Québec et France: des partenariats d'affaires fructueux

Offert par Les Affaires


Édition du 19 Mars 2016

Québec et France: des partenariats d'affaires fructueux

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Édition du 19 Mars 2016

Le groupe franco-québécois à l’origine du projet sur l’emplacement du futur bâtiment, à Lac-Mégantic. Au centre, Fabienne Joly, chargée de développement durable.

France et Québec nouent des partenariats d'affaires fructueux. Mais apprendre à faire des affaires ensemble demande un petit temps d'adaptation...

Lac-Mégantic deviendra peut-être la vitrine de la collaboration entre les milieux d'affaires français et québécois. Le symbole ? Le futur bâtiment de la capitainerie de la marina de la ville, ravagée par un accident ferroviaire en 2013.Un lieu qui a vocation également à devenir un centre des sciences de l'environnement «pour montrer ce qui se fait de mieux en bâtiment durable aujourd'hui», souligne Fabienne Joly, chargée de développement durable, projet Le Colibri-Lac-Mégantic au Bureau de reconstruction du centre-ville de Lac-Mégantic.

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Auparavant, elle était responsable des projets d'entreprise internationaux à l'Agence d'études et de promotion de l'Isère, à Grenoble, en France. Elle a participé depuis le début au projet Le Colibri, issu de l'initiative d'un groupe de partenaires de la région Rhône-Alpes.

Des architectes et des ingénieurs français et québécois travaillent déjà ensemble pour concevoir ce bâtiment «qui vise à obtenir les certifications environnementales canadiennes, françaises et même britanniques», indique Fabienne Joly. La construction devrait commencer à la fin de l'année ou au début de 2017. «Il va y avoir du transfert de technologies d'entreprises françaises vers des entreprises québécoises en amont dans un but de partage et d'échange, car sur certains aspects comme la conception de l'enveloppe du bâtiment, la France a une expertise plus développée que le Québec. Les bâtiments construits selon des normes environnementales élevées sont apparus un peu plus tard ici. En revanche, les entreprises françaises apprendront des Québécois sur le plan de la démocratie participative et des processus de travail», précise Fabienne Joly. Quant à la construction, elle sera réalisée par des entreprises locales.

Prendre le pouls du marché

Les entreprises françaises affluent au Québec. Un apport intéressant pour la province, à laquelle la France peut procurer des expertises complémentaires, et qui présente beaucoup d'atouts pour attirer les investissements français. Reste à dépasser la différence culturelle qui se cache derrière la langue commune.

Le partenariat est une forme parmi d'autres que choisissent les entreprises françaises pour s'implanter au Québec. Selon Yves Grimard, directeur pour l'Europe et le Moyen-Orient d'Investissement Québec, «il y a de plus en plus de partenariats». Il n'en reste pas moins que les acquisitions d'entreprises québécoises sont la voie privilégiée par les entreprises françaises pour s'implanter ici.

«Selon les dossiers que je traite, on observe environ 80 % d'acquisitions et 20 % de partenariats», dit Christophe Gautier, associé, services-conseils en marchés financiers et en comptabilité, et leader canadien du French Desk de PricewaterhouseCoopers (PwC), une émanation de la firme française présente dans plusieurs pays dans le but d'accompagner les entreprises françaises qui veulent s'y établir.

L'acquisition peut être progressive. L'entreprise française a la possibilité de choisir de commencer en étant minoritaire ou de ne posséder que 50 % d'une société québécoise et d'occuper de plus en plus de place en fonction du développement.

«Ça lui permet de prendre le pouls du marché, d'apprendre à faire des affaires à la québécoise», souligne Christophe Gautier.

Même si l'ouverture de filiales est souvent l'apanage des grands groupes, c'est la solution appuyée par Investissement Québec, «car elle représente une création nette de richesse pour le Québec», affirme Chantal Malo, vice-présidente aux affaires internationales chez Investissement Québec.

Les plus petites entreprises, quant à elles, «se sont rendu compte que c'est plus difficile de pénétrer un marché qu'on ne connaît pas, alors que l'image de marque de la société française n'est pas connue ici et que les dirigeants n'ont pas de réseau local. Acquérir une entreprise locale permet de gagner du temps», explique Christophe Gautier. D'ailleurs, «si le montant nominal est plus important lors de la création d'une filiale, la croissance est beaucoup plus rapide au moment d'une acquisition ou d'un partenariat», reconnaît Chantal Malo.

S'initier au marché québécois

Enfin, le partenariat ou l'acquisition d'entreprises québécoises présentent un avantage évident : celui d'apprendre à faire des affaires au Québec. «La différence culturelle est très importante. On parle la même langue, mais pas le même langage», résume Philippe Genne, pdg d'Oncodesign. Cette entreprise biotechnologique française a créé en 2015 Synergie MTL, une coentreprise avec la montréalaise Mispro Biotech Services.

L'entreprise française avait essayé de s'implanter directement en 2007, mais avait renoncé à la suite de la crise de 2008. Plutôt que de revenir seule en 2015, elle a préféré travailler en partenariat avec Mispro Biotech Services, «qui a déjà des laboratoires très équipés, ce qui réduit notre investissement», explique Philippe Genne. Selon lui, «avoir des fondations québécoises permet à une structure d'être mieux implantée». Synergie MTL est d'ailleurs dirigée par un Québécois, Philippe Lamarre. La firme vise, avec cette entité, les marchés canadien et américain.

Un des écueils reste toutefois la différence culturelle. «Les quiproquos sont fréquents, et il peut être important de se faire accompagner par des personnes qui connaissent les deux milieux d'affaires», affirme Christophe Gautier, dont c'est le métier chez PwC à Montréal.

Une présence accrue

Difficile de mesurer la présence économique française au Québec. «Il n'y a pas de recensement officiel. On avance généralement le nombre de 400 entreprises, mais il nous semble sous-estimé. Nous sommes en train de recenser celles qui sont dans le domaine numérique, et il y en a déjà 110», note Fabrice Blazquez, chef du Service économique français à Montréal. Il constate de nombreuses installations d'entreprises françaises depuis trois ou quatre ans au Québec, principalement dans le secteur des technologies de l'information et des communications (TIC), en aéronautique et en ingénierie. Pour 2013 et 2014, «nous avions recensé 45 investissements (nouveaux ou extensions d'investissements existants). Il y en a sans doute bien plus, et la tendance s'est maintenue depuis.» Le programme du volontariat international en entreprise (VIE) facilite leur éclosion en leur permettant d'engager un jeune diplômé pour 6 à 24 mois par une procédure allégée. De nombreuses entreprises commencent avec un VIE pour explorer le marché et les possibilités avant d'aller de l'avant.

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