Marchés : le rebond peut-il durer?

Publié le 12/08/2009 à 00:00

Marchés : le rebond peut-il durer?

Publié le 12/08/2009 à 00:00

La reprise est-elle désynchronisée avec l'économie? Simon Maierhofer, cofondateur du site ETF Guide et Registered investment advisor pendant huit ans, analyse sept aspects de la question. Son constat n'est pas rassurant, en voici un résumé :

- Malgré le fait que plusieurs sociétés ont battu les prévisions, leurs résultats restent décevants.

- Le taux de chômage de 9,5 % aux États-Unis ne tient pas compte des 4,4 millions de personnes qui sont sans emploi depuis plus de 27 semaines ou qui sont forcées de travailler moins.

-Les chômeurs consomment et dépensent moins. Ainsi, le montant total des prêts en cours des 15 plus grandes banques a chuté de 2,8 % durant le deuxième trimestre.

- La confiance des consommateurs a baissé de 70,8 à 66 lors du dernier sondage de l'Université du Michigan.

- Les baby-boomers ne pourront plus soutenir la consommation comme ils l'ont fait, car plus des deux tiers d'entre eux ne sont pas financièrement prêts pour la retraite.

- Selon des mesures historiques comme le ratio cours/bénéfice, le rendement de dividende et les liquidités dans les fonds communs, le marché serait surévalué.

- Enfin, qu'est-ce qui propulse la reprise? L'auteur conclut que l'écart entre le comportement haussier de la Bourse et l'économie qui tourne au ralenti ne devrait pas prendre de temps avant de se combler.

Selon Christoffer Moltke-Leth, directeur de la négociation pour l'Asie et le Pacifique de Saxo marchés des capitaux, une baisse de marché est imminente. « Je m'attends à un repli des marchés de 15 % à 20 % au début de septembre pour que le S&P 500 clôture l'année à 850 points. Nous avons eu une hausse des marchés après la publication des résultats de deuxième trimestre. Les bénéfices ont battu les attentes, mais les ventes sont en baisse de 17 % et les bénéfices ont chuté de 30 %. Je crois que nous pouvons appeler cela une reprise sans bénéfice! »

Un des ours les plus connus au Québec est le fondateur d’Investissements PDJ, Paul Dontigny. Dans son blogue sur le site lesaffaires.com, il illustre très clairement la faiblesse du marché actuel par une comparaison concrète.

Disons que vous avez gagné 100 000 $ en 2008 et 90 000 $ en 2009. La situation s'améliore en 2010 et votre salaire passe à 85 000 $. Serez-vous heureux de voir votre salaire baisser de -10 %, puis de «seulement» -6 %? Et si votre patron vous présentait ce mouvement comme une hausse, seriez-vous heureux?

Or, prévient Paul Dontigny, « l'impact sur les ventes et les profits des compagnies desquelles nous voulons acheter les actions en bourse ne calculent pas de cette façon les hausses et les bonnes nouvelles. Pour eux, passer de -10 % à -6 % représente une baisse des ventes et des profits. Ce n'est qu'une question de temps pour que le marché des actions réalise ce qui se passe réellement dans l'économie. »

-Visionnez la dernière chronique de Paul Dontigny

D'ici là, les investisseurs sont tellement assoiffés de gains qu'ils poussent le S&P plus haut en portant des œillères, craint David Rosenberg, en entrevue à l'émission Fast Money sur le réseau CNBC.

Selon l'économiste en chef de Gluskin Sheff. « Le cours du S&P 500 a tenu compte d'une hausse de 30 % des profits l'an prochain, dit-il. Nous escomptions l'Armageddon et nous voilà dans le nirvana, mais la vérité est probablement quelque part entre les deux. »

Enfin, un autre gestionnaire reconnu pour être pessimiste est Steve Lehman. Jusqu'à présent, cette attitude l'a bien servi, puisque le gestionnaire du fonds Market Opportunity Fund de Federated Investors a fait preuve de clairvoyance dans le passé. En 2008, sa prudence lui a permis de battre le S&P 500 par 30 %.

Dans le contexte actuel, il reste prudent, car à son avis, la reprise sera longue. « La stratégie acheter et détenir est morte jusqu'au prochain marché haussier », dit-il à CNN Money. Comme les consommateurs et les entreprises américaines sont criblés de dettes, Steve Lehman s'attend à voir les actions sous performer durant plusieurs années. Selon lui, le S&P 500 est surévalué, notamment parce que le titre moyen s'échange à 1,6 fois sa valeur comptable, comparativement à moins d’un lors des précédentes récessions. Il s'attend à voir le S&P 500 toucher un creux de 500 points...

Évidemment, plusieurs voix sont beaucoup plus optimistes, mais dans ce marché assez atypique, vaut mieux éviter de se laisser emporter par un surplus d'enthousiasme.

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