Quand le Québec sert de tremplin vers le rêve américain


Édition du 19 Mars 2016

Quand le Québec sert de tremplin vers le rêve américain


Édition du 19 Mars 2016

Pour plusieurs entreprises françaises, le Québec sert de porte d’entrée vers le lucratif marché des États-Unis. C’est le cas pour OVH, troisième société mondiale d’hébergement Internet, en pleine expansion au Québec.

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En 2012, OVH s’installait au Québec en implantant la plus grande ferme de serveurs au monde dans le parc industriel de Beauharnois. Pas moins de 40 000 serveurs, sur une capacité de 360 000, y sont aujourd’hui en fonction. Il s’agit toujours du seul parc de serveurs de l’entreprise en Amérique du Nord, une situation qui est toutefois appelée à changer avec l’ouverture annoncée de deux centres de données aux États-Unis.

En avril 2015, OVH annonçait un nouvel investissement de 32,9 M$ au Québec, avec l’ouverture d’un premier centre de R-D nord-américain dans la ville de Québec, lequel créera 50 emplois. Il abritera la nouvelle filiale dédiée aux innovations infonuagiques, aux objets connectés et aux nouveaux médias. Un secteur important pour OVH, l’infonuagique étant à elle seule responsable d’environ 30 % de sa croissance. OVH souhaite notamment favoriser le maillage avec les startups de Québec, envisageant même des projets en codéveloppement. Une centaine d’emplois seront aussi créés au siège social montréalais.

« Le marché pour les services que nous offrons est tout simplement énorme, lance Cédric Combey, vice-président des ventes OVH pour le Canada. L’entreprise a fait un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros en 2015 [397 M$], et nous visons un milliard d’euros pour 2020. Nous servons tous les pays du monde, hors Europe, à partir du Québec. »

Cédric Combey, vice-président des ventes OVH pour le Canada

Attaquer le marché nord-américain

À partir du Québec, OVH lorgne vers les États-Unis. Le géant français, qui exploite 17 centres de données en France et au Canada, annonçait en septembre dernier l’ouverture de 12 nouvelles installations, dont deux au sud de notre frontière. Il compte déjà deux employés à San Francisco et ouvrira bientôt un bureau à New York.

« Nous avons une position très dominante en Europe dans l’infonuagique, mais le marché nord-américain reste la chasse gardée des Microsoft, Amazon, Google et IBM, explique Cédric Combey. Ils ont des offres très fortes dans l’infonuagique publique. OVH offre des solutions d’infonuagique privées qui sont très prisées, notamment des entreprises souhaitant s’assurer de garder le contrôle de leurs données et d’éviter qu’elles ne soient hébergées hors de l’entreprise ou même hors du pays. »

Le Québec se voulait la porte d’entrée idéale pour appréhender le marché nord-américain. En raison d’affinités linguistiques et culturelles, bien sûr, mais aussi grâce à une masse critique d’entreprises en nouvelles technologies, ainsi que de la présence marquée d’entreprises technologiques françaises. OVH fait d’ailleurs partie des huit entreprises de l’Hexagone ayant demandé au gouvernement français de désigner Montréal comme « French Tech Hub », en septembre 2015.

Reste à se faire connaître. « Il faut travailler sur la reconnaissance de la marque en Amérique du Nord, car nous ne sommes pas encore assez visibles, admet Cédric Combey. Il nous est donc plus difficile d’aller chercher de très gros clients, qui sont aussi courtisés par des marques réputées telles Microsoft ou Amazon. »

Autre défi : OVH s’est construit en offrant des services à de très petites entreprises et à des particuliers. Ce marché représentait encore récemment 80 % de ses ventes. OVH vise maintenant le marché des très grandes entreprises, qu’elle aimerait voir constituer la moitié de ses ventes. Pour y arriver, elle recrute des gens comme Cédric Combey ou le nouveau pdg Laurent Allard, deux anciens de CGI. « Il nous faut des gens dotés de l’expertise du travail auprès de grandes entreprises, pour réussir à percer ce marché. »

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