Après les chauffeurs Uber, la révolte des coursiers Deliveroo

Publié le 27/07/2016 à 11:36

Après les chauffeurs Uber, la révolte des coursiers Deliveroo

Publié le 27/07/2016 à 11:36

Par Diane Bérard

C’est Uber qui doit être contente! Elle n’est plus seul edans la bataille qui vise à clarifier le statut et les droits de ses chauffeurs. La plateforme de livraison de repas britannique Deliveroo est dans l’eau bouillante aussi. Elle est poursuivie par des coursiers indépendants qui réclament l’application du droit du travail à leur situation. Deliveroo fait signer à ses coursiers britanniques ( il semble que cette clause ne figure pas dans le contrat français) une clause où ils s’engagent à ne pas remettre en question leur statut ni le lien qui les unit à elle. En d’autres mots, ils ne peuvent réclamer aucun privilège associé au statut d’employé : salaire minimum, vacances rémunérées et congés de maladie, par exemple. Une autre clause stipule que si un ou des coursiers poursuivent Deliveroo par rapport à leur statut, ils devront assumer tous les frais légaux que l’entreprise encourera.

Accorder le statut d’employé aux chauffeurs Uber, aux coursiers Deliveroo ou aux travailleurs d’entretien TaskRabbit va à l’encontre du modèle d’affaires de ces plateformes. Elles ont été conçues comme des intermédiaires entre un client et un service. Ces plateformes fournissent une application qui facilite la transaction. Leur modèle repose sur une armée de travailleurs indépendants dont la plateforme peut moduler le nombre et les heures travaillées selon ses besoins. Des travailleurs qu’elle n’a pas à former, qui fournissent leurs outils de travail et pour lesquels elles n’encourent pas de frais récurrent. Ces plateformes ne seraient donc pas des entreprises. Elles répètent d’ailleurs constamment qu’elles ne sont pas de vrais employeurs, mais bien des sources de revenus complémentaires pour leurs travailleurs indépendants. Qu’on les choisit pour leur flexibilité. Ce n’est pas tout à fait vrai. Un nombre plus important que l’on pense de travailleurs de ces plateformes n’ont pas d’autre source de revenus. La plateforme fait office d’employeur.

Ces plateformes se répandent comme une traînée de poudre. Elles deviennent une économie dans l’économie. En anglais, on les regroupe sous le nom de « gig economy ». Ce qui semblait un phénomène marginal occupe de plus en plus d’espace. Et, forcément, implique de plus en plus de travailleurs. On évoque la fin du salariat dans une société qui sera de plus en plus composée de travailleurs indépendants. C’est pourquoi les cas Uber et Deliveroo sont importants. Si de plus en plus de travailleurs ne sont pas liés par contrat avec un employeur, d’où viendra leur filet social?

On voit émerger des regroupements de travailleurs indépendants. Plusieurs courtiers Deliveroo, par exemple, appartiennent à la Independant Workers Union of Great Britain. Ceci leur donne accès à une assurance en cas de blessure.

Je sais que le modèle d’affaires de ces plateformes est conçu sur le principe du travailleur indépendant. Mais ce modèle tient-il la route juridiquement et socialement ? Il a été conçu pour une croissance rapide et un rendement instantané, mais est-il soutenable à long terme? Les fondateurs de ces plateformes ont-ils évalué tous les impacts de leur modèle? Probablement pas. Ils ont bâti des applications. Ils n’ont jamais imaginé qu’ils étaient en train de créer un nouveau secteur. Tout comme les premiers travailleurs de ces plateformes ne réalisaient pas que ce nouveau mode de travail allait devenir un mode de vie. Or, à partir de l’instant où un modèle d’affaires se transforme en un secteur à part entière la responsabilité des protagonistes grimpe d’un cran. Un secteur possède un certain cadre et se conforme à des normes. Celles qu’il se donne, mais aussi celles qui existent déjà. Ainsi, pour qu’il y ait réellement travail indépendant, le donneur d’ordre ne doit exercer aucun contrôle sur le travailleur. Or si la plateforme fixe le prix des prestations, donc la rémunération, qu’elle fournit un outil de travail essentiel (l’application), qu’elle impose un code vestimentaire, etc. cela commence à ressembler à une relation employeur/employé. C’est ce qui est en train de se produire avec les plateformes.

La multiplication des plateformes commande une réflexion collective. Le juridique, le politique, l’économique et le social, chaque pilier de la société a son bout de chemin à faire. Il faut cesser de parler d’entreprises isolées. Il est question d’un secteur.

 

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