Bombardier reprend de l’altitude

Publié le 24/11/2023 à 11:45

Bombardier reprend de l’altitude

Publié le 24/11/2023 à 11:45

Par Jean Gagnon

(Photo: 123RF)

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Bombardier, qui fut durant les années 1990 la gloire du Québec inc., a ensuite effectué une longue traversée du désert qui a culminé à l’automne 2020, alors que des doutes planaient sur sa capacité à réduire son endettement.

Pour redonner une certaine respectabilité à la valeur de son titre, la direction de Bombardier a opté, en juin 2022, pour une stratégie rarement couronnée de succès, soit une consolidation de ses actions à raison de 25 pour une. Cette décision semble pour l’instant avoir été la bonne. Le titre fut d’abord quelque peu hésitant, mais après quelques mois, il a commencé à regagner un peu de tonus.

 

Ventes et bénéfices en hausse

Les ventes d’avions d’affaires au troisième trimestre, terminé le 30 septembre, ont totalisé 1,44 milliard de dollars américains (G$ US), une hausse de 33 % comparativement au même trimestre de l’année précédente, souligne Benoit Poirier, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins. La firme a livré 31 appareils durant ce troisième trimestre, soit deux de plus que ce qu’il avait prévu.

Les bénéfices sont également au rendez-vous, note Walter Spracklin, analyste à RBC Marchés des capitaux. Le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) du troisième trimestre ont atteint 285 millions de dollars américains (M$ US), soit 36 % de plus qu’à la période correspondante l’an dernier. Il s’agit d’un résultat nettement supérieur à sa prévision, puisque l’analyste anticipait un BAIIA de 256 M$ US.

Le carnet de commandes à la fin du trimestre totalisait 14,7 G$ US, légèrement en baisse, comparativement au trimestre précédent, note pour sa part Cameron Doerksen, analyste à la Financière Banque Nationale. Toutefois, il constate que le ratio de nouvelles commandes sur livraisons unitaires demeure solide, à 1,1 fois, la direction se disant certaine de réaliser son objectif de livrer au moins 138 appareils cette année.

 

À surveiller: les flux de trésorerie 

L’élément le plus important à surveiller sera toutefois les flux de trésorerie que génère l’entreprise, croit Philippe Côté, gestionnaire de portefeuille à Eterna Gestion de placements. Ce dernier gère un fonds d’actions québécoises et s’intéresse de très près à Bombardier. Il reconnaît que la société traîne un lourd passé dû aux troubles qu’elle a connus ces dernières années. « Mais ce bagage fait aussi en sorte qu’une valeur cachée réside probablement dans le titre à son cours actuel », dit-il. Si la croissance des flux de trésorerie est si importante, elle permettra de réduire la dette de l’entreprise, explique le gestionnaire. « Les fonds institutionnels touchent rarement aux entreprises dont le ratio d’endettement est supérieur à quatre fois, ce qui est le cas actuellement pour Bombardier », dit-il. 

Le constructeur d’avions d’affaires a généré des flux de trésorerie de 80 M$ US au troisième trimestre, ce qui était supérieur à la prévision du consensus des analystes de 35 M$ US. La direction signale que ces flux de trésorerie devraient être beaucoup plus élevés au quatrième trimestre. Benoit Poirier prévoit des livraisons de 56 appareils au quatrième trimestre, ce qui, jumelé à quelques autres facteurs, se traduirait par des flux de trésorerie de 654 M$ US.

Il estime que Bombardier allouera 380 M$ US au remboursement de sa dette durant le quatrième trimestre, et que son ratio d’endettement tombera à 3,4 fois d’ici la fin de l’année. Regardant plus loin, il estime que ce ratio sera à 1,6 fois en 2025. Cette perspective devrait certes susciter un intérêt accru auprès des fonds institutionnels, selon Benoit Poirier. Les trois analystes consultés ont des cours cibles pour le titre variant entre 93 $ et 103 $ pour les 12 prochains mois.

 

L’analyse technique

À la suite de la divulgation des résultats du troisième trimestre il y a quelques semaines, le cours de l’action a bondi de plus de 10 %, lui permettant de surpasser sa moyenne mobile de 50 jours (ligne noire), explique Monica Rizk, analyste technique senior pour les publications Phases & Cycles. Cela pourrait bien être le début d’un renversement de la tendance à la baisse qui sévit depuis avril.

Les prochains objectifs seront la moyenne mobile de 200 jours (ligne grise) ainsi que la ligne de tendance (ligne bleue pointillée) qui se situent toutes deux autour de 60 $. Si le cours de l’action parvenait à les franchir, on pourra conclure qu’il se dirige probablement vers des niveaux plus élevés, croit l’analyste.

Il ne s’agira pas nécessairement d’une mince tâche, et rien n’est gagné pour l’instant. Mais l’aisance, si c’était le cas, avec laquelle le titre pourrait franchir ces obstacles indiquerait certainement que l’appétit pour le titre de l’ancienne gloire du Québec inc. a fortement augmenté, peut-être même auprès des fonds institutionnels. 

Au cours des 20 dernières années, Bombardier s’est départie de ses activités dans les véhicules récréatifs, les trains et les avions commerciaux.

À mesure que le délestage de ses activités se déroulait, à peu près tous les fonds institutionnels avaient préféré se départir de leurs actions. Des activités de Bombardier, ne restent plus que les avions d’affaires. Mais le créneau semble aujourd’hui si porteur, à ce qu’en disent les analystes, que certains de ces fonds institutionnels pourraient bien replacer le titre sur leur écran radar.

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