­Annie ­Laliberté: «J'ai peur des dommages que les ­FNB causeront sur les marchés s'il y a une correction»


Édition du 28 Septembre 2019

­Annie ­Laliberté: «J'ai peur des dommages que les ­FNB causeront sur les marchés s'il y a une correction»


Édition du 28 Septembre 2019

Par Siham Lebiad

Annie Laliberté est gestionnaire de portefeuille principale, Actions internationales, chez Addenda Capital, et elle fait partie du comité d’investissement de l’entreprise. La démarche de placement de l’équipe dont elle fait partie est axée sur la sélection de titres et s’inscrit sur un horizon à long terme. Ils sélectionnent des chefs de file mondiaux disposant d’avantages concurrentiels clés qui leur permettent de connaître une croissance soutenue et renouvelable des bénéfices. (Photo: courtoisie)

Siham Lebiad - Quelques experts sonnent l'alarme de l'écroulement des fonds négociés en Bourse (FNB). Qu'en pensez-vous ?

Annie Laliberté - La création des FNB reposait sur de bonnes intentions. Ils étaient destinés aux petits investisseurs à la recherche de diversification. Ce sont des produits très peu coûteux qui donnent une belle exposition. Cependant, nous croyons que c'est devenu trop gros. Nous voyons plusieurs investisseurs institutionnels qui investissent dans les FNB. La stratégie a bien fonctionné dans les dix dernières années de croissance, depuis la dernière crise. En cas de correction, toutefois, ce sera une pilule difficile à avaler pour les marchés. La structure d'un FNB est telle que tous les titres sont négociés en même temps, aucune différenciation n'est faite entre les bonnes et les mauvaises entreprises. S'il y a une correction, les FNB pourraient amplifier les dommages sur les marchés.

S.L. - Quelle est votre vision actuelle de l'économie mondiale ?

A.L. - Nous avons une démarche où nous portons peu d'attention aux facteurs macroéconomiques. Nous surveillons ce qui se passe sur les marchés. En ce moment, ils sont très volatils à cause des tensions entre la Chine et les États-Unis, mais de notre côté, nous essayons de nous concentrer sur les titres qui respectent nos critères pour profiter de la volatilité du marché et trouver de bonnes occasions.

S.L. - Quel titre correspond le plus à ces critères en ce moment ?

A.L. - Disney (DIS, 133,37 $ US) est un titre qui nous plaît beaucoup. Une grande partie de son exploitation se trouve dans le secteur de la télévision ; elle détient entre autres la chaîne ABC et elle a fait l'acquisition de Fox récemment. Elle est aussi propriétaire de grandes boîtes de productions cinématographiques, comme Pixar ou Marvel. En ce moment, Disney est en train de créer sa propre plateforme de diffusion en continu dans laquelle elle va rapatrier tout le contenu créé par l'entreprise et qui se trouve sur d'autres plateformes, comme Netflix ou Hulu. C'est une bonne occasion, une fois passée la période de transition, parce que l'image de marque de Disney est tellement forte qu'on pense qu'elle sera capable d'acquérir plus de clientèle que les principaux concurrents. Aussi, dans le cas d'une correction boursière, c'est un titre qui serait résistant.

S.L. - Que faites-vous en matière de diversification ?

A.L. - Nous avons deux stratégies. Une d'action internationale, donc Europe et Asie, et une d'action mondiale (qui ajoute les États-Unis). Pour la diversification, c'est vraiment seulement selon la qualité des titres qu'on choisit. On mise sur la croissance. La diversification vient donc vraiment du fait que nos portefeuilles détiennent des entreprises extrêmement différentes qui bénéficient de thèmes de croissance très variés. Nos portefeuilles sont 100 % actions avec une petite allocation en liquidités, pas plus que 5 %.

S.L. - Y a-t-il des secteurs que vous évitez ?

A.L. - Il y a des secteurs dans lesquels nous voyons moins d'occasions. Par exemple, le secteur de l'énergie, dans lequel plusieurs entreprises ont un plan d'affaires qui est lié à une commodité, particulièrement le pétrole. Elles sont alors soumises au prix de la matière première, ce qui empêche d'avoir une stabilité et une croissance renouvelable, que nous recherchons.

S.L. - Qu'est-ce que vous recherchez spécifiquement dans une entreprise ?

A.L. - Nous cherchons des entreprises qui enregistrent de la croissance à un prix raisonnable. Donc des entreprises qui peuvent augmenter leur revenu de 4 % à 6 %, et une croissance des bénéfices d'exploitation d'au moins 10 %. Nous ciblons des entreprises qui sont des chefs de file mondiaux, ou au moins régionaux, avec de très forts avantages compétitifs. Évidemment, nous accordons de l'importance aux équipes de gestion pour bien comprendre leur stratégie. Nous passons aussi beaucoup de temps sur le terrain, dans les magasins, par exemple, ou dans les usines. Nous ne mettons pas nécessairement de cours cible, car cela peut changer. L'évaluation que nous faisons d'un titre vise surtout à comparer avec d'autres occasions d'investissement que nous pourrions avoir.

S.L. - Y a-t-il un titre qui respectait vos critères, mais qui vous a récemment déçu ?

A.L. - Une entreprise à laquelle on porte un petit peu plus attention ces temps-ci, au chapitre de la croissance, est Novo Nordisk (NVO, 51,88 $ US), un leader mondial en ce qui concerne le traitement du diabète. Pendant des années, la société avait un plan d'affaires qui lui permettait d'atteindre des objectifs remarquables. Cependant, il y a eu un peu d'érosion en ce qui concerne les prix appliqués aux traitements, et de nouveaux compétiteurs ont fait leur entrée dans le marché. La croissance a ralenti et rien n'assure que l'entreprise pourra revenir à des taux satisfaisants à long terme.

S.L. - Pensez-vous que c'est un bon moment pour investir dans les marchés boursiers ?

A.L. - Il n'y a pas de bons ou de mauvais moments pour se lancer en investissement, mais il faut bénéficier des mouvements de marché. Si quelqu'un commence à investir aujourd'hui et qu'il doit faire face à une correction boursière majeure dans six mois, alors il lui faut en profiter pour acheter plus. L'investissement, c'est plus un art qu'une science. Il ne faut pas avoir peur de solliciter des conseils et de s'assurer de faire des recherches et d'aller plus loin que juste avoir entendu parler d'un titre quelque part.

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