Le retour au bureau est un défi planétaire

Publié le 16/10/2023 à 09:34

Le retour au bureau est un défi planétaire

Publié le 16/10/2023 à 09:34

Par Claudine Hébert

Près de deux millions de dollars ont été injectés au 1801, rue McGill College, au cours des derniers mois, pour redonner du lustre aux planchers, à l’éclairage et au hall d’entrée. (Photo: courtoisie)

IMMOBILIER COMMERCIAL. Qu’il s’agisse de CBRE, d’Avison Young, de Colliers ou d’autres grandes agences de location, leurs derniers rapports trimestriels respectifs sur l’inoccupation des bureaux des grandes villes canadiennes ne sont guère réjouissants pour l’industrie immobilière commerciale du bureau.

Plus les mois avancent, plus les taux s’élèvent et atteignent des sommets records. Selon les dernières données de l’agence CBRE, celui du centre-ville de Montréal frôle désormais les 18 %. Il est à 17,4 % pour être plus précis, et 17,8 % si on inclut l’ensemble des espaces de bureau du territoire montréalais.

 

Moins désastreux qu’ailleurs

Mince consolation, le phénomène s’observe dans la plupart des grandes villes de la planète. Paris, Tokyo, Londres, New York doivent, elles aussi, composer, avec les conséquences du télétravail qui entraîne un taux de vacance élevé. L’une des villes les plus affectées est San Francisco. La ville californienne, dont l’économie de son centre-ville repose essentiellement sur des entreprises en technologie, jongle aujourd’hui avec un taux d’inoccupation avoisinant les 35 %. L’agence CBRE maintient que plus de 30 millions de pieds carrés d’espace du centre-ville de San Francisco sont vides. Du jamais vu pour l’une des plus villes de la côte ouest nord-américaine.

 

Les moins et les plus assidus

Dans un rapport publié par McKinsey Global Institute, en juillet dernier, sur les espaces vides de neuf grandes cités à travers le globe, ce sont les employés des entreprises qui offrent des services professionnels qui désertent davantage le bureau. Ces derniers affichent une fréquence moyenne de trois jours semaine. Cette moyenne grimpe à 3,4 auprès des employés des secteurs financiers, de gestion et de soins de santé, soulèvent les chercheurs. La palme de la présence la plus élevée est attribuée aux employés des secteurs du transport ainsi que de l’agriculture et des mines avec une fréquence de 3,8 jours semaine.

Comment renverser la vapeur ? « Il faut redonner le goût aux travailleurs de venir au centre-ville », répond d’emblée Jean Laurin, associé et président Québec à l’agence immobilière Avison Young. Un tour de force, admet-il, qui implique une volonté des membres de la direction des entreprises et le soutien des gestionnaires d’immeubles. « Il faut rendre les espaces motivants. »

 

Créer des expériences

Dans ses nouveaux locaux du 1801, McGill College, où l’agence immobilière emménagera justement dès l’hiver prochain, Jean Laurin souhaite embaucher un barista pour préparer le café… le lundi matin. « Il faut créer des moments spéciaux, particulièrement lors des journées les moins populaires de la semaine, pour stimuler la venue des employés », explique-t-il. L’agence disposera également d’une terrasse privée. Un nouvel atout qui n’aurait sans doute jamais figuré dans les plans de l’entreprise si la pandémie (et la vague de télétravail) n’avait pas eu lieu, reconnaît cet expert qui gravite dans l’industrie immobilière depuis plus de quatre décennies.

Des expériences, des décors, des environnements stimulants, c’est aussi ce que suggère fortement l’équipe de McKinsey Global Institute afin d’aider les entreprises à réattirer le personnel au bureau. « Le bureau ne peut plus être simplement un lieu de travail. Il doit être transformé en un endroit où les employés aiment vraiment passer du temps, où ils peuvent participer à des événements, à des activités. Ça prend des lieux de travail orientés vers l’hospitalité », peut-on lire dans le document de la firme. Les locateurs plus avant-gardistes vont même offrir des lieux modulaires permettant aux entreprises de s’adapter aux besoins des employés d’une semaine à l’autre, ajoutent les chercheurs.

 

Une présence touristique

En attendant, le centre-ville de Montréal peut encore compter sur la présence des touristes pour animer ses rues, ses restaurants et ses commerces. Lors de la première semaine d’octobre, le Centre Sheraton, le deuxième hôtel en ville en taille avec 825 chambres, affichait quasi complet.

Le Hyatt Centric, situé au cœur du complexe de la Gare Viger, affichait, pour sa part, 100 % d’occupation lors des premières semaines de l’automne. D’ailleurs, dès son ouverture en novembre dernier jusqu’au printemps, près de 10 % de la clientèle qui fréquente cet hôtel du Vieux-Montréal provenaient directement des besoins d’hébergement de ses deux voisins du complexe de la Gare Viger, Lightspeed et Novartis, signale Anthony O’Brien, directeur général de Jesta, propriétaire de l’hôtel. Bien que ce pourcentage ait diminué avec l’affluence des touristes, il demeure non négligeable, précise le gestionnaire. Et il pourrait fort bien augmenter au cours des prochains mois. Une entreprise technologique (dans les coulisses, on chuchote qu’il s’agit de Sony) aurait signé une entente avec Allied, propriétaire des espaces bureaux de ce complexe. Le nouveau locataire occupera, dès le printemps prochain, plus de 50 000 pieds carrés, soit le 5e, 6e et 7e étage de la tour Gare Viger, a appris Les Affaires.

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