Les ancêtres du journal

Publié le 13/02/2013 à 15:27, mis à jour le 16/07/2018 à 09:44

Les ancêtres du journal

Publié le 13/02/2013 à 15:27, mis à jour le 16/07/2018 à 09:44

Par Les Affaires

Il ne mâche pas ses mots lorsqu'il diagnostique l'état des affaires au Québec et, reprenant le ton un peu grandiloquent en vogue à l'époque, se met même à haranguer ses futurs lecteurs : « Quel est le chef de bureau, quel est l'homme d'affaires, quel est le directeur de grandes entreprises, quel est le capitaine d'industries qui ne déplore pas amèrement, tous les jours, à tous les instants, le manque absolu d'ambition et d'initiative, l'absence presque complète d'émulation et d'esprit de travail chez la grande majorité du personnel sous nos ordres... Cette indolence de nos employés de bureaux ou de magasins, de notre personnel en général des établissements industriels ou commerciaux, est surtout notoire chez les Canadiens français. »

Il faut comprendre, au-delà des mots, ce qui motive ce bilan plutôt sombre. Au Québec, l'économie demeure majoritairement l'apanage des anglophones, à tel point que Joseph-Xavier Perrault, agronome et ardent promoteur des affaires, a fondé 40 ans plus tôt, à Montréal, la première chambre de commerce francophone pour montrer que « nous avons l'intelligence des affaires. » Mais la société est encore indifférente et les plus actifs ont parfois l'impression de prêcher dans le désert.

Avec Louis-A. Bélisle à ses côtés, déjà rédacteur financier au Soleil, Raoul Renault voit là l'occasion de contribuer à la cause... tout en réalisant de bonnes affaires, en entrepreneur éveillé qu'il est. « Tous les hommes qui occupent aujourd'hui de hautes positions dans la finance, le commerce ou l'industrie ont puisé leurs connaissances dans des revues techniques des affaires... Pour lutter avec succès, il faut des armes efficaces : nous vous les fournirons et nous les fourbirons pour vous dans cette revue. »

Tout juste au bas de cette envolée, dans la dernière livraison du Guide de l'acheteur, on note une publicité quasi touchante de l'entreprise Chaussures de Trois-Pistoles, qui fait valoir sa collection de bottes et chaussures. « On cherche à les imiter, on ne les a jamais égalées », proclame-t-on fièrement à un lectorat qui va bien au-delà du Bas-du-Fleuve. La revue LES AFFAIRES, premier format, remplit déjà une partie de sa mission en permettant à des entreprises de rejoindre leur clientèle.

Pour le reste du siècle, et le début du suivant, LES AFFAIRES vont également « fournir les armes », c'est-à-dire les connaissances, au public francophone sensible aux enjeux économiques. Il y aura des hauts et des bas dans cette grande aventure de communication, mais l'élan est bien donné. En 1933, Louis-A. Bélisle prendra la barre du journal qu'il dirigera de main de maître jusqu'en 1961, après avoir racheté au passage La Semaine commerciale. Tous ces éditeurs aux grandes ambitions, qui se désolaient de l'apathie de leurs contemporains, seraient bien fiers aujourd'hui de voir comment leurs efforts ont fini par porter fruit.

Ce texte a été publié il y a 10 ans à l'occasion du 75e anniversaire du journal Les Affaires.

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