Même en vacances, les gestionnaires veillent sur vos placements

Publié le 30/07/2010 à 18:00, mis à jour le 30/07/2010 à 20:51

Même en vacances, les gestionnaires veillent sur vos placements

Publié le 30/07/2010 à 18:00, mis à jour le 30/07/2010 à 20:51

Photo : DR

Ah, les vacances ! Le soleil, le chalet, la mer... La période idéale pour décrocher.

Toutefois, les marchés financiers, eux, ne prennent jamais de vacances. Qu'en est-il des gestionnaires de portefeuilles et des conseillers financiers, chargés de surveiller vos avoirs et de faire fructifier votre portefeuille ? Prennent-ils congé ? Apportent-ils leur BlackBerry et leur iPhone à la plage afin de ne rien manquer des nouvelles financières ? Seront-ils en mesure de réagir rapidement et de protéger votre avoir si la Bourse s'effondre ? Ou de vous faire saisir une occasion de placement en or qui se présenterait de façon inattendue ?

Quatre portefeuillistes expliquent comment ils réussissent à décrocher tout en demeurant à votre service, grâce à l'appui des autres membres de leur équipe.

 

" Je ne perds jamais de vue le marché "

André D'Amours, gestionnaire de portefeuilles à la Banque Nationale Financière

Lorsqu'il veut décrocher vraiment, André D'Amours part à la pêche pendant trois ou quatre jours. " Assez loin dans le bois pour être sûr de ne pas pouvoir être joint ", précise-t-il. C'est là qu'il relaxe pleinement, loin d'Internet, de la télé, des journaux.

Pour éviter que cela ne le pénalise trop dans son travail, il combinera deux journées de week-end et deux journées de semaine. Mais prendre congé est essentiel, dit le gestionnaire de portefeuilles à la Banque Nationale Financière. " C'est sain de le faire, sinon ça pourrait être dangereux. "

En dehors de ses escapades, M. D'Amours continue de surveiller les Bourses, même en vacances, ce qui, selon lui, fait partie intégrante du métier de gestionnaire. " Je ne perds jamais de vue le marché ", déclare celui qui suit l'actualité sur son BlackBerry.

Difficile cependant de prendre plus de deux semaines de congé à la fois. " Parce que lorsqu'on revient, le travail à faire s'est trop accumulé ", confie celui qui surveille plus de 400 comptes, la plupart en gestion discrétionnaire.

Grâce à Internet, il est facile de prendre le pouls des marchés depuis presque n'importe quel endroit. M. D'Amours jette un oeil sur le site Yahoo ! et a accès à un serveur de la Banque Nationale Financière, à partir duquel il peut faire un peu de télétravail. " Je vais prévoir une journée dans la semaine pour consulter mes courriels. "

En cas d'urgence, son adjointe sait toujours comment le joindre. De plus, M. D'Amours compte sur les trois autres membres de son équipe pour assurer le suivi des portefeuilles des clients.

Bien qu'il suit l'évolution des marchés, le gestionnaire ne cherche toutefois pas à savoir comment se comportent des titres particuliers, sauf circonstances exceptionnelles. " Je mise sur des valeurs sûres et à long terme. Le plan de match ne change pas beaucoup. Je n'ai pas besoin de savoir chaque jour comment vont les actions de la Banque Scotia ou celles de la TD. "

 

" Je m'assure d'être toujours dans une zone couverte par les réseaux sans fil "

Guylaine Raby, vice-présidente et gestionnaire de portefeuilles chez Valeurs mobilières Desjardins

Guylaine Raby entretient une relation paradoxale avec son BlackBerry. Il s'agit à la fois d'un outil " merveilleux qui nous donne plus de liberté " mais aussi d'une " petite laisse " qui la garde attachée au bureau lorsqu'elle prend des vacances.

En fait, la gestionnaire de portefeuilles de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) n'abandonne jamais complètement le travail lorsqu'elle prend congé. Elle aime faire du canot, mais s'assure de n'être jamais hors de portée. " Quand je suis en expédition, le périmètre est déterminé par le réseau de télécommunications ! " dit-elle en riant.

" Je maintiens une certaine surveillance des marchés. Et le BlackBerry est un outil fantastique pour cela. " Non seulement son téléphone intelligent lui permet-il de consulter matin et soir les principaux indices boursiers, mais elle peut aussi être avisée, par courriel, de toute urgence. Pour connaître les dernières nouvelles, elle utilise surtout Yahoo !, qui comporte également un volet financier. Mme Raby visite aussi le site sur lequel sont publiés les rapports de recherche de VMD, afin d'être au courant des développements qui touchent le milieu des affaires. Elle a accès à tous les portefeuilles de ses clients, au nombre d'environ 400, mais fait rarement des transactions à distance. Les trois autres membres de son équipe assurent le suivi en son absence.

De toute façon, des jours de congé, elle n'en prend pas beaucoup à la fois. Une semaine, habituellement, trois fois par année. " C'est assez pour recharger les batteries ", estime-t-elle. Elle a de qui retenir, d'ailleurs. " Mon père était agriculteur. Il ne prenait jamais de vacances. "

 

" Je me fie à mes collègues "

Luc R. Fournier, gestionnaire de portefeuille d'actions canadiennes chez l'Industrielle-Alliance

Pas question pour Luc R. Fournier de transporter un BlackBerry ou tout autre appareil qui le garderait en contact avec les marchés pendant ses vacances. " Aucunement, aucunement ! répond-il promptement. Sinon, ce ne serait pas des vacances. "

Pour lui, c'est une question de santé. " Notre travail est brûlant, dit-il. On ne peut pas rester sur le qui-vive tout le temps. Il faut que la pression retombe à un certain moment. "

Lorsque le gestionnaire de portefeuilles de l'Industrielle-Alliance a accordé cette entrevue, il revenait d'une semaine de congé. " J'étais à la pêche et je peux vous dire qu'il n'y avait pas grand-chose qui entrait dans le parc des Laurentides ", dit-il en faisant référence aux communications sans fil. " J'étais dans le noir et j'étais bien content. J'ai repris contact avec les marchés à mon retour à la maison. "

Outre aller à la pêche, M. Fournier aime bien faire du camping dans le Maine. " Là, c'est plus difficile de décrocher complètement. On a accès à des journaux, il y a la télévision. Mais j'essaie quand même de ne pas trop les regarder. "

De toute façon, ajoute-t-il, puisqu'il ne transporte pas son bureau avec lui, il ne pourrait pas faire grand-chose. Il se fie à ses collègues qui, comme lui, sont responsables de la gestion des actions canadiennes. " La confiance règne ", assure-t-il. Il est plus aisé de laisser les problèmes au bureau, puisque M. Fournier gère des fonds communs. Aucun client ne l'appelle pour lui demander d'échanger des titres.

La contrepartie, c'est que la concurrence est forte. " On reçoit notre bulletin à chaque jour ", dit-il. En effet, le rendement de ses fonds peut être comparé quotidiennement à celui des indices et à d'autres fonds semblables. " Je fais ce métier depuis 25 ans. C'est de plus en plus compliqué au fil des ans. Alors, il faut faire le vide de temps à autre. Ceux qui ne le font pas, je suis incapable de me mettre dans leurs souliers. "

 

" Je consulte mes courriels, mais ne réponds qu'en cas d'urgence "

Stephen Gauthier, stratège et gestionnaire principal chez Fin-XO

Stephen Gauthier ne chasse pas, ni ne pêche. Alors, la probabilité qu'il soit complètement coupé des marchés pendant ses vacances est plutôt limitée.

En fait, il ne le souhaite pas vraiment. " Je ne décroche pas. Je ne l'ai jamais fait. Je fais partie de cette génération qui lit encore les journaux. Alors, à l'hôtel, je lis au moins un journal et je regarde ce qui se passe sur les marchés ", raconte le stratège et gestionnaire principal de Fin-XO, une firme née récemment de la fusion d'Investpro et de Demers Valeurs mobilières.

Toutefois, précise-t-il, pendant ses jours de congé, il consacre peu de temps à suivre les Bourses. Grâce à son iPhone, il prendra 30 secondes chaque jour pour connaître l'évolution des principaux indices sur le site de l'agence Bloomberg.

" Aujourd'hui, c'est difficile de prendre plus de deux semaines de vacances consécutives. Les marchés bougent beaucoup, et ce, 24 heures sur 24. Certains marchés en Asie et en Amérique latine ont maintenant beaucoup d'influence. Il se passe toujours quelque chose ", dit-il.

Pas question d'être appelé par les collègues. " Je fais la concession de prendre de courtes vacances. Le compromis, c'est que je ne veux pas être dérangé. " Il faut dire qu'il a le loisir de fixer les règles du jeu car il est l'un des principaux actionnaires de la firme. Si toutefois un événement majeur se produit, il demande à en être prévenu par courriel. " Je consulte mes courriels, mais je ne réponds qu'en cas d'urgence. "

En tant que stratège, il essaie de prévenir les coups avant de partir en congé. " Si je pense qu'il y a certains placements plus à risque, je vais essayer de les éliminer des portefeuilles avant de partir, précise M. Gauthier. J'ai été chanceux. Je n'ai jamais eu à gérer de crise pendant que j'étais en vacances. "

 

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