui comptent y accroître leurs ventes dans les prochaines années. C'est pourquoi ces cinq fournisseurs - dont les noms ne sont pas connus pour l'instant - ont décidé de s'implanter au sud de la frontière.

«Ces entreprises ne s'implantent pas sur le marché américain par plaisir, mais par nécessité!», dit Jean Simard, directeur administratif du Pôle d'excellence québécois en transport terrestre, qui regroupe 650 entreprises et qui pilote ce dossier.

Ces PME sont des fournisseurs d'éléments pour des systèmes (des tiers trois, comme on dit dans l'industrie) pour des manufacturiers de trains (incluant les voitures de métro) ou des autobus. Elles négocient avec trois villes de l'État de New York pour implanter cette usine, soit Plattsburgh, Albany et la région de Rochester-Syracruse.

Ce projet d'implantation d'usine dans l'État de New York remontre à 2012, quand le Pôle avait mené une étude de faisabilité. À l'époque, dix entreprises s'étaient montrées intéressées. C'est la montée du protectionnisme qui avait incité le Pôle à agir.

«On voyait clairement, il y a trois ans, que l'exigence de 60% de contenu local dans les projets de transport en commun aux États-Unis allait augmenter, mais sans savoir quel serait le nouveau seuil», dit Jean Simard.

Une tendance qui est là pour rester

Les membres du Congrès viennent d'annoncer leurs couleurs avec le Grow America Act. Et même si ce projet de loi devait mourir au feuilleton, les gens de l'industrie du transport terrestre s'attendent à une hausse du seuil de 60% à terme.

«Nous ne savons pas si le seuil sera de 65%, de 70%, de 80% ou de 100%, mais ce qui est certain, c'est qu'il ne baissera pas», laisse tomber Jean Simard.

Martin Lavoie, directeur des politiques, chez les Manufacturiers et exportateurs du Canada est du même avis: les seuils ne peuvent qu'augmenter. «Cela a du reste peu d'importance que le Grow America Act survive ou non au Congrès. Si ce n'est pas ce projet de loi, ce sera un autre, car la tendance est là: le contenu local dans le transport en commun aux États-Unis est appelé à augmenter.»

Une tendance que confirme Bombardier Transport, qui possède deux usines aux États-Unis (dans l'État de New York) pour répondre aux exigences de contenu local chez nos voisins américains.

«Il va falloir que des fournisseurs canadiens s'installent aux États-Unis, comme nous l'avons fait ou comme l'a fait Nova Bus», souligne Marc Laforge, directeur des communications chez Bombardier Transport.

 

 

 

 

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