TC Transcontinental choisit l'emballage alimentaire pour moins dépendre de la publicité


Édition du 15 Mars 2014

TC Transcontinental choisit l'emballage alimentaire pour moins dépendre de la publicité


Édition du 15 Mars 2014

Par Dominique Beauchamp

Face à un marché publicitaire difficile, l'imprimeur et éditeur TC Transcontinental (Tor., TCL.A, 14,52 $) se diversifie en acquérant l'imprimeur américain d'emballage souple en plastique d'aliments Capri Packaging.

Cette industrie croît modestement - de 1 % à 3 % par année - et, surtout, n'est pas soumise aux aléas de la publicité ni à la concurrence du Web comme le sont les secteurs de l'impression et des médias de l'entreprise.

La transaction de 133 millions de dollars américains lui donne une nouvelle avenue de croissance dans une industrie où elle pourra mettre à profit son savoir-faire manufacturier. «C'est un nouveau domaine, mais nos processus d'impression comportent plusieurs similarités», a expliqué François Olivier, président et chef de la direction de TC Transcontinental, lors de la conférence téléphonique sur les résultats du premier trimestre.

En outre, Capri réalise une marge d'exploitation de 23,6 %, nettement supérieure à celles de l'impression et des médias. Cela dit, son bénéfice d'exploitation de 17 M$ US est modeste par rapport au bénéfice d'exploitation total de TC Transcontinental de 349 M$ CA, réalisé en 2013.

Se diversifie avec prudence

Fidèle à ses habitudes, l'éditeur de Les Affaires procède prudemment par une première acquisition de taille modeste d'une entreprise rentable qui partage certaines de ses valeurs. Transcontinental a aussi conclu une entente de 10 ans avec le vendeur de Capri, le producteur de fromages et de produits laitiers Schreiber Foods, du Wisconsin, qui lui assure de maintenir 75 % du volume actuel de l'imprimeur d'emballage de plastique.

«Nous payons aussi un prix juste, soit environ 7,8 fois son bénéfice d'exploitation, alors que les transactions dans l'industrie de l'emballage se réalisent habituellement à des multiples qui varient de 8 à 10 fois le bénéfice d'exploitation», a répondu M. Olivier à un analyste qui jugeait que le prix payé semblait élevé pour une acquisition offrant peu de synergies.

À court terme, la priorité consiste à faire croître Capri en sollicitant d'autres fabricants de produits laitiers et en partageant ses meilleures pratiques avec les dirigeants des deux usines du Missouri. M. Olivier n'exclut pas d'autres acquisitions si elles peuvent être réalisées à bon prix et apporter des synergies à Capri.

«Nous serons à l'affût et prêts à agir, mais notre préférence va à la croissance interne», a évoqué M. Olivier.

À long terme, TC Transcontinental aimerait bâtir une plateforme nord-américaine et se tailler une place dans une industrie encore fragmentée où de petits acteurs régionaux côtoient des entreprises aux revenus milliardaires.

Contrebalancer le déclin publicitaire

Cette acquisition survient au moment où les revenus publicitaires des médias imprimés baissent plus rapidement que n'augmentent ceux des nouveaux produits numériques. Au premier trimestre clos en janvier, les revenus de la division média de TC ont baissé de 7,3 %, sans l'effet des acquisitions. «Pour ce qui est des facteurs sous notre contrôle, nous faisons tout ce qu'il faut, mais le marché est ce qu'il est», a expliqué M. Olivier.

TC Transcontinental a d'autres leviers à exploiter pour soutenir sa rentabilité. L'intégration des 74 journaux locaux de Sun Media (Québecor), qui attend encore l'aval du Bureau de la concurrence, et l'impression de magazines et de produits marketing pour Québecor devraient notamment contribuer pour 20 M$ à son bénéfice d'exploitation.

Les quotidiens, tels que le Calgary Herald, trouvent de plus en plus leur compte à confier l'impression de leur journal à TC Transcontinental. Ces nouveaux contrats compensent en partie le recul des revenus d'impression de quotidiens tels que La Presse ou le San Francisco Chronicle ou l'impression d'un moins grand nombre de pages des clients existants.

Enfin, TC Transcontinental a décroché de nouveaux contrats de distribution de circulaires auprès de grands détaillants, qui ajouteront plusieurs millions de dollars au bénéfice d'exploitation, à partir du deuxième trimestre. Dans l'impression, les synergies de l'intégration de Quad/Graphics Canada atteindront 45 M$, soit 5 M$ de plus que prévu.

Préserver sa flexibilité financière

L'achat coup sur coup des journaux locaux de Québecor, au début de décembre, et de Capri Packaging, pour un total de 208 M$, n'enlèvera pas à la société sa flexibilité financière, grâce aux flux de trésorerie que dégage son exploitation et au paiement de 31 M$ que lui a versé Gesca pour réduire le contrat d'impression de La Presse.

L'entreprise continuera de répartir son capital de façon équilibrée de façon à financer ses investissements, rembourser sa dette, augmenter son dividende et racheter ses actions.

D'ailleurs, la société montréalaise vient d'augmenter son dividende de 10,3 % à 0,64 $ par action par année et de renouveler son plan annuel de rachat d'actions.

Rappelons que TC Transcontinental est propriétaire du Groupe Les Affaires.

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