Le service d’autopartage de Communauto gagne les régions
Claudine Hébert|Édition de la mi‑octobre 2023La formule Communauto permet à plusieurs ménages d’économiser de fortes sommes sur l’achat d’une voiture. (Photo: courtoisie)
Les grandes infrastructures qui aident à repenser le transport ne se limitent pas qu’à la construction d’un REM, d’un tramway ou d’un train grande fréquence. Ce sont aussi les gestes que posent des entreprises qui favorisent l’autopartage. Communauto, dont l’année 2024 marquera le 30e anniversaire de sa création, est justement un bel exemple.
De Québec à Calgary, en passant par Halifax et Toronto, ce sont plus de 5500 véhicules (dont 3500 à Montréal) qui font aujourd’hui partie de la flotte de Communauto. Forte de 200 employés, dont les deux tiers travaillent à Montréal, l’entreprise, créée par Benoit Robert, générera en 2023 un revenu qui se situe entre 50 et 100 millions de dollars (M$), indique son vice-président au développement stratégique, Marco Viviani, qui refuse d’en dire plus sur les finances de la société.
Et dire que tout a démarré en 1994 avec trois voitures stationnées dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, à Québec, poursuit-il. Depuis son arrivée à Montréal l’année suivante, Communauto n’a cessé de prendre de l’expansion au Québec, et ailleurs (y compris Paris, en France). «En 2023, ce sont 18 villes canadiennes, dont six au Québec qui bénéficient de notre concept d’autopartage», signale fièrement le gestionnaire.
La formule Communauto permet à plusieurs ménages d’économiser de fortes sommes sur l’achat d’une voiture. «Nous estimons qu’au moins 12% des ménages montréalais utilisent régulièrement Communauto. Une moyenne qui grimpe jusqu’à 30% dans le secteur du Plateau Mont-Royal», avise le vice-président tout en précisant que l’entreprise compte plus de 170 000 utilisateurs à travers le pays.
Moins de véhicules, plus de constructeurs
Si ce n’était pas des ralentissements dans les livraisons de véhicules — conséquence de la pandémie —, l’entreprise frôlerait sans doute les 8000 voitures dans tout le pays, avise le gestionnaire qui souhaiterait bien bonifier la flotte d’au moins 1000 à 1500 voitures par année. «Notre approvisionnement a été réduit à 75%. Ce qui modifie d’ailleurs nos lieux de ravitaillement. Habituée de faire le plein des véhicules auprès de Toyota, Communauto a dû élargir son rayon de magasinage chez Kia, Hyundai, Nissan et même GM au cours de la dernière année», souligne Marco Viviani.
À propos de véhicules, depuis un an, l’entreprise dispose de deux centres de services exclusifs à l’entretien de sa flotte montréalaise.
Deux nouvelles villes
Trois-Rivières (en 2022) et tout récemment Victoriaville (août 2023) figurent parmi les nouvelles villes qui ont introduit la formule Communauto sur leur territoire. Dans les deux cas, les villes ont chacune conclu une entente avec l’entreprise afin que la flotte de dix véhicules qui leur est attribuée soit mise à la disposition des employés municipaux du lundi au vendredi entre 8h et 17h. «Un modèle d’affaires qui permet de rentabiliser le concept tout en introduisant ce type de service auprès des citoyens», explique Marco Viviani.
«Il s’agit d’un projet-pilote», renchérit le porte-parole de la ville de Trois-Rivières, Mikaël Morrissette. Ce projet, poursuit-il, s’inscrit dans la volonté de la cité trifluvienne à diminuer l’utilisation de l’auto en mode solo. «D’ailleurs, depuis quatre ans, la Ville a doublé son financement à l’endroit du transport en commun», dit-il. «De 6,1M$ en 2019, la Ville a versé 12,8M$ en 2023 à l’endroit de la Société de transport de Trois-Rivières (STTR). Ce qui correspond à 56% du budget de la STTR», indique-t-il.
Du côté de Victoriaville, l’arrivée de Communauto s’ajoute à l’application Vecto, introduite plus tôt ce printemps. «Cette application permet aux citoyens de bénéficier d’un service de taxi-bus de 6h à minuit du lundi au samedi et durant le jour le dimanche. Ce service, qui dispose de 30 véhicules (dont 50% hybrides), dessert un réseau de près de 1000 points d’arrêt, répartis à travers la ville de Victoriaville», fait savoir le coordonnateur de la Division des communications de Victoriaville, Charles Verville. «Notons qu’un taxi-bus peut faire monter à son bord d’autres usagers ayant réservé un embarquement sur le même trajet et dont la destination se trouve dans le même secteur.»
Des ententes qui font du bruit
Marco Viviani soutient que ces deux ententes font pas mal de bruit dans le réseau municipal. Il dit recevoir au moins deux appels par semaine de la part de municipalités ou d’organisations qui souhaitent, elles aussi, voir naître un maillon Communauto au sein de leur communauté. «Cette popularité nous incite à revoir notre modèle d’affaires. Être présent en région, c’est plus complexe. Le partage de véhicules demande davantage de logistique en raison des bassins d’utilisateurs moins élevés que dans les grandes villes. Les expériences menées à Trois-Rivières et à Victoriaville vont néanmoins servir à établir un concept exportable», conclut le gestionnaire de Communauto.