«Sans Microsoft, pas d'OpenAI»: le retour d’Altman

Publié le 22/11/2023 à 09:36

«Sans Microsoft, pas d'OpenAI»: le retour d’Altman

Publié le 22/11/2023 à 09:36

Par AFP

Microsoft se retrouve dans une position bien plus forte que la semaine passée vis-à-vis d’OpenAI. (Photo: 123RF)

Paris — Il n’aura fallu que quelques jours à Microsoft pour reprendre OpenAI en main, en réinstallant Sam Altman à sa tête avec un conseil d’administration remanié, preuve éclatante du pouvoir des géants de la tech face aux velléités d’indépendance des start-up, même les plus célèbres.

Le PDG de Microsoft Satya Nadella a joué un coup de maître lundi en annonçant embaucher Sam Altman, à peine évincé d’OpenAI, la pépite de l’intelligence artificielle (IA) à l’origine du logiciel ChatGPT.

Le conseil d’administration de l’organisation pensait visiblement pouvoir s’affranchir du géant informatique qui était pourtant son partenaire, qu’il n’avait même pas averti de ce limogeage.

Grave erreur, selon les analystes. L’époque où un ingénieur dans un garage pouvait bâtir seul un géant mondial, comme Steve Jobs et Bill Gates, semble révolue.

Depuis deux jours, Microsoft, qui mise beaucoup sur la vente des produits d’OpenAI pour se relancer, rappelle ainsi qui détient le pouvoir. Dans une interview mardi soir avec la journaliste vedette Kara Swisher, Satya Nadella a été très clair : «Microsoft a tous les droits».

«Il n’y a pas d’OpenAI sans l’appui massif de Microsoft. Nous adorons leur indépendance, mais… nous avons tous les droits de propriété. Si, demain, OpenAI disparaît, aucun de nos clients ne doit s’inquiéter, nous avons tous les droits pour continuer les innovations et pas seulement les distribuer. Tout ce que nous faisons en partenariat avec OpenAI, nous pouvons le faire nous-mêmes. Nous avons l’informatique, les données, les gens. Nous avons tout. Nous sommes autosuffisants» en IA, a-t-il énuméré.

Et d’avertir que si Sam Altman revenait à la tête de la société, ils «[s’assureraient] qu’[ils ne reviendraient] jamais à une telle situation, où [ils auraient] de telles surprises», assurant que leurs «intérêts étaient solides». «Comme je l’ai dit, nous avons tous les droits», a-t-il insisté.

«C’est ce que le conseil d» administration d’OpenAI n’a pas compris. Il est stupide de penser qu’une entreprise avec un peu de technologie peut faire toute la différence», a-t-il glissé, toujours en souriant.

 

Victoire nette

Tous les analystes sont d’accord : Microsoft se retrouve dans une position bien plus forte que la semaine passée vis-à-vis d’OpenAI, avec lequel sa relation semblait floue, sans que l’on sache lequel dépendait de l’autre.

En sept ans, le géant américain y a en effet injecté des milliards de dollars américains (10 à 13 G$US, selon la presse), largement sous forme de crédits pour utiliser ses supercalculateurs. Puis a commencé à commercialiser les produits d’OpenAI, dont ChatGPT, en les intégrant dans ses logiciels (Word, Excel, son moteur de recherche Bing, Outlook, etc.).

Microsoft possède même une part minoritaire de la branche commerciale d’OpenAI, d’un montant inconnu — 49% selon la presse. Mais le groupe n’avait pas de siège au conseil d’administration de l’organisation à but non lucratif qui chapeaute la structure, une situation peu commune.

En commercialisant ChatGPT dans ses propres logiciels, Microsoft est en réalité devenue si puissante qu’il concurrence son propre partenaire, lié par un contrat à long terme exclusif.

Résultat : OpenAI est encore loin d’engranger un bénéfice, tandis que Microsoft a vu au troisième trimestre les recettes de son nuage Azure bondir de près de 30%.

Techniquement, OpenAI risque également de se retrouver dépendant d’Azure, le réseau de serveur sur lequel il est intégralement hébergé.

«Avec le retour de Sam Altman et ce conseil d’administration, c’est Microsoft qui va posséder OpenAI», estime Dan Ives, du fonds Wedbush Securities, dans une interview.

«Le conseil d’administration a donné l’impression de gamins de huit ans qui jouaient aux échecs quand est arrivé le Grand Maître Nadella pour rafler la mise», analyse-t-il.

«C’est nettement positif, pour Microsoft», renchérit Frederick Havemeyer, du groupe financier Macquarie Group : «Nadella a excellemment joué. Il continuera d’avoir accès à la propriété intellectuelle d’OpenAI avec un conseil d’administration plus ouvert à la commercialisation et à l’accélération de l’innovation. En IA, Microsoft prend la tête de la meute, face aux autres grands groupes de nuage, Google et Amazon, qui cherchent tous à développer l’IA».

 

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