[Photos : Maxime Brouillet, Projet la Shed]

Devis en main et budget établi, comment pouvez-vous financer ces travaux maintenant ?

La solution la moins coûteuse est de demander un refinancement hypothécaire. Votre institution financière peut vous prêter 80 % de la valeur de votre résidence - y compris la valeur ajoutée par la rénovation -, déduction faite du solde hypothécaire. «Mais une évaluation devra déterminer la valeur ajoutée par les rénovations», indique Bruno Therrien, planificateur financier et directeur régional du bureau de Sherbrooke de Groupe Investors.

Actuellement, attendez-vous à un taux d'intérêt de 2 à 4 %, variable selon le terme du prêt et selon votre pouvoir de négociation. L'institution financière enverra un évaluateur agréé vérifier l'avancement des travaux avant de débloquer les fonds sur présentation des factures des matériaux ou des entrepreneurs.

Si son échéance est proche, le renouvellement de votre hypothèque peut être l'occasion d'en magasiner les conditions auprès de différentes institutions financières. Par contre, si vous souhaitez vous lancer dans l'autoconstruction sans avoir l'expérience requise, vous aurez plus de mal à convaincre votre banque de vous financer, prévient Daniel Turenne, ancien entrepreneur général reconverti en courtier hypothécaire chez Hypotheca. Les banques se méfient alors des dépassements de coûts.

La marge de crédit hypothécaire dépendra elle aussi du solde de votre hypothèque. Vous devez avoir remboursé plus de 20 % de la valeur marchande de votre résidence. Et les taux d'intérêt proposés sont équivalents à ceux du refinancement hypothécaire. Cependant, son utilisation est plus flexible : vous vous en servez à votre rythme. C'est d'ailleurs le principal danger auquel elle vous expose : celui de piger dedans pour des dépenses de consommation.

Des solutions de rechange plus coûteuses

Si vous n'avez accès ni au refinancement hypothécaire ni à la marge de crédit hypothécaire, nous vous conseillons de renoncer à vos projets. Les autres solutions sont coûteuses. Vous pouvez vous tourner vers une marge de crédit personnelle, mais le taux d'intérêt est plus élevé : de 3 à 8 %, voire de 10 % dans certains cas, observe Bruno Therrien. «Tout dépend du lien de confiance que vous avez établi avec votre institution financière», précise-t-il.

Le prêt personnel est encore plus coûteux : prévoyez un taux de 7 à 13 %. Quant au financement par carte de crédit, pour payer vos matériaux de construction par exemple, n'y pensez pas : les intérêts annuels oscillent autour de 21 %.

Quand il s'agit de trouver une avance temporaire, par exemple pour achever les travaux, le recours à des prêteurs privés peut être une solution (de 7 à 10 jours). Mais c'est signe que vos rénovations tournent mal. «Ces prêts coûtent beaucoup plus cher que ceux des banques, jusqu'à 15 % d'intérêts, sans compter les frais de dossier et de notaire», prévient Daniel Turenne. Le taux d'intérêt est totalement négociable : il dépendra surtout des garanties que vous apportez. Les prêteurs privés prennent la résidence en garantie, parfois même un bien immobilier supplémentaire. Mais cela peut vous sortir de l'ornière... histoire d'éviter qu'un entrepreneur ne prenne une hypothèque légale de construction sur votre résidence, faute d'avoir été payé à temps. Mais on ne vous souhaite pas d'en arriver là.