Malgré un financement en R-D parmi les plus généreux, le Canada et le Québec innovent très peu

Publié le 04/02/2012 à 00:00, mis à jour le 10/09/2012 à 13:53

Malgré un financement en R-D parmi les plus généreux, le Canada et le Québec innovent très peu

Publié le 04/02/2012 à 00:00, mis à jour le 10/09/2012 à 13:53

Nos gouvernements fédéral et provincial financent la R-D de façon indirecte en accordant des crédits fiscaux. Au Québec, ceux-ci représentent même 95 % du financement public total.

Bien que le Canada soit parmi les pays de l'OCDE les plus généreux en matière de financement public de la R-D, sa capacité d'innover fait piètre figure sur le plan international. À un point tel que le Conference Board lui a attribué la note «D» dans son bulletin sur l'innovation en 2010. Les performances du Québec à ce chapitre ne sont pas plus reluisantes.

Dans le cadre de notre étude sur l'efficacité de la R-D à l'échelle canadienne et québécoise, nous avons constaté que le gouvernement canadien consacre l'équivalent de 0,24 % de son PIB à la R-D, ce qui le place au deuxième rang des pays de l'OCDE les plus généreux. En dépit de cette aide considérable, le pays dépose peu de brevets : en vertu du Traité de coopération en matière de brevets, le Canada n'a effectué que 75 demandes de brevet par million d'habitants en 2008 ; cette faible performance le relègue au 18e rang parmi les 22 pays étudiés.

Une contre-performance

Le Québec affiche des résultats très similaires. En 2007, le gouvernement provincial a consacré l'équivalent de 0,26 % de son PIB à la R-D et n'a enregistré que 83 demandes de brevet par million d'habitants.

Comment expliquer cette contre-performance ? En examinant la situation de plus près, on constate que le Canada et le Québec font bande à part en matière de financement public de la R-D. Alors que les pays les plus innovateurs (Suède, Finlande, Islande, etc.) soutiennent la R-D uniquement par du financement public direct (subventions, prêts, etc.), nos gouvernements fédéral et provincial le font de façon indirecte en accordant des crédits fiscaux. Au Québec, ceux-ci représentent même 95 % du financement public total.

Par ailleurs, si nos gouvernements misaient davantage sur des projets de recherche situés en amont du processus de R-D, voire de la recherche expérimentale, ils obtiendraient de bien meilleurs résultats. Les entreprises seraient ainsi incitées à poursuivre d'elles-mêmes la recherche appliquée.

Le financement public nuit à la R-D

De manière générale, les cinq pays les plus généreux en matière de financement public de la R-D (Corée du Sud, Canada, États-Unis, Belgique, France) affichent une efficacité inférieure à la moyenne des pays membres étudiés. À l'inverse, les champions en matière de dépôts de demandes de brevet (Suède, Suisse et Finlande) consacrent une plus faible proportion de leur PIB au financement public de la R-D. C'est le secteur privé qui prend le relais.

L'efficacité du financement public suit une courbe en U renversé : elle s'accroît jusqu'à un certain niveau pour ensuite retomber. Il y aurait donc un effet d'éviction, puisque les fonds publics se substitueraient aux fonds privés. Face à un tel constat, il nous paraît essentiel que les décideurs publics des deux niveaux de gouvernement réévaluent leurs programmes d'aide à l'innovation, afin de maximiser l'effet de ceux-ci sur la productivité.

Professeur titulaire à l’Institut d’économie appliquée de HEC Montréal, Robert Gagné est directeur du Centre sur la productivité et la prospérité. Créé en 2009, ce Centre se consacre à la recherche sur la productivité et la prospérité en ayant comme principaux objets d’étude le Québec et le Canada. www.hec.ca/cpp.

Pour en savoir plus : La performance québécoise en innovation, de Robert Gagné et Pierre-Olivier Lachance.

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