Safe Supply: êtes-vous prêt à investir dans la cocaïne?

Publié le 20/10/2023 à 14:36

Safe Supply: êtes-vous prêt à investir dans la cocaïne?

Publié le 20/10/2023 à 14:36

Par Matthieu Hains

L’obtention d’une autorisation de possession et d’importation de produits restreints permettra à Safe Supply de s’impliquer dans de nouveaux secteurs. (Photo: Getty Images)

La guerre contre la drogue vit ses derniers jours en Amérique du Nord et en Europe. Un marché mondial estimé à plus de 360 milliards de dollars (G$) est sur le point de s’ouvrir. C’est la thèse d’investissement de l’entreprise de la Colombie-Britannique Safe Supply (SPLY, 0,20$), qui a fait son entrée en Bourse le 26 septembre dernier.  

«L’écosystème de Safe Supply a plusieurs facettes, mais tout ce qui entoure la guerre à la drogue —qui tire à sa fin— et les lois qui la soutiennent tombent dans le champ de nos explorations et de nos investissements», affirme le directeur responsable de la stratégie, Ronan Levy, en entrevue avec Les Affaires. 

Ronan Levy (Photo: courtoisie)

Le modèle d’affaire de Safe Supply est l’investissement et l’incubation d’entreprises tout au long de la chaîne de valeur. L’entreprise d’investissements veut ainsi créer «un réseau étroit permettant des synergies qui génère des revenus à court terme, tout en maximisant la création de valeur à mesure que les sociétés en portfolio se développent.» 

«Ce qui distingue Safe Supply des fonds d’investissement traditionnels, c’ est que nous allons être activement impliqués dans les entreprises dans lesquelles nous investissons. On veut créer des synergies et des partenariats», dit Ronan Levy. 

Dans la mesure où de plus en plus de pays s’efforcent de décriminaliser plusieurs drogues et de légaliser différents composés psychoactifs, de nouvelles occasions favorables apparaîtront, selon l’entreprise. 

Lire aussi: Une entreprise obtient le feu vert de Santé Canada pour vendre de la cocaïne

 

Un laboratoire comme pierre angulaire 

La première entreprise dans le portfolio de Safe Supply est CannaLabs, un laboratoire basé à London, en Ontario. Il se spécialise dans l’analyse et le développement de produits du cannabis comme les capsules molles, poudre, solutions, sirop, cigarette électronique, gommes, crèmes et lotions.  

Cannalabs est actuellement en attente d’une autorisation du gouvernement canadien pour élargir le champ de ses recherches vers d’autres produits comme la MDMA (ecstasy) et la cocaïne.  

«Cannalabs sera la fondation de tout l’écosystème de Safe Supply, pour donner un exemple de ce que nous cherchons à accomplir, poursuit Ronan Levy. L’association multidisciplinaire pour les études sur les psychédéliques aux États-Unis est actuellement en phase trois d’une étude clinique sur les effets thérapeutiques de la MDMA sur les états de stress post-traumatique et est sur le point de recevoir l’approbation de la Food and Drug Administration pour son traitement, ce qui va changer la classification légale de la MDMA.»  

Les produits psychédéliques comme la feuille de coca, l’ayahuasca, le LSD et la psilocybine connaissent un regain d’intérêt pour leurs possibles bienfaits thérapeutiques.  

L’obtention d’une autorisation de possession et d’importation de produits restreints permettra à Safe Supply de s’impliquer dans de nouveaux secteurs comme l’importation et l’exportation de production légale de produits comme la feuille de coca au Pérou. Elle autorise aussi la recherche pharmaceutique et thérapeutique et la nutraceutique (alternative pharmaceutique).  

 

La réduction des méfaits 

Selon le gouvernement canadien, il y a eu 38 514 décès liés à une intoxication aux opioïdes entre janvier 2016 et mars 2023. Aux États-Unis, c’est plus de 100 000 décès en 2022 seulement.  

En 2023, environ 21 personnes par jour décèdent par surdose, une augmentation de 17% depuis 2018. Une des raisons de cette hausse est la toxicité de l’approvisionnement, qui continue à être un élément majeur dans la crise des opioïdes.  

Parmi les moyens utilisés pour combattre cette crise, les autorités en matière de santé, les gouvernements et les groupes d’aide aux toxicomanes utilisent des tests pour détecter le fentanyl.   

Longtemps considérés comme des accessoires de drogue — et donc illégaux aux États-Unis —, 36 États américains ont récemment décriminalisé l’usage de ces tests. Safe Supply estime qu’il s’agit d’un marché qui connaîtra une forte croissance dans les prochaines années pour atteindre 12,64G$ en 2030.  

«Dans le court terme, nous nous intéressons aux bandes-tests pour le fentanyl. Je vois mal un politicien s’opposer au fait que ce soit disponible légalement. Personne ne va tenter de se construire une carrière politique en s’opposant à une loi raisonnable et pleine de bon sens», prédit Ronan Levy.  

Des lieux de consommations sécuritaires et supervisés, ainsi que la prescription de drogues sécuritaires font également partie des outils utilisés pour tenter de dénouer la crise. Uniquement en 2023, le gouvernement de la Colombie-Britannique estime qu’il y a investi près d’un milliard de dollars. 

«La croissance de la demande pour les services de clinique supervisés et pour les services de désintoxication est beaucoup plus élevée que l’offre en ce moment. C’est une avenue que nous sommes en train d’explorer», dit Ronan Levy.

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