Épargne-retraite: Les régimes de retraite ne survivront pas au statu quo

Publié le 09/11/2013 à 00:00

Épargne-retraite: Les régimes de retraite ne survivront pas au statu quo

Publié le 09/11/2013 à 00:00

«J'ai une mauvaise nouvelle : les marchés financiers ne vont pas régler nos problèmes», explique Bernard Morency, de la Caisse de dépôt.

Épargner plus et retarder l'âge de la retraite deviennent incontournable pour sauver les régimes de retraite des Québécois. Sans ajustements importants, leur sécurité financière sera compromise, selon Bernard Morency, premier vice-président, déposants, stratégie et chef des opérations, à la Caisse de dépôt et placement du Québec.

«J'ai une mauvaise nouvelle : les marchés financiers ne vont pas régler nos problèmes», a dit M. Morency devant le Cercle finance du Québec, à l'occasion d'un colloque sur les régimes de retraite tenu dans la capitale le 31 octobre.

Le vice-président s'attend à des taux d'intérêt sous les 4 % pour longtemps encore.

«Et même si ça remontait à 4,5 %, ça ne réglerait pas nos problèmes», a-t-il prévenu.

Les marchés boursiers nord-américains vont, selon la Caisse, s'améliorer et offrir des rendements de 7 % à 7,5 %, et deux points de plus en Asie. Toutefois, on sera encore loin de ce qui a été obtenu entre 1970 et 2001, alors que la progression annuelle moyenne a été de 11,9 % au Canada et de 14,4 % aux États-Unis.

«Ce n'est pas pour rien qu'on bonifiait les régimes de retraite pendant cette période : l'argent nous sortait par les oreilles pendant 30 ans ! Et les régimes n'ont pas été conçus pour faire face aux chocs», a-t-il observé. 

Partage des responsabilités

Des chocs comme en 2008, il y en aura encore. La Caisse fait preuve d'un «optimisme prudent avec risques baissiers non négligeables» face aux prochaines années.

«En d'autres mots : il y aura du soleil avec passages nuageux et risques d'orages», a illustré M. Morency pour parler de l'incertitude économique, de la croissance modérée et un peu volatile des marchés boursiers. Désormais, il faut prendre plus de risques pour obtenir un rendement, et celui-ci sera inférieur à celui des années passées, a-t-il souligné.

Pour garantir des revenus suffisants à la retraite, la Caisse appuie l'idée de la rente de longévité proposée par le comité D'Amours.

«Cela semble la solution la plus efficiente de gérer les risques et d'encourager l'épargne. Mais il est impératif que l'État n'aille pas trop loin dans cette voie, de manière à ne pas déresponsabiliser les individus», a précisé Bernard Morency, pour qui il est essentiel de miser sur une force du système québécois : le partage des responsabilités à l'égard de la retraite, entre les individus, l'État et les employeurs.

Les ajustements sont néanmoins nécessaires pour combler les déficits des régimes de retraite. M. Morency estime qu'il faut reporter l'âge de la retraite et augmenter l'épargne, mais aussi moduler les bénéfices garantis en fonction de la capacité de payer, donc revoir le partage des risques entre employeurs et employés.

«On est plus intelligents que si on faisait porter tout le risque aux employeurs avec les régimes à prestations déterminés ou tout le risque aux employés avec les régimes à cotisations déterminées», a-t-il fait valoir en conclusion. 

6 à 6,5 % - Rendement moyen annuel prévu des actifs de la Caisse de dépôt et placement du Québec d'ici 2030.

Points de vue sur l'épargne-retraite

La jeune génération va s'adapter

Michel St-Germain, actuaire membre du partenariat Mercer: «Les études qui disent que la classe moyenne fera face à une baisse de revenus à la retraite supposent que la prochaine jeune génération se comportera comme la précédente. Je pense que son comportement va s'adapter. Les gens se rendront compte qu'il faudra augmenter l'épargne-retraite quand leurs enfants auront grandi. Et si à 63 ans ils n'ont pas assez d'argent pour prendre leur retraite, ils travailleront. Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, ils auront des emplois. De plus, les boomers n'utilisent pas leur capital de propriété pour vivre à la retraite, ils gardent ça pour les enfants, mais la prochaine génération fera peut-être autrement.»    

Pas les moyens d'épargner

Danis Prud'homme, dg Réseau FADOQ: «Les jeunes de 20 ans ne voient pas comment ils pourront s'acheter une maison, même avec un salaire cible de 60 000 $ par an. Le quart des jeunes ne gagne pas 30 000 $ par an. Alors, les moyens d'épargner ? Je ne vois pas comment, quand plusieurs ont du mal à boucler leurs fins de mois.»

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